Chapitre 10

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LIYA

   Je me réveille dans un sursaut avant de m'asseoir en tailleur sur le lit, une main sur le front. La sueur perle lentement sur ce dernier, tandis que je tente de reprendre un rythme respiratoire normal. Je balaye mes yeux sur la chambre qui m'entoure. Mes paupières se ferment doucement pendant que je descend ma main sur mon cœur, battant à tout rompre.

Mes récentes appréhensions commencent à prendre vie lorsque je m'endors. C'est la première fois que ce cauchemar se produit. C'est la première fois que mes parents m'abandonne, simplement parce que je ne suis pas leur fille à proprement parlé. Je doute qu'ils puissent agir ainsi un jour, mais à cause de toutes ces révélations, plus improbables les unes que les autres, j'ai l'impression que mes parents s'éloignent de plus en plus de moi. Comme si je me rendais compte que je ne les connaissais pas aussi bien que je ne le pensais.

Je jette un coup d'œil par la fenêtre. La nuit sombre est éclairée par la sublime lueur de la lune. Aucun nuage est présent dans le ciel et j'ai bien l'impression que je vais suffoquer. Il faut que je sorte. Je décale le léger drap recouvrant mes jambes pour me glisser hors du lit. Le parquet froid m'accueille et je me sens vaciller, toutefois, une main sur le mur permet de me stabiliser. La situation actuelle m'échappe, je n'arrive plus à réfléchir correctement. La discussion du dîner d'hier soir me revient subitement en tête. Un malaise s'installe dans mon corps lorsque je me rappelle mon départ précipité, sans avoir pris le temps de déguster le dessert. C'était extrêmement mal poli et, après réflexion, j'ai terriblement honte de mon comportement.

D'une main tremblante, j'attache mes cheveux blonds en un chignon flou grâce à l'élastique ne quittant jamais mon poignet, puis je me dirige d'un pas lent vers la porte de ma chambre. Cette dernière grince légèrement et je serre les dents en priant pour que personne ne se réveille par ma faute. Le couloir est sombre et je discerne difficilement la première marche qui se présente devant moi. Une main sur la rampe, je descends les marches à tâtons en retenant ma respiration à chaque marche franchit. Il manquerait plus que je dévale les escaliers sur les fesses.

J'atteins rapidement l'immense baie vitrée que je coulisse lentement. La fraîcheur extérieure me frappe le visage et un sentiment de bien être m'envahit. J'inspire doucement en fermant les yeux. Pendant ces quelques secondes de plénitude, j'ai le sentiment d'oublier ma vie qui part en cacahuète. Je m'autorise même à rêver d'une vie sans problème, avec mes parents. Que je sois leur fille et que je sache qui je suis. Parce qu'il est là le problème. Plus les heures passent, plus j'ai l'impression de m'oublier. Très vite, je ne me reconnaitrais plus. Et je redoute cet instant.

   — Liya ?

Je sursaute en ouvrant brusquement les yeux, alertée par mon prénom qui vient d'être chuchoté d'une voix grave. Mon regard tombe rapidement dans les yeux de Léo. Il se trouve qu'il est dans la même position que plus tôt dans la soirée, allongé sur une chaise longue, les bras croisés derrière la tête. Ses bras musclés ressortent davantage et malgré la pénombre, j'arrive tout de même à percevoir quelques tatouages sur ces derniers. Ses cheveux bruns retombent légèrement sur son front tandis que ses yeux me transpercent de la plus agréable sensation qu'il soit. Il finis par me sourire gentiment en désignant la chaise longue voisine à la sienne.

J'hésite un instant puis finis par pénétrer dehors après avoir fermé la baie vitrée derrière moi. Mes pieds nus rencontre la pelouse et un frisson me traverse le corps. Je sens le regard de Léo sur moi lorsque je m'avance vers lui, avant de m'allonger à ces côtés. Gênée, je me tourne vers lui et ses yeux accrochent les miens, si bien que je suis dans l'incapacité de dévier mon regard. L'iris de ses yeux est tellement claire qu'elle semble éclairer la nuit noire de façon à se que je puisse l'observer sans difficulté. Nous ne nous connaissons pas, pourtant j'ai comme l'impression qu'un lien s'est tissé entre nous, dès le premier regard.

My Life Is Not MineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant