2eme partie

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Modou : Parle Dieynaba ; ton silence exprime-t-il un non ? J’ai déjà donné ma parole ou bien ? Tu es une musulmane voyons chérie…
Moi : Ne prends pas mon silence pour une désapprobation  ni une faiblesse.  L’islam est votre refuge à chaque fois que vous prenez la décision de prendre une deuxième femme. Modou tu ne pries même pas régulièrement malgré mes sermons.  C’est aujourd’hui face à cette situation que tu décides d’être un bon musulman ? Je m’y attendais un jour, telle est la destinée de toute femme ayant aidé son mari à devenir ce  qui il est. Je ne suis ni la première et je ne serais pas la dernière surement. Je l’accepte, ai-je même le choix mon cher ? Ce qui me fait le plus mal c’est tout le temps que tu as pris pour me le dire.  Je ne sais plus quoi dire Modou. Je vais aller marcher un peu je crois, je pense. J’ai besoin de prendre  de l’air MODOU BAAL !!
Sur ce ; Modou saisit ma main et dit : « il n’y a pas un seul endroit sur terre où tu pourras échapper à toi destin diewo ! »
«  On dit que croire au destin c’est renoncer à son libre arbitre. Que la persévérance ne permet pas de contrer le sort auquel nous sommes destinés. Cependant  la seule partie du destin qu’on peut vraiment contrôler, c’est ce que l’on a décidé d’infliger aux autres. Tu as décidé !  Lâche  ma main ! Je voudrais juste digérer la nouvelle Modou ! » Répondis-je.
Je descendis les escaliers et ouvris la porte principale. Je ne sais plus comment j’étais habillée ni ou j’allais. Je marchais à travers la rue, je vis un banc et je m’assis dessus. Je regardais les jeunes enfants jouer au football, si mignons, si beaux et si innocents. Je réfléchissais à ma vie à ces années passées à satisfaire un homme qui m’a menti. Ce n’est pas le fait d’avoir une coépouse qui me dérange ; je peux le digérer. J’ai toujours su faire face à tout et être une musulmane mariée c’est toujours prendre en compte que vous vivrez peut être dans un ménage polygame. Ce n’est pas cela non du tout ! Ce que me faisait  mal,  c’est son mutisme, sa façon de me berner de ne rien de me dire après tout ce temps. De me dire «  pendant 2 mois je ne savais pas quoi te dire ». Ah bon pourtant il n’a pas hésité à me dire plein de choses intimes  mais me dire qu’il partagerait sa vie avec une autre c’est la mer à boire. Les hommes,  les hommes jamais ils ne prennent de responsabilités.  Les souvenirs remontent et je pensais à ma tante la première femme de mon père qui n’a jamais aimé Modou, car selon elle je ne devais pas sacrifier mes études pour Modou. Si elle était toujours en vie elle m’aurait dit que toute cette situation ne la surprend pas. Cependant avais-je le choix ? Dès le premier jour de notre rencontre je savais que c’était lui tout mon corps tremblait pour lui, j’étais si intimidée et tellement innocente. Je regardais Modou tel un messie. Je buvais ses paroles, cet étudiant en droit me fascinait ; il réveillait en moi plusieurs choses. Une de mes amies  Fina  me disait toujours que Modou m’avait marabouté. Pourtant j’aime cet homme, toute ma vie lui est dévouée .J’ai porté ses enfants, j’ai abandonné mes rêves et je l’ai aidé à réaliser les siens.
Je ne pensais pas qu’écrire un journal serait si libérateur.  10 ans après le remariage de mon mari, je suis toujours là comme un baobab selon ma coépouse Awma Diom (je n’ai pas de vergogne).
Au début du mariage il n’avait pas changé et continuait de venir à la maison puis au fur et à mesure ses visites s’espaçaient  pourtant je ne manquais de rien mes enfants n’ont plus mais mon mari me manquait sa nouvelle femme a créé toute une cour autour de lui. Je ne voyais plus les gens comme avant c’est fou comme les gens peuvent changer. Au fil de ses succès, Modou devenait imbu de sa personne .Il n’était plus l’homme qui se moquait de ces avocats à la cour extrêmement vaniteux. Ah !Moi Dieynaba reléguée au second plan par tout le monde ; mes sœurs, mes cousines  mes amies voulaient que je me fasse plus belle ; elles  voulaient que moi aussi je prenne des griots pour rivaliser avec ma coépouse AWA. Mais ce n’était pas moi ; j’aimais lire, voyager et  profiter de mes enfants. Mon mari était très connu pourtant peu de personnes me connaissaient. Je ne me suis pas affichée en 9 ans de mariage pourquoi le faire juste après cet évènement ; il ne se passe pas une seule journée sans qu’à la télé je n’entende parler de  Madame Baal Diallo diery marraine  d’honneur de telle ou telle soirée. Dans une société ou le succès et le prestige d’une personne se compte en billet de FCFA ;  plusieurs proches me reprochaient ma vie simple. Etant la femme d’un grand avocat selon eux ; je devais plus m’affirmer. Donc cette avec une grande joie qu’ils ont accueilli Diallo Diery. Celle qui connaissait la valeur de son mari ; celle qui offrait des tickets pour les diners de gala mais surtout celle que l’on voyait partout.
Ma coépouse est tout mon contraire, elle est excentrique. Diallo diery  aime donner de l’agent  et surtout ne côtoie que des femmes de personnalité. Le jour où elle est venue me voir comme la coutume l’exige ; je savais qu’on n’allait jamais s’entendre.
Assise en face d’elle je l’ai regardée longtemps ; elle  avait  du charme et de jolies rondeurs. Elle était venue me voir un mois après le mariage avec des cadeaux annonçant sa venue. Tôt le matin Modou m’avait prévenue de sa venue ; alors j’ai dit à ma femme de ménage  Rocky  de préparer un bon thiebou Yap et j’ai invité mes  sœurs et amies les plus proches. Au total on était 6 assises ; tout d’un coup on entendit le bruit d’un tam-tam je me demandais pourquoi il avait une fête dans le quartier et je n’étais pas invitée. Ce que je ne savais pas c’est que la fête allait se passer chez moi…
A Suivre…

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