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« Gloria, manchi tu nell'aria

Manchi ad una mano

Che lavora piano,

Manchi a questa bocca

Che cibo più non tocca,

E sempre questa storia

Che lei la chiamo Gloria »

Je me souviens avoir sangloté cette chanson de Umberto Tozzi dans le train de retour Biarritz-Paris, fin juillet. Je ne parle pas un mot d'Italien, donc je faisais techniquement du yaourt sans comprendre un moindre mot des paroles, mais là n'est pas la question.

Enfin si, en réalité, je comprenais un mot : Gloria. Je ne suis pas assez bête pour ne pas comprendre qu'il s'agit d'un mot transparent. Gloire. C'était assez ironique (surtout tragique) de chanter ça alors que je venais de recevoir le SMS le plus blessant du monde.

De : Timothée Fontaine

Aujourd'hui 18:33

Salut Jenna ça va ? Tu es à Biarritz ? Je voulais te dire que je suis désolé mais je suis en couple depuis quelques jours et fallait que je t'en parle... vis-à-vis de ce qu'on s'était dit en juin, j'ai pas été correct... J'ai envie qu'on se revoit en septembre pour se reparler comme avant parce que tu restes une personne que j'apprécie. Bref bisous à bientôt

Le cœur brisé et seule dans un train bondé de vacanciers, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps en gardant obstinément les yeux fixés sur la fenêtre, pendant que j'écoutais cette chanson en boucle.

J'avais passé une semaine à Biarritz, invitée par mes cousins qui y possédaient un appartement de vacances, en espérant une seule chose : voir Timothée. Je savais qu'il y serait cet été, puisque c'était la ville où il avait grandi avec sa famille avant d'aller sur Paris faire ses études. Une fois sur place, j'avais pris un nombre incalculable de Snapchat postés en Story, afin de m'assurer que Timothée les verrait, et saurait par conséquent que je n'étais qu'à quelques minutes à pieds de lui.

Il avait vu tous les Snap, mais continua de faire silence radio.

Toutes sortes de réponses à son minable SMS m'avaient traversé l'esprit (« Je suis vraiment amoureuse de toi ! Comment t'as pu me faire ça ? » « T'es vraiment qu'un salaud, je te déteste ! » « Ah ouais ? Bah moi aussi je suis en couple figure-toi ! » « Nouveau téléphone, c'est qui ? »). J'ai repris sa méthode : j'ai joué la morte.

Et pour être morte, ça je l'étais ! De tout sentiment. Je me sentais vide, inutile. Je relisais nos messages de juin, où je lui avouais avoir un faible pour lui, et où il me répondait qu'il était un peu perdu. « On se donne l'été pour réfléchir et on se voit en Septembre ? :) »

Mon cul que t'as réfléchi, connard. J'avais pas besoin d'y songer moi.

Puis je relisais nos messages de cette année, toutes les fois où il m'avait appelé « ma Jenna » « ma princesse » « mon ange », où il m'avait envoyé des emojis cœur. Sérieusement, qui envoie ce genre de chose à une amie ?!

Je pensais qu'enfin, j'avais trouvé un garçon mignon, cultivé, passionné par les mêmes choses que moi et qui s'intéressait à ma petite personne. Guess what? Je m'étais mis le doigt dans l'œil jusqu'au coude.

Ça fait mal.

Au bout du mois d'août, j'étais passée par plusieurs étapes comme lors d'un deuil. La tristesse. Le déni. La colère. La grosse déprime du personne-voudra-jamais-de-moi.

Ne restait plus qu'une étape : la résignation.

Début septembre, je ne semblais pourtant pas prête à accepter la situation telle quelle était.

Non, je n'allais pas aller harceler Timothée pour le supplier de me donner des explications tout en le menaçant de jeter des oeufs sur sa voiture.

J'étais tout simplement à bout. J'avais dépassé mon quota de pseudo relations amoureuses à sens unique. J'étais d'autant plus encouragée par le fait que je n'allais pas revoir Timothée à la fac de droit. Avec un an de plus que moi, il allait entrer en première année de Master tandis que j'entrais en troisième année de Licence.

Fini les larmes pour des garçons trop stupides pour se rendre compte de mon exceptionnalité. Tu n'obtiens rien en ne montrant que la partie émergée de l'iceberg de ta personnalité ? Alors n'aies plus peur de rien, suis tes envies. Cette solution ne peut qu'être un petit coup de pouce.

Jenna, c'est l'heure de prendre une bonne résolution.

Tu vas l'avoir, ta Gloire.

When We RideWhere stories live. Discover now