Chapitre 1 - le délire habituel

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À mon réveil, mon oreiller trônait sur ma lampe, et ma couette s'étendait sur le tapis. J'avais toujours eu un sommeil agité.

J'aurais aimé pouvoir vous dire « Eh oui, mes nuits sont baignées de cauchemars. J'ai un lourd passé », ou bien « Il faut bien que je puisse jeter quelque chose sur mon chat quand il vient me miauler dans les oreilles ». Mais non ; je n'avais ni chat, ni excuse à donner.

Les yeux fixant le plafond blanc, j'essayais de profiter des cinq dernières minutes qui me restaient avant que mon réveil ne sonne une seconde fois. Cependant, frigorifiée en l'absence de couverture, je ne tardai pas à balancer les jambes hors de mon lit et à me lever, chancelante, encore ensommeillée. Paupières lourdes, je contemplai l'éternel désordre de ma petite chambre, et espérai, comme tous les matins, qu'il ne viendrait pas l'idée à ma mère d'y monter dans les prochains jours – une chance que je sois la seule à vivre à l'étage... Personne ne se donnait la peine de monter les escaliers pour me rendre visite, ce qui me laissait le loisir de gérer mon non-ménage.

Je choisis un ensemble dans mon armoire, avant de me diriger vers ma minuscule salle de bain personnelle. Je vous passe la description terriblement inutile de ma douche, pose de lentilles pour cacher le pourpre singulier de mes iris et l'attachage en queue de cheval de ma chevelure rouge ; puis, une petite demi-heure plus tard, je gagnais le rez-de-chaussée pour m'affaler devant un café que je n'allais certainement pas boire.

Alors que je contemplais le liquide sombre, le menton placé dans la paume, j'entendis les pas de ma mère s'approcher doucement.

_Hum... Tu as mal dormi ?

Je secouai la tête.

_Non, chuchotai-je, sincère. Parfaitement bien.

Même scénario chaque matin. Peut-être un jour mes parents comprendraient-ils que, peu importait l'heure à laquelle je me couchais, je n'étais en forme qu'en me levant au moins à midi.

Je fermai les yeux, laissant les effluves de café gagner mes narines, mais notai bien que la présence dans mon dos n'avait pas disparue.

_Tu devrais te coucher plus tôt, suggéra ma génitrice. Je suis sûre que tu passes tes nuits à dessiner tes...

Mon père, depuis la chambre parentale, cria à travers la maison que la tringle des rideaux menaçait de tomber un peu plus chaque jours – mais qui, qui pourrait être assez brave pour la réparer ?

J'en profitai pour rouler des yeux, en réaction à la proposition de ma mère ; j'avais eu une période de dessin – et j'étais si mauvaise que j'avais vite abandonné. Seulement parce que pendant une semaine je m'étais cassé le... La tête à trouver le secret d'une mèche de cheveux ou d'un oeil réussi, le prétexte était toujours utilisé et ré-utilisé.

Ma mère hurla à son mari une réponse que je n'écoutai pas, trop occupée à froncer les sourcils en fermant les yeux pour appréhender le mal de crâne que je sentais venir. Je grognai intérieurement – elle n'avait pourtant pas crié si fort... Mes tympans étaient clairement beaucoup trop sensibles. Et malheureusement, contrairement à la plupart de mes défauts de fonctionnement, celui-ci n'entrait pas en vigueur uniquement le matin.

Je me levai, faisant racler les pieds de la chaise sur le carrelage, et m'en allai vider ma tasse dans l'évier – fut un temps où j'appréciais le café...

_Bon, moi je vais me recoucher, annonça maman en resserrant les pans de sa robe de chambre contre elle. Bonne journée, ma chérie.

Toujours reconnaissante envers le fait qu'elle se lève, chaque matin, uniquement pour me souhaiter cela, je m'avançai vers elle et l'embrassai sur la joue. Puis, alors qu'elle traversait le couloir, je jetai un coup d’œil à ma montre et décidai de partir.

Fairy Tail NijûichiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant