III

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Quatre années passèrent durant lesquelles la jeune femme fit grandir son pouvoir à la cour impériale. L'empereur adorait la voir présider les audiences hebdomadaires et malmener ses magistrats qui la sous-estimait.

Bien qu'une femme n'ait, techniquement, pas le droit de diriger la nation, l'empereur la laissait gérer les petites affaires et tracas quotidiens du peuple. Il excluait bien évidemment Nao des assemblées générales durant lesquelles les sujets les plus délicats et importants étaient traités.

Les audiences de la jeune princesse avaient lieu tous les lundis, mercredis et vendredis. Et en ce lundi matin, la jeune femme se préparait comme d'habitude dans sa résidence. Le soleil éclairait son petit palais d'une magnifique couleur dorée que la jeune propriétaire adorait tout particulièrement.

Tandis que la jeune Nao admirait les reflets du soleil à la surface du petit lac dans son jardin, quelqu'un frappa à sa porte avant d'entrer prudemment dans la chambre en refermant la porte derrière lui et de s'incliner respectueusement devant la jeune femme.

Elle se leva de son fauteuil, inspecta son reflet dans le miroir, lissa sa tenue et sourit à son serviteur venu lui annoncer le début imminent de l'audience spéciale d'aujourd'hui avant de le suivre à travers les couloirs.

Après quelques minutes de marche jusqu'à la salle d'audience du palais impériale, Nao souffla un bon coup pour se donner de la contenance et fit son entrée la tête haute dans la salle. Au moment où la porte s'ouvrit sur elle, un silence de plomb tomba sur l'assemblée.

Tout en gagnant son siège, la princesse jeta un rapide coup d'œil à la salle, à sa droite se tenait comme toujours les magistrats de la nation ; à sa gauche un peu en retrait étaient posté des gardes impériaux ; en face d'elle, une petite foule d'une quinzaine de personne lui faisait face, attendant patiemment leur tour pour présenter leur requête à la jeune femme.

Une fois assise, les magistrats s'assirent à leur tour, aussi bruyamment que d'ordinaire, ce qui fit soupirer discrètement Nao qui n'aimait pas leur attitude à son égard. Puis vint au tour du peuple de s'asseoir.

Une fois tout le monde assit, la jeune femme leva la tête et parla d'une voix forte et claire à l'attention de l'assemblée, ouvrant les audiences de la journée.

. Eh bien commençons. Pour quelle raison êtes-vous venus aujourd'hui ?

Tout en prononçant cette phrase, la princesse regarda la première personne de la file ayant demandé une audience aujourd'hui. Elle le gratifia d'un chaleureux sourire lorsque ce dernier s'avança en centre de la pièce pour lui présenter respectueusement sa requête.

Trois bonnes heures après le début des audiences, se fut enfin au tour du jeune homme qui intriguait la jeune princesse depuis le début de la journée. Il se tenait assis, en retrait, la tête baissée, les mains à plat sur les genoux.

Lorsque son tour était arrivé, il s'était simplement levé, avait attrapé ce qui ressemblait à un fourreau et était venu s'agenouiller devant la princesse sans dire un mot ni même lever les yeux vers cette dernière.

Nao attendit quelques minutes qu'il énonce sa requête, mais il ne fit rien, se contentant de regarder fixement le sol. La princesse tourna la tête vers l'un de ses magistrats, l'appelant à l'aide du regard.

Elle avait tenté de l'interroger sur sa présence, mais le jeune homme n'avait pas plus réagit que durant ses trois heures d'attente. Heureusement pour elle que les requêtes leurs étaient demandées avant le début des audiences. Lorsque le magistrat se leva, il s'éclaircit la gorge et expliqua d'une voix calme.

. Ce jeune homme est recensé dans nos registres comme étant un parieur ainsi qu'un bandit de bas étage. Sa requête est la suivante : il souhaite intégrer la garde personnelle de sa majesté.

Surprise Nao reporta son attention sur le jeune en face d'elle. Celui-ci s'était levé, avait ôté le masque qui couvrait sa bouche et la fixait sans crainte droit dans les yeux. Le jeune homme qui lui faisait face n'avait rien d'un bandit ou d'un parieur.

D'après ses estimations, il devait avoir la vingtaine, ses cheveux en bataille ainsi que le bandeau qui cachait l'un de ses yeux lui donnaient un petit coté mystérieux très sexy.

L'aura qu'il dégageait déstabilisait la princesse tout autant qu'il l'attirait. Mais qui pouvait bien être ce mystérieux inconnu ? 

Destiné à s'aimerWhere stories live. Discover now