Enough

S'échapper de Gilead était quelque chose que Nick n'aurait jamais pensé faire. Il avait était là dès le commencement, avait participé à sa construction d'une certaine manière. Jamais il n'aurait pensé aimer non plus. Devenir père encore moins. Cela n'avait jamais été dans ses intentions, il était plutôt du genre à s'occuper de sa famille compliqué et avoir des coups d'un soirs. 
Jamais il n'aurait pensé que ce régime serait si horrible, jamais il n'aurait pensé vouloir abattre ces personnes. Mais elle était arrivée, d'une façon si clichée, elle s'était insinuée dans chaque parties de son corps, chacune de ses cellules. Et maintenant il était prêt à tout tenter pour la sortir de là, pour les sortir de là. 

L'annonce de la grossesse de June avait été le tournant, il ne pouvait pas laisser son enfant grandir ici, ils auraient beaucoup trop de mal. Puis était arrivé, le moment où sa fille arrivait, il s'était presque rué sur les portes de l'ambulance, il avait ignoré Eden, pour rejoindre celle qu'il aimait.. et Serena avait brisé leur moment, en prenant possession de ce qui étaient à eux. Eden avait finalement compris, elle n'était pas stupide mais si jeune, et aveuglée par l'amour elle s'était fait tuée. Isaac et elle. Deux gamins d'une quinzaine d'années, ils s'étaient fait noyés à cause de leur amour.. Il ne pouvait accepter, concéder de voir sa fille grandir ici, être un jour mariée de force, être violentée malgré le statut d'enfant de commandant.. Fred l'avait fait conduire June voir Hannah, et il avait vu, ressenti, la douleur que June portait. Elle retrouvait et perdait immédiatement sa fille, pour perdre la deuxième en quelques heures.. Lui-même avait fini par s'en sortir, son statut d'œil et son habileté à couvrir les merdes de Waterford lui avait sauvé la peau. Mais combien de fois encore devrait-il user de ressources, pour leurs permettre de s'en sortir sain et sauf ? Comment ferait-il lorsque June serait renvoyé au centre rouge, une nouvelle fois, et qu'il serait seul, à veiller sur sa fille, toute bébé qu'il n'avait pas eu la chance de tenir ? Elle n'avait que quelques jours et il n'avait pas eu la chance de tenir son bébé contre lui, une seule fois, une seconde. Quelle odeur a t-elle? Et Serena qui l'avait appelée Nichole.. Était-ce délibéré ? Il ne tenait plus. Fred qui l'avait fait accrocher le tableau, où sa fille, merde, se trouvait, comme si elle était à eux. Fred qui avait fait se tenir June tout près de leur fille lui ôtant son droit de mère.. Et enfin la mort d'Eden. Il allait craquer. Il devait faire quelque chose. Il était parti lorsque June avait tenté de l'approcher, mais comment pouvait-il accepter son réconfort alors même qu'il se sentait si coupable ? 

Il regarde sa montre. 3:07. Il n'y avait aucune lumière, et s'il se fiait aux récents horaires que tenait les membres de la maison, personne ne se trouvait dans la chambre d'Holly. Que devait-il faire ? Comment expliquerait-il sa présence dans sa chambre, ou autour ? Il sorti, s'alluma une clope, inhala la première bouffée de nicotine, et posa ses avants-bras sur la rambarde. Ses veines commençaient à ressortir le long de son coup et ses mains tremblotaient. Les lattes qu'il prenait était bien trop longues, mais il s'en moquait, il devait se calmer, et prendre son mal en patience encore quelque temps. Il devait trouver une solution, il devait agir. Il jeta sa clope, rentra et se lava les mains. Les traits de sa fille lui apparaissait vaguement. Elle était si belle, et il n'avait même pas pu la contempler aussi longtemps qu'il aurait voulu. "Elle ressemble à son père" Va te faire foutre Lydia, va te faire foutre. Il prit une inspiration, il avait le temps il pouvait y aller. Et là plusieurs questions l'assaillirent. Il venait de fumer, et si elle se mettait à pleurer à cause de son odeur ? Et si elle pleurait tout court ? Il l'avait entendu pleurer sans relâche, dans l'incapacité de la prendre. Et si pour une fois elle dormait bien et qu'il venait troubler son répit ? Il secoua la tête. Il ne prit pas de veste et resta avec sa chemise noire, trois boutons enlevés, tant pis.

Il vérifia de ne pas apercevoir de lumière. Tout semblait calme. Il descendit les marches. Doucement, tranquillement. Pénétra dans la cuisine. Toujours rien, il souffla, tendit l'oreille. Il faisait un bien piètre espion. De toute façon à part son cœur battant, il n'entendait rien. Devant la porte ouverte, son palpitant au maximum il observait la petite forme endormie. Il avança de quelques pas, et il aperçu sa petite poitrine se soulever lentement. Ses bras étaient de part et d'autres de sa tête, ses minuscules poings fermés et son visage tournés. Il fit quelques pas de plus, pour enfin avoir les mains sur le bord du berceau. Faiblement il approcha sa main pour caresser celle d'Holly. Il passa son indexe entre ses minuscules doigts et immédiatement elle le serra. La douceur de sa peau l'impressionnait. Il avait rarement eu l'occasion de voir des enfants, alors toucher un bébé.. La sienne.. Et toutes les horreurs de la journée lui revinrent en tête. Il tomba à genoux, tête baissé, sa main droite toujours sur sa fille, l'autre accrochée au bord, et seule une larme roula le long de sa joue. Il passa sa main gauche sur son visage et se releva. Il n'avait pas beaucoup de temps avec elle, alors le plus doucement possible, il passa sa main gauche sous la tête d'Holly, vérifia quelle ne bougeait pas, passa son bras droit dans le bas de son dos et l'a rapprocha de son torse. Il expira ému. Comment avait-il pu faire quelque chose de si parfait ? Il respira son odeur à plein poumon et la berça doucement contre lui. Elle lui semblait si petite, si douce, il fixa son visage et elle ouvrit les yeux. Deux petits yeux bleus qui le fixait calmement. Il passa son indexe sur sa joue, il n'osait pas parler.

Et plus loin, cachée derrière la porte, une personne les observaient.

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