l'alchimiste

48.

Une fois toutes choses mises au clair, la conversation close, nous avons raccroché.
Je n'ai pas attendu une seconde de plus pour m'effondrer dans mon lit et m'endormir sec.

Le lendemain ou plutôt quelques heures plus tard, la sonnerie de l'interphone m'a contraint à me lever du pieux. Tiens. Il fallait voir ma gueule, ma dégaine était lamentable mais j'en ai rien à battre. Je me dirige alors jusqu'à la porte d'entrée en caleçon, ça veut me réveiller? Vous allez voir la silhouette de ma verge et vous l'aurez vous même méritez.

Je ne prends même pas le temps de regarder à travers le judas que j'ouvre directement, j'aperçois une jeune femme que je n'avais jusqu'à présent jamais croisé dans le coin. Je constate qu'elle semble gênée de se trouver face à moi, non vêtu. Ce n'est pas mon soucis, je ne l'ai jamais invité à sonner chez-moi.

- Uh, bonjour. Je suis désolée de vous déranger, je suis venue vous apporter ceci.

Elle me tend une boîte qui se trouvait entre ses mains, je le regarde attentivement, je sens qu'elle est tendue. Avant de récupérer cette fameuse, je l'observe à nouveau. Qu'est-ce qui pourrait dont la rendre nerveuse à ce point?

- Tu as été envoyé par qui?

-   Tout est indiqué dans cette boîte.

-   Ok, on va la refaire. C'est soit tu me dis qui t'as envoyé jusqu'à moi, soit tu me montres ce qu'il y'a dedans!

-   Je peux vous l'ouvrir si...

-   Ouais et aussi, arrête le vouvoiement.

Elle s'est mise inconsciemment à sourire, je lui ai demandé d'ouvrir cette dernière devant moi. Elle me paraissait bien trop stressée pour que je prenne le risque d'ouvrir seul cette chose. La brunette s'est alors contentée de s'exécuter et tout cela sur le palier de la porte. Ce que j'y vois, une belle liasse de billets accompagnée d'une lettre manuscrite.

Je m'accapare de la lettre et commence aussitôt à la lire pour en connaître le contenu.

«   L'Alchimiste,
tu sais que tu m'as pris l'un de mes meilleurs éléments et j'aimerais qu'elle revienne parmi nous. Entre mecs du terrain tu dois parfaitement comprendre ce que ça fait de perdre la personne qui nous rapportait le plus. Rita est importante pour mon business. Laisse la nous rejoindre, en échange je te fais cadeau de ces billets. J'attends ta réponse positive, je l'espère. Que les affaires
et l'argent soient avec nous.

Yaya. »

Un rictus s'est dessiné sur mes lèvres, tant la situation me paraissait cocasse et complètement absurde. Le type est sérieux dans sa démarche? Il est sûrement mal tombé sur le crâne lui, je ne vois pas d'autre explication. La jeune femme toujours face à moi, était inquiète quant à ma réaction.

-   Elle est où la caméra cachée?

-   Comment ça? Je...

-   Non mais il est sérieux votre Yaya? Il a cru sa vie c'était un film ou bien?
Dis-moi qu'il compte pas récupérer Rita et que tout ça c'est une blague.

-   J'ai bien peur que tout soit sincère. Ils souhaitent tous son retour, elle faisait beaucoup de bien aux affaires et au boss.

-   Et moi je suis un gros fils de pute pour la laisser repartir avec vous? Wesh il a envoyé vos gars l'agresser sexuellement. Tu peux d'ores et déjà lui dire qu'il aille sucer ma bite, plus jamais il reverra ses yeux sur ma vie.

-   Q... quoi? Je, je n'étais pas du tout au courant de cette histoire je... elle va bien? Je sais déjà qu'elle avait un passé assez douloureux... je suis... prenez soin d'elle. C'est quelqu'un de bien elle ne mérite pas tout ce qu'elle a pu vivre. Je... fait attention à elle.
Je dirais à Yaya que je ne t'ai pas trouvé.

Choquée, elle ne savait plus où se mettre, elle ne trouvait d'ailleurs pratiquement plus ses mots. Elle n'en revenait pas, c'est le cas de le dire, je l'ai vraiment senti surprise. Elle m'a parut toute chamboulée, elle s'est empressée de récupérer la boîte pour s'enfuir en catastrophe. Je l'ai regardé s'en aller en dévalant le plus rapidement possible chacune des marches d'escalier. Ça y est. Après quelques temps d'hésitation, je me suis rendu compte qu'elle avait une énorme ressemble avec cette merde de Yaya. Je serais prêt à mettre ma main à couper, qu'il s'agit là de sa sœur. Elle a du mal vivre le fait que je lui dise yeux dans les yeux, que son frère est une pute.

Rentré, j'ai filé à la douche me débarbouiller. Décidément, encore une journée qui débute bien. Lors de ma douche je me suis mis à réfléchir, devrais-je informer Rita sur cette histoire ou cela n'est réellement pas nécessaire? C'est vrai, je n'ai pas envie qu'elle ressasse ses mauvais souvenirs à l'entente du prénom de son ancien boss ni même qu'elle s'inquiète vis-à-vis d'un éventuel retour parmi eux. Il en est hors de question que je l'abandonne dans la gueule du loup. Je ne sais pas si c'est utile que je le lui dise, je dois uniquement la protéger et en prendre soin.

Ni plus ni moins vous me direz, mais ce n'est pas chose simple lorsqu'on s'appelle l'Alchimiste. J'essaye d'évoluer avec mes propres armes, mon propre rythme et mes propres envies. Je suis juste mon instinct.

Habillé, soigné j'ai attrapé mon sac de sport afin de me diriger à la salle, je sors de la douche pour repartir transpirer, le sens de ma vie est une éternelle logique. Un gilet à capuche gris ainsi qu'une petite casquette noire font l'affaire, je suis fin prêt à décoller.

Mes habitudes là-bas repartent de plus belles, j'enchaîne le cardio et tout ce qui s'en suit. Deux trois têtes viennent me saluer et discutent brièvement avec moi, de tout et de rien à la fois, ils ont jamais grand chose à dire si ce n'est en rapport avec la musculation.

Je reçois un appel pendant que j'entamais le tapis, ça ne m'empêcherai pas d'y répondre. C'est alors ce que je fais, sans vraiment faire attention à qui est-ce que j'ai à l'appareil.

«   -   Mhm, ouais? » dis-je entre deux souffles

«   -   Jaffar tu es occupé là? »

«   -   Tranquille, je suis à la salle. »

«    -   Ah oui d'accord. »

«   -   Qu'est-ce qui y'a? »

«   -   Pas grand chose. Comme j'étais pas loin de ton quartier, je pensais passer te voir. »

«   -   Bah passe. T'es où là? »

«    -   À côté de la clinique mais te presse pas. J'ai une mission à faire vite fait. »

«   -   Ok ça marche, vas y. »

«   -   À toute! » répond -t-elle

J'ai coupé l'appel sans même savoir à qui je m'adressais. Donc là, je suis sur le point de capter cette personne? De mieux en mieux.