Chapitre 13

Depuis le début
                                    

-          Il était troublé, Céline. Elle le troublait. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’il ne l’a pas oubliée. Quelque part, il l’aime encore.

***

Céline s’était chargée d’expliquer à Alex la situation. Lorsqu’il vient s’asseoir quelques minutes plus tard à mes côtés en cours d’économie, je ne parviens pas à déchiffrer totalement son regard, mais je suis sûre d’y lire de la pitié.

-          Je croyais que ça allait marcher pour vous, dit-il, l’air consterné. Je suis désolé.

-          Pas besoin de l’être. Ce n’est pas ta faute.

-          Non, bien sûr, mais je déteste te voir comme ça.

Je lève la tête vers lui et tente un sourire triste.

-          Alex…

-          Je… Ecoute, si t’as besoin, je suis là, d’accord ?

-          D’accord. Merci.

-          Et… Va lui parler.

-          Quoi ?

Je n’avais pas pu m’empêcher de crier en plein cours. Tout le monde se retourne vers moi et la prof hausse un sourcil.

-          Un problème, Joy ?

-          Non. Excusez-moi.

Elle avait dû voir mon air bouleversé car elle ne me pose aucune autre question, ce que j’appréciais. Elle aurait très bien pu agir comme mon prof de maths et péter un câble. Une fois le cours repris et les autres retournés, je répète plus doucement à Alex :

-          Quoi ? Pourquoi je…

-          Parce que t’es malheureuse, voilà pourquoi ! Je ne veux pas te voir aussi triste moi. Et si la seule solution pour que tu ailles mieux, c’est d’être avec lui, alors va lui parler.

-          Mais… Il l’aime encore…

-          Il t’aime toi, Joy. Et tu l’aimes aussi. Peut-être qu’il n’a pas totalement tourné la page avec sa pétas… avec Isabelle, mais il a des sentiments pour toi.

Je baisse la tête et contemple le sol en retenant à nouveau mes larmes.

-          Son geste envers elle a prouvé le contraire.

-          Mais ses yeux ne mentent pas. J’ai vu comment il te regardait. Comment, à chaque fois que tes yeux se posaient sur quelqu’un d’autre, il serrait les dents de jalousie. Comment il te protégeait. Il tient à toi. Il t’aime, Joy.

J’essuie rageusement une larme qui coule sur ma joue.

-          Arrête, dis-je dans un murmure.

-          Tu crois que ça m’amuse de te dire ça ? Il t’a brisé le cœur mais… Mais c’est le seul qui arrivera à te soigner.

-          Je n’irai pas.

-          Alors quoi ? Tu vas rester là, à te demander pourquoi et comment tu as pu perdre l’homme que tu aimes ? Tu vas le regarder ramener un jour sa nouvelle copine ? Tu vas le sentir dans chaque musique, chaque phrase, chaque photo qui te fait penser à lui ?

-          Alex…

Ma voix n’est plus qu’un souffle quasiment inaudible et je me cache la tête dans les mains.

Déchirure -Relation prof-élève-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant