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6 novembre

- Les gars, ça fait déjà trois fois que j'ai lu Les faux monnayeurs. Je vous préviens, je ne recommence pas.

- Et y a pas moyens de moyenner hein ! Lâchais-je dans un rire retenu à l'intention des plaintes d'Heloïse. Les autres rigolèrent à cette blague de mauvais goût.

- Gneugneugneu ! Plus jamais je te fais du chocolat chaud. Dit-elle en me balançant une énorme boulette de pain. Que je reçus en plein front.

- Ça a fait poc ! Vous avez entendu ? S'exclama Isaac en riant de plus belle. Il tendit la main à Heloïse qui frappa dedans en suivant le rire de son camarade. T'as fait poc !

Luce soupira, lançant un regard du désespoir à Maé qui se contenu de rire. Je vis la tête à moitié déconfite d'Ernest devant moi. Et je me demandais ce qui lui arrivait. J'avais une forte impression que quelque chose lui manquait.

Alors en sortant du self, Heloïse et moi étions en tête de peloton direction les casiers. Je regarde du coin de l'œil si Ernest est dans les parages, mais aucun signes. Je prends le sac d'Heloïse sur mon épaule.

- Je vais pisser. Dis-je à cette dernière. Elle essaye vainement de me rappeler que son sac est sur mon épaule, mais tant pis, je suis déjà en marche.

En entrant, tout ce que je vois, c'est un Ernest perdu au-dessus du lavabo. Il tourne la tête vers moi, essaye de me tendre un sourire. Je tends les bras vers lui, il hésite un instant. Et il vient timidement, pose sa tête sur mon épaule. Et je le serre fort. Je lui tapote l'épaule et ne déserre pas l'étreinte.

- T'as le droit de pleurer, tu sais.

- Qu'est-ce que je fais à ton avis ? Rit-il en se décollant. Mes parents ce n'est pas la joie en ce moment, ils trimbalent ma petite sœur partout. Dès que je pourrais, je lui offrirais une vie stable. Une vraie vie. Et puis vous êtes là hein.

- Tu sais Ernest, ma famille est là. Si tu sens que ta sœur et toi allez craquer, tu viens chez moi. T'hésites pas. Jamais.

Et c'est à ce moment-là, quand Ernest me frappa dans la main et me tapotait l'épaule que je compris. Je le regardais tout sourire, fier de l'avoir fait décompresser ne serai-ce qu'un chouïa. Parce que ça avait toujours été mon rôle. De regarder les gens, les amuser et les réconforter après.




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