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Il avait lu ça dans une histoire, deux protagonistes qui hurlaient à la lune pour vider leur corps et leur esprit de tout ce qui les possédaient. Et il avait besoin de faire de même. Même si ça semblait incohérent, il avait demandé à James de venir avec lui. Il avait besoin de l'avoir avec lui pour surmonter ça aussi. Alors quand la nuit était tombée, ils étaient partis à l'écart de la ville, sur une dune qui la surplombait, offrant une vue imprenable sur toutes ses lumières. C'était le lieu idéal pour se perdre et s'évader.

Une semaine plus tôt, sa mère avait été incinérée comme elle le souhaitait mais Nate n'arrivait plus à dormir. Même si chaque nuit, James le serrait contre lui jusqu'à rejoindre Morphée, le plus vieux ne pouvait se contenter que d'insomnie. C'était beaucoup trop frais, beaucoup trop douloureux, beaucoup trop difficile. Alors, main dans la main avec l'homme qu'il aimait, il avait grimpé cette colline pour trouver l'endroit qui lui parlerait, celui où il pourrait enfin évacuer.

Il se sentait mal d'amener son petit-ami sur un lieu où il allait hurler alors que ce dernier ne pouvait pas prononcer un mot. Mais à chaque fois qu'il s'était excusé, James l'avait rassuré en lui disant que ça ne lui faisait rien. Qu'il n'en éprouvait pas le besoin mais que lui devait le faire pour aller mieux. Que c'était sa thérapie et que personne n'en empêche une. Et à chaque fois, Nate le remerciait d'être si merveilleux et déposait un doux baiser sur son front en le serrant contre lui.

Mais maintenant qu'il était là, sur cette colline à surplomber le vide, il ne savait plus quoi faire. Devait-il se contenter de crier comme un imbécile ? Ou devait-il se concentrer et réfléchir ? Comment hurler pouvait-il être quelque chose de complexe ? Échappant un soupir alors qu'il respirait, il sentit les bras de James passer autour de sa taille pour enlacer son corps, partageant sa chaleur. Sans un mot, il venait de lui transmettre beaucoup de choses qui soulagèrent le plus vieux. Tout va bien. Laisse-toi aller. N'aie pas peur. Le relâchant, il embrassa délicatement sa joue avant de faire un pas en arrière pour le laisser seul.

Son premier cri fut un peu bancal, comme s'il venait de se cogner et qu'il cherchait à se retenir. Le deuxième fut plus important et le troisième le libéra. Ce fut un cri qui venait du plus profond de lui-même. Un cri qu'il avait puisé dans ses entrailles pour enfin relâcher toute la douleur et la tristesse qu'il ressentait depuis des jours. C'était un cri qui exprimé bien plus qu'aucun mot n'aurait pu. C'était un cri qui brisait sa gorge mais qui apaisait son cœur.

C'était fort. C'était intense. C'était douloureux. C'était beau. Tout un mélange de sentiments l'enveloppait alors qu'il ne savait plus quoi penser ou même ressentir. Jamais il n'avait éprouvé de telles émotions et ça le bouleversait. Puis, sans même qu'il n'en prenne conscience, une première larme avait roulé sur sa joue. Rapidement suivi par une deuxième, puis par une dizaine d'autres. Chacune permettait un peu plus à sa douleur de s'éloigner, de le libérer. Chacune le faisait se sentir un peu plus léger même si la mort de sa mère serait à jamais inconsolable. Pour le moment, il se sentait juste un peu plus apaisé, épuisé, vidé.

- Elle me manque, James. Elle me manque tellement. Je ne peux pas imaginer un monde sans elle, je ne le veux pas. Comment je vais continuer de vivre sans pouvoir l'entendre rire ?

Et comme si le plus jeune avait anticipé ses mots, il lui tendit son téléphone où était inscrit un message. La lumière l'aveugla d'abord puis, une fois sa vision adaptée, il en commença la lecture :

«Tu ne pourras jamais imaginer un monde sans elle mais tu le vivras chaque jour. Même si tu n'as pas de tombe où te recueillir, tu peux aller à ce lieu que vous partagiez pour lui parler, pour la sentir près de toi. Même si elle n'est plus là physiquement, elle sera toujours dans ton cœur. Et elle sera toujours là à veiller sur toi de la-haut. Ta maman n'a pas disparu parce qu'elle vivra toujours dans nos souvenirs. Et tant que tu vivras, elle vivra aussi. Tu vas arriver à surmonter cette perte, Nate, j'en suis certain. Tu y arriveras. »

Bring Me Back To Life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant