Ennemis

Chapitre 2

Le temps passe, et toujours aucune nouvelle de tonton argent. Je suis assise sur le canapé, regardant par la fenêtre le soleil qui se cache derrière les nuages. Mon père, à ma droite, est toujours entrain de feuilleter un livre. Cette fois-ci il a remplacé son habituel journal par un roman policier. Ses yeux parcourent les lignes qui constituent les pages. Je me demande de quoi ça parle..

La télé est éteinte, le silence règne dans la pièce. Une étrange atmosphère se propage, ce qui m'angoisse. Ma mère est debout devant le plan de travail de la cuisine, jetant des coups d'œil furtif à sa montre. Je triture nerveusement mon collier, ce fameux collier qu'Aron m'a offert.

-Bon ! S'exclame ma mère. Je vais sortir dehors, pour guetter l'arrivé de ton frère, Jack. S'adresse t'elle à mon père.

Mon géniteur acquiesce, absorbé par sa lecture. Elle me regarde intensément tout en m'offrant un sourire rassurant, puis part en direction de la porte d'entrée. Ses talons claquent contre le sol, brisant le silence qu'y était encore là il y a quelques secondes. Elle triture quelque chose dans sa poche de veste en cuir marron, et sort pour de bon de la maison.

Je décide de me lever, puis de regarder par la fenêtre pour attendre l'arrivé de mon oncle et de ma maman.

C'est bizarre, habituellement il est toujours à l'heure. L'atmosphère devient encore plus lourde, un pressentiment fait surface et il n'est pas forcément très bon. Voyant mon mal être, mon père me tapote l'épaule et m'adresse un sourire bienveillant. Je tourne la tête vers lui, puis le dévisage.

-Ne t'inquiète pas ma chérie, il est juste un peu en retard. Essaye t'il de me rassurer.

Mes épaule s'affaissent, il a raison, c'est anodin d'être en retard. Je lui rends son sourire, puis arrête de triturer mon pendentif couleur or. Je suis soulagée.

C'est alors qu'un cri strident retentit. Je sursaute et accoure à l'extérieur, vite suivie par mon géniteur. Des corbeaux s'envolent dans les airs. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. C'était quoi ça ? Je ne suis plus du tout soulagée. Je me dirige vers la provenance du cri. Arrivée vers l'endroit, je vois avec effrois ma mère agenouillée en pleure devant le corps inerte de mon oncle.

J'écarquille les yeux, mon cœur rate un battement. Ma gorge devient sèche et mon sang palpite dans mes tempes. Le monde tangue autours de moi, et je m'approche doucement vers tonton argent. Mes jambes tremblent, puis mes genoux flanchent. J'atterris genoux à terre, face à son corps ensanglanté.

Ma vue est brouillée par mes larmes, dégoulinant le long de mes joues. Je ne comprends pas, comment ça se fait ?

Un cri d'agonie traverse la barrière de mes lèvres, m'arrachant les cordes vocales. Ma respiration se coupe par moment, j'ai du mal à respirer. Mon cœur me fait atrocement mal, j'ai l'impression qu'on essaye de me l'arracher.

Mon père est dans le même état que moi, ma mère est aussi à ses côtés. Elle se calme peu à peu, essuie ses larmes puis garde un visage impassible tout en fixant l'horizon, des traces d'anciennes larmes aux coins de ses yeux. Ma maman et mon oncle étaient très proche, ils parlaient souvent entre eux et avaient l'air de se considérer comme des frères et sœurs.

C'était la seule famille qui restait à mon père. Le reste du côté de la famille paternelle est morte mystérieusement.

J'approche ma main doucement vers le torse de mon oncle, remarquant qu'il a été poignardé directement dans le cœur. Le sang dégouline de mes mains, son sang.

Des hauts de cœurs me prennent, j'ai une soudaine envie de vomir.

Je n'arrive toujours pas à croire qu'il est mort... Non.. Il ne peut pas...

- Marcus... Je t'en supplie, ne m'abandonne pas ! S'époumone mon père, frappant d'un coup sec le sol.

Les mots ne sortent pas, ils sont bloqués dans ma gorge. J'aimerais dire tant de choses, mais je n'y arrive pas. Mes lèvres restent scellées entre elles malgré mon envie incandescente d'hurler. Je viens de perdre un être chère, je ne sais pas quoi faire, ni comment me comporter.

La vision est insoutenable, je ne peux continuer à regarder ça.
Je tourne la tête pour regarder ailleurs, mais c'est alors que mon regard se pose sur Aron, accompagné de son père. Certains autres voisins sont présents et ont déjà appelé la police. Mon plus fidèle ami a l'air horrifié face à cette scène.

Je marche dans sa direction, prête à sauter dans ses bras et pleurer sur son épaule. Il me regarde, une grande tristesse traverse ses yeux.

-Non, Sasha, désolé... Chuchote t'il, sa voix se cassant à l'évocation de mon prénom.

-Ar- Commençais-je à dire, la voix tremblante.

Mon monde s'effondre en voyant ça.
Le père d'Aron tient dans ses mains un couteau ensanglanté. Il est immobile, les yeux rivés sur le cadavre gisant de mon tonton. Son teint est blafard. Mon père relève la tête, et croise le regard du géniteur d'Aron. Il se lève d'un coup et coure dans sa direction.

Mes yeux s'ouvrent d'effrois, une sueur froide traverse mon dos lorsque je me rends compte de cette horrifiante réalité.

Malgré que je sois encore jeune, j'ai compris. C'est lui, lui qui l'a tué.

Impossible

Impossible

Impossible

Je répète ce mot dans ma tête, essayant de me rassurer le plus possible. Mais la vraie vie me rattrape immédiatement.

Mon cœur se brise petit à petit. Je suffoque.

Je suis perdue, complètement perdue. Pourquoi a-t'il fait ça ? Pourquoi ?!

Je m'effondre sur le sol. Des petits points noirs apparaissent, prenant de plus en plus de place dans ma vision. Les abysses des ténèbres m'attirent à elles. Les pleurs et les cris de mon père deviennent maintenant qu'un bourdonnement incessant.

Puis, trou noir.

Sayhnn

Oh oh oh ! Chapitre un peu particulier et.. lugubre ? Je sais. Mais il est incontournable pour la suite de l'histoire.
J'espère avoir réussi à transmettre les émotions qu'à vécu notre petite Sasha.
Le prochain chapitre arrive prochainement, en ce moment je suis au taquet pour cette histoire !
(Ne vous inquiétez pas, les moments croustillants sont proches ;))