Prologue

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A quel moment ai-je perdu le contrôle de ma vie ? Quelle erreur ai-je commise pour qu'elle prenne ainsi la direction de l'enfer ?

À moins qu'une personne n'en soit responsable ? Oui, l'origine de mes maux ne peut être qu'une mauvaise rencontre. Mais laquelle ? À cause de qui en suis-je arrivée là ?

Lorsque je songe au mal et à la douleur, il n'y a qu'une personne qui me vienne à l'esprit. Un homme. Mais il est sorti de ma vie depuis assez longtemps pour pouvoir être responsable de cette horreur-là.

Recroquevillée à même le sol, adossée au mur en béton, je tente d'y voir clair sur les raisons de ma situation. Plus les jours passent et moins je comprends ce qu'il m'arrive.

Ce que je nomme une pièce est en fait une cellule sombre et humide. Elle est dépouillée, je peux le constater lorsqu'un de mes geôliers ouvre la porte, laissant s'étirer un rayon de lumière crue sur le sol. Sinon, je suis dans le noir total. Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis là. Au début, j'utilisais le repas quotidien comme décompte, mais mes périodes d'inconscience m'ont fait perdre le fil. Seule certitude, je croupis depuis au moins trois mois.

Comme si ma condition d'animal en cage ne suffisait pas, la douleur ne me laisse aucun répit. Les sorties sont rares et à vrai dire, je m'en passerais bien.

Le premier mois, j'étais juste enfermée. Aucune visite, si ce n'est pour me jeter une gamelle par la porte entrouverte avant de la claquer. Ensuite, mes geôliers sont venus me chercher pour me traîner dans une autre pièce. Celle de mes cauchemars.

Je n'ai croisé que des hommes en tenue militaire, qui s'expriment dans une langue qui m'est étrangère. Ils ne s'adressent jamais à moi, ils ne doivent donc rien attendre de ma part.

Ma seule occupation est de ressasser les mêmes choses, chercher à comprendre. Sans trouver le moindre élément de réponse sur les motifs de ma présence ici. Petit à petit, j'abandonne la partie, je me contente de me blottir dans un coin et fermer les yeux, comme maintenant.

Mais tout à coup, retentissent des bruits de tirs d'armes et d'explosions. Les sons sont étouffés, éloignés, mais l'intensité augmente au fur et à mesure. Ça se rapproche rapidement, s'y rajoutent des exclamations, des hurlements, des bruits de courses dans les couloirs. Inquiète, je me tasse sur moi-même et me bouche les oreilles pour échapper au vacarme, qui a tout d'une guerre derrière les murs de ma cellule.

Ce qui semble être un combat meurtrier dure un long moment, puis les tirs cessent. Je n'entends plus que des ordres criés. En anglais ! Aussitôt renaît l'espoir de sortir d'ici. Je prie pour que des militaires soient venus me libérer. Peut-être enfin l'issue de mon calvaire.

Maintenant, le bruit de pas se rapproche, stoppe devant ma porte. Le son du verrou que l'on actionne et le battant s'ouvre en grand. Un rectangle de lumière déchire ma cellule en s'étalant au sol jusqu'à mes pieds. Amis ou ennemis ?

Toujours roulée en boule, d'un bras, je me protège les yeux de cette lumière aveuglante. Une forme noire se dessine et s'avance. C'est un homme. Quand il s'accroupit devant moi, j'ose à peine lever les yeux. Un regard azur me cloue au mur.

De tous les hommes sur cette planète, il a fallu quece soit lui qui vienne me sauver. Le cauchemar de ma vie. Mon enfer personnel.


Frissons d'Enfer (Disponible en édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant