-Tu n'étais pas obligée de venir, dans ce cas, Nikolina, lança-t-elle d'une voix glaciale.

-Bien, je m'en vais, annonça-t-elle sur le même ton.

Elle se s'éloignait déjà lorsque Lexie s'interposa entre elle et la sortie.

-Elle plaisante, Nick, déclara-t-elle avec empressement en jetant un regard réprobateur par-dessus son épaule. Nous souhaitons tous ta présence et cela nous fait vraiment plaisir que tu sois là. Assieds-toi, je m'occupe de te servir.

Nicola inspira profondément en pensant qu'elle faisait cela pour Lachlan. Cela lui ferait plaisir de savoir qu'elle avait tenu toute une soirée avec eux sans faire de massacre. Etonnement, elle était prête à souffrir pendant quelques heures pour rendre l'homme fier d'elle. C'était stupide mais merde, elle voulait le voir sourire lorsqu'elle lui annoncerait. Et puis, peut-être qu'avec un peu de chance, il l'embrasserait pour la féliciter ?

Elle fut de nouveau proche de la table et observa les personnes qui se trouvaient autour. Todd lui souriait de manière crispée qui contrastait avec son attitude habituelle, Allan semblait la prier de ne pas faire de vagues, Daynan semblait heureuse de la voir, comme toujours. Son père se leva et déposa un baiser sur son front avant de retourner s'asseoir près de sa mère et ses neveux et sa nièce se ruèrent sur elle. Elle fit ce qu'elle pouvait pour ne pas tomber alors que les trois monstres s'accrochaient à ses jambes et à ses hanches comme à des bouées de sauvetage.

-Tata Nica ! cria la petite dernière, lui laissant l'occasion de voir que quelques dents commençaient à pousser.

-C'est Nicola, June, rit une voix grave.

La brune se figea en l'entendant, retint son souffle et se baissa pour enlever les bras des enfants autour d'elle. Une fois débarrassée des gosses, elle se redressa lentement et tomba sur deux yeux bleus. Un brun au sourire éclatant se trouvait devant elle et elle jura qu'elle aurait pu commettre un meurtre.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle d'une voix froide en sentant tout son corps se tendre.

Cooper perdit son sourire et se racla la gorge en regardant dans la direction de sa mère. Nicola suivit le mouvement et la fusilla du regard.

-C'est toi qui l'a invité ?

-Il fallait bien que quelqu'un le fasse, tu ne l'aurais jamais fait. Et puis, je te ferai remarquer que c'est chez moi, j'invite qui je veux !

Elle ferma un instant les yeux, essayant de toutes ses forces de ne pas s'énerver puis les rouvrit et se tourna vers Lexie. Celle-ci avait les lèvres pincées et à en croire la rougeur sur ses joues et son air désolée, elle avait déjà ce que son amie allait lui demander.

-Tu le savais ?

Elle hocha prudemment la tête et Nicola se sentit tellement trahit qu'elle eut envie de pleurer. Sa mère avait une excuse puisqu'elle ne savait pas mais Lexie ? Elle qui l'avait soutenu pendant qu'elle était au plus bas, elle qui avait essuyé ses larmes, elle qui avait passé des heures avec elle pour la réconforter. Cette Lexie qui savait avait accepté que Cooper soit là.

-Je n'aurais vraiment pas dû venir, grogna-t-elle en retenant sa rage.

-Non, reste, intervint le brun en se levant. Je t'en prie, c'est de ma faute, j'ai insisté pour te voir et comme je ne sais pas où tu habites et que visiblement personne non plus ne le sait, ta mère m'a proposé de venir ce soir.

Elle haussa un sourcil dans sa direction et il grimaça. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était à deux doigts d'exploser. Et cette constatation fit du mal à la brune. Ce connard n'avait pas oublié ses manies, visiblement.

-Nick, je...

-Ne m'appelle pas comme ça, le coupa-t-elle en le fusillant du regard. Ta présence ici ne m'étonne pas tant que ça puisque les traîtres aiment se retrouver ensemble, c'est connu.

-Nikolina, ne lui parle pas comme ça ! Il a eu la gentillesse de venir, ce n'est pas pour que tu joues la mal élevée !

La femme eut un rire sans joie aux paroles de sa mère. Elle regrettait tellement d'avoir mis un pied dans cette maison et elle sentait qu'elle était arrivée à bout. C'était encore et toujours elle qui jouait la méchante, comme si elle n'avait pas souffert. Elle n'avait jamais rien dit pour ne pas attiser la pitié ou ne pas entendre encore des reproches de sa mère mais là, c'était trop pour elle. Elle en avait plus que marre que tout lui retombe dessus même lorsqu'elle n'était responsable de rien.

-Oh, il a eu la gentillesse de venir ? Je devrais vous remercier, M. Cooper, et me montrer reconnaissante ? demanda-t-elle en se tournant vers lui, faisant une révérence. Tu ne leur as pas dit pendant que je n'étais pas là, je suppose ? Tu ne leur as pas dit ce qu'il s'est vraiment passé, n'est-ce pas, Cooper ? De quoi avez-vous bien pu parler ? Bouchez-vous les oreilles les enfants (elle attendit qu'ils le fassent pour continuer :) De comment t'as été fourrer ta queue dans une autre ? Ou bien de combien l'adultère c'est génial ? Ou alors, de comment c'est cool d'utiliser le lit dans lequel ta petit-amie dort pour coucher avec une autre ?

Elle avait crié cette dernière phrase, les larmes aux yeux. Elle n'avait plus mal, non, elle avait Lachlan à présent, mais elle était tellement énervée qu'elle avait envie de le frapper jusqu'à ce qu'il crève de douleur comme elle l'avait fait quelques années auparavant.

-Tu devrais te calmer, Nicola, grommela-t-il en avançant une main vers elle.

-Que je me calme ? ricana l'intéressée en sentant les larmes couler sur ses joues. Parce que ça va encore être de ma faute ? C'est encore moi le problème ?

-On devrait en parler en privée, ça ne concerne que nous.

-Mais non, ils doivent savoir, Cooper. C'est soi-disant de ma faute depuis bien trop longtemps ! Mais tu veux savoir quelque chose que personne ne sait ? J'étais enceinte quand je t'ai trouvé avec elle !

L'homme écarquilla les yeux, comme toutes les personnes présentent.

-Tu vas avoir un enfant, Tata ? demanda un des jumeaux, les sourcils froncés.

-Vois-tu, à cause de ce méchant monsieur, non je n'aurais pas d'enfant.

-Daynan, veux-tu bien emmener les enfants là-haut, s'il te plait ? souffla Nevena, encore sous le coup de la nouvelle.

La femme s'exécuta et une fois que tous les quatre eurent disparu, elle demanda :

-Nikolina, comment as-tu pu...

-Pu faire quoi, Mama ? Avorter ? Tu voulais que je garde l'enfant d'un infidèle ? Que je lui explique que s'il n'avait pas de père, c'était parce que c'était un connard incapable de ne pas aller voir ailleurs ?

-Tu aurais dû me le dire !

-Pour quoi faire ? Pour que tu rejettes encore et toujours la faute sur moi ?

Nevena parut un instant décontenancée, avant de se reprendre :

-De toute façon, Cooper est là maintenant et il est bien le seul à vouloir de toi maintenant que tu ne peux plus avoir d'enfant, alors...

Elle laissa sa phrase en suspension tandis que Nicola n'en croyait pas ses oreilles. Même en sachant ce qu'il avait fait, elle essayait de les mettre ensemble.

-Alors quoi, Mama ? Je me remets avec lui et je me la ferme ? N'était-ce pas toi qui critiquais les femmes qui restaient avec leurs maris, même s'ils les trompaient ?

-C'est différent ! Tu te fais vieille et il faut bien que quelqu'un soit avec toi au cas où quelque chose t'arrive ! Déjà que je n'exige pas que tu me donnes ton adresse, alors n'exagère pas !

Parce qu'en plus c'est moi qui exagère, là ?

-Tu sais quoi, tu as tort. Quelqu'un veut de moi et je veux de cette personne et si tu ne sais pas où j'habite, c'est bien parce que tu ne mérites pas de rentrer chez moi. Lui l'a fait et je ne le regrette pas une seule seconde. Je l'aime plus que je ne t'aimerai jamais !

Et c'est en sachant à quel point elle lui avait fait du mal que la brune sortit de la maison, les yeux tellement embués de larmes qu'elle ne voyait pas à deux mètres.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant