Je suis arrivé chez elle comme convenu à 18h et trouvais ses parents au salon qui m’invitèrent à l’attendre. Et l’attendant, je pus profiter de l’excellent jus de bissap que me servit sa maman tout en demandant  à son grand frère Abasse d’aller la chercher.

Mossane est la cadette et l’unique fille d’une fratrie de trois garçons. L’ainé de leur famille, Ousmane vit au Bresil avec sa femme et ses deux enfants, Abasse le deuxième, travaille dans une société de communication de la place. On s’entend bien lui et moi, depuis que je fréquente sa sœur, on s’est trouvé beaucoup de points communs ; et le troisième est à Paris où il termine ses études en sciences criminelles.

Je fus facilement tiré de ma discussion avec son papa par elle qui descendait les escaliers.

Mon Dieu qu’elle est belle ! Elle portait une robe droite Camel qui lui arrivait juste après les genoux, des nus pieds saumon avec des reflet dorés et un mini sac dans les mêmes tons que sa robe. Elle n’était pas maquillée, ce qui mettait plus en valeur son magnifique teint noir. Et comme elle était nappy, elle n’avait pas attaché ses cheveux qui dansaient sur son visage. A peine l’ai-je vu que je me suis levé et c’est ce taquin de Abasse qui me tira de ma contemplation en riant aux éclats et en me disant

-grand on dirait que xalei bi dafla diomal deih

-arrête tes âneries Abasse toi aussi, lui avait dit son papa avec un brin d’amusement dans sa voix lui aussi.

Mossane semblait un peu gênée car dés qu’elle me vit, elle a baissé les yeux.

On prit congés de la famille. J’attendis que l’on soit dehors pour lui faire mes compliments.

-tu es vraiment belle Mossane surtout quand tu fais ta timide.

-je sais ! Fit-elle avec un brin d’amusement qui me fit rire avant de prendre la route.

Nous sommes arrivés au restaurant vers 19h 30mn et dés qu’on avança un peu, je sentis des regards sur nous…mais plus sur ma Mossane et cela m’énerva quelque peu car j’avais omis quelque chose, Mossane est une vraie femme sénégalais. Vous voyez ce que je veux dire ? Et cette robe mettait vraiment trop en valeur ses formes, beaucoup trop à mon goût.

Je décidais de marcher légèrement derrière elle pour éviter que ces vautours ne la dévorent du regard jusqu’à ce qu’on arrive à notre table.

-j’adore cet endroit Abdou. C’est si beau. Me dit-elle avec un large sourire qui faisait scintiller ses dents tellement elles étaient blanches. Et cela rendait son teint encore plus éclatant.

-je suis heureux que cela te plaise.

-mais dis moi, tu n’as pas peur que quelqu’un qui te connait ou connait ta femme nous voie ensemble et aille lui dire.

-je suis assez responsable pour assumer ce que je fais.

-OK alors !

Nos commandes firent rapidement prises en charges et je lui demandais enfin ce dont elle voulait que l’on parle parce que j’étais vraiment stressé.

Elle aussi semblait chercher ses mots et elle finit par sortir :

-bon, voila ! Si j’ai voulu qu’on se voit c’est parce que je voudrais que l’on parle de nous deux, de notre relation.

Elle hésita un peu, fuyant mon regard avant de continuer :

-Tu sais Abdou je t’aime et j’aimerai faire ma vie avec toi. Mais j’ai peur.

-peur de quoi ?






PVE

(…)

Mossane avait tenu à Abdourahmane le même discours qu’à sa mère. Et il ne l’avait pas une seule fois interrompu. Quand elle eut fini, il lui dit :

-j’essaie de trouver réponse à tes nombreuses interrogations et franchement je ne sais pas quoi te dire. Sinon que je sais que kilifeu la et que pour rien au monde je ne permettrai qu’il y ait la moindre discorde dans ma maison. Je ne me marie pas avec toi parce que je ne suis pas satisfaite de ma femme ou qu’il y ai un quelconque problème entre elle et moi. Bien au contraire. Je veux me marier avec toi parce que Dieu t’a mis sur mon chemin et que je t’aime. Je ne m’étais jamais imaginé marié à deux femmes mais ce n’est pas moi qui décide. Tu me dis que tu n’as pas été élevé dans mariage polygame. Je te signale que moi non plus. Et pourtant, mon grand frère est polygame et je m’apprête à l’être, si bien sûr tu acceptes ma demande. Mais ne me dis pas que dans ton entourage, le voisinage, la famille, tu ne connais pas des familles polygames ? On est au Sénégal quand même. Ce que je peux te dire c’est que je serai un mari juste entre vous deux car la religion me l’impose. Quant à ma femme, ce qu’elle va dire, penser ou faire ce sera avec moi. Elle n’a rien à voir avec toi. Je la connais et je te connais aussi. Vous deux allez devoir comprendre et accepter cette situation. Vous allez aussi devoir vous entendre car vous n’êtes pas en conflit et j’y veillerai. Maintenant, n’aies pas peur, tu seras mariée à moi et non à ma femme. Tout ce que je lis dans tes explications c’est que tu as peur d’elle mais ne t’inquiètes pas, elle va pas te manger. Avait-il finit pour détendre l’atmosphère.

Mossane faillit s’étouffer à sa dernière phrase. Ce qui le fit rire.

-t’es pas sérieux Abdou. Mais on croirait entendre ma mère. Vous m’avez dit les mêmes mots.

-juste parce que ta maman et moi voyons les choses de la même manière. Alors, je peux considérer que tu acceptes ?

-tu sais, tu es le premier homme que je fais entrer dans ma vie et j’ai vraiment confiance en toi. Je ne saurai t’expliquer pourquoi. Alors stp promets moi que quoi qui puisse se passer, tu m’aimeras car tant qu’on partagera ce sentiment tout le reste sera facile à gérer.

-si je n’étais pas sûr de t’aimer toute ma vie je ne ferai pas de toi mon épouse.


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Il était 23heures passées lorsqu’Abdourahmane poussa la porte de chez lui.

Les enfants et Aïcha dormaient déjà. Il alla vérifier dans la chambre de Amadou si tout allait bien puis entra dans la sienne sur la pointe des pieds, Coumba dormait dans son berceau suçant son pouce. Il entra alors dans la salle de bain, fit ses ablutions et entrepris de prier Icha. Sa femme se retourna, le vit et se leva. Quand il eut fini, elle lui dit

-Abdou goudé nga di (tu es rentré tard).

Il ne savait pas quoi répondre car c’était rare qu’il rentre tard. Ça lui arrivait les jours de semaine quand il finissait tard au bureau et devait quitter son bureau à Dakar pour rentrer chez lui à Kounoune. Mais là, on était dimanche et il avait prétexté récupérer des documents chez un collègue et passer voir sa mère à Mermoz.

-désolée chérie, je n’ai pas vu l’heure passée, mentit-il penaud.

Il n’aimait pas mentir à sa femme mais le moment n’était pas adéquat pour lui dire qu’il avait diner avec sa future coépouse.

-tu veux que je te réchauffe le diner.

-j’ai déjà dîné, lui répondit-il en se débarrassant de ses habits et alla se coucher en se collant à elle.

Il avait décidé de se rendre chez Mossane le lendemain à la sortie du bureau pour parler à son père afin de fixer une date et en profiter pour l’amener chez sa mère pour la lui présenter. Il lui avait parlé d’elle depuis le début de leur relation. Sa maman avait été très étonné de sa décision de prendre une seconde épouse. Elle pensait qu’il était comblé avec Aïcha et que l’idée de se marier avec une deuxième femme ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Elle lui avait demandé de réfléchir et de penser à Aïcha. Mais sa décision avait été murie ; il était sûr de lui.

Il parlera avec Aïcha après tout cela.



LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant