MAKE YOU MINE (le 6 mai - HQN Harlequin)

CHAPITRE 4 Partie 1

ROMANE

Comment avais-je pu en arriver là ?

J'avais à l'origine prévue une grasse matinée. La journée d'hier avait été fastidieuse et Annie, la femme de Miguel m'avait gentiment proposée de me remplacer en ce dimanche matin afin que je puisse me reposer. Voilà ce qu'aurait dû être mon programme : oreiller, couette, dodo et rêves agréables. Mais non, cela aurait été trop beau pour être vrai ! Il était à peine neuf heures et mes deux meilleurs amis, dont l'un était encore sous les effets de la nuit de beuverie qu'il venait de passer, avaient décidé de venir se réunir sous mon toit pour débattre du bien-fondé de la présence de Milo au domaine.

Comme si je pouvais y faire quelque chose !

Je me retrouvais donc en simple nuisette, pieds-nus, les cheveux emmêlés et furieuse d'avoir été dérangée. J'écoutai avec détachement, Samy cracher avec virulence sa façon de penser sur mon nouveau colocataire et les effets néfastes que pourrait avoir sa présence sur ma personne. Mais ce qui me surprenait le plus, était le silence de Mélodie.

— Putain mais Romane bouge-toi, vire ce connard d'ici ! Si tu ne le fais pas, j'appellerai moi-même Adrian ! hurla-t-il, ce qui eut au moins l'effet d'une douche froide.

J'en avais marre de son cirque. J'adorai Samy et je savais qu'au fond il ne souhaitait que me protéger, mais il allait trop loin en voulant mêler Adrian à un problème qui était pour le moment inexistant et une situation que je contrôlais parfaitement. Sans un mot je me dirigeai vers la porte d'entrée et l'ouvrit en grand sans lâcher du regard mon ami. Mais ce que je n'avais certainement pas prévu fut sa réaction, il sauta de son tabouret et fonça droit sur moi. Sur le coup ne comprenant pas son attitude et la fureur qui animait les traits de son visage, je reculai d'un pas. Sans que je ne puisse interférer sur le cours des événements, plusieurs choses se passèrent simultanément. Je trébuchai et fut rattraper par une poigne ferme au niveau de mes hanches. Je me retournai précipitamment et surprise de croiser un regard bleu comme un ciel de printemps, je fis un pas en arrière. Laissant par la même occasion et sans le vouloir, un passage à Samy qui percuta de plein fouet, tel un joueur de NFL, le corps de Milo. Ce dernier qui n'avait pas détourné ses yeux des miens, ne vit pas la masse l'emboutir et se retrouva au sol les bras en croix. J'aurai pu trouver la scène risible, si je n'avais pas perçu le regard sombre de Milo qui se relevait déjà, prêt à en découdre ; ainsi que les employés et clients curieux, immobiles aux abords de la propriété. Il ne manquerait plus que toute la ville parle de ça ! De ces deux idiots en train de se battre et de moi en nuisette, les pieds nus! Sans perdre un instant j'attrapai Samy et le repoussai facilement au vu de son degré d'alcoolémie encore bien présent dans son sang.

— Mélodie, raccompagne-le chez lui s'il te plaît. Et toi Samy c'est la dernière fois, je te préviens ! lui dis-je avec autorité.

Il eut moins l'audace de se montrer honteux, et parti sans faire d'histoire. Il me restait à présent un autre problème à gérer, et non des moindres. Je me retournai vivement vers Milo avec l'espoir que mon regard de tueuse à gage lui fasse comprendre mon mécontentement, mais ce dernier n'en fit aucun cas. Il paraissait plus absorbé par mes cuisses nues que découvrait la soie fine de ma nuisette.

— Ça va, je peux t'aider peut-être ?

— Bah écoute, en dehors de l'accueil particulier de tes amis de si bon matin, je me réjouis à présent de la vue, déclara-t-il avec malice.

— Connard, arrête de mater et rentre chez toi. La fête est finie.