Octobre - 12

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  — C'était qui cette pouff' ? Demanda Callie à Stella, en fin d'après-midi. 

Les deux filles s'étaient installées dans la chambre de la jeune O'Farrel, assises en tailleur sur le lit de cette dernière, et Callie vernissait les ongles de ses orteils en bleu. Elles auraient préféré s'installer dans le belvédère, dehors, mais une pluie torrentielle s'était abattue sur la ville dès la fin des cours. L'automne s'annonçait humide. 

— Esméralda, répondit Stella avec un pincement au cœur. J'ai mené ma petite enquête auprès de Kieran.

— D'où elle sort celle-là ? 

Au ton de son amie, Stella comprit qu'elle la détestait déjà. Deux louves féroces pour le même mâle, songea-t-elle avec une pointe de dépit, quelle était donc sa place à elle dans cette histoire ? Stella poussa un long soupir. 

— Esméralda Mendoza. C'est une cousine éloignée - très éloignée - d'Emilio...

— Ah, juste une cousine, alors ! S'exclama Callie, et le bref sourire qu'elle afficha trahit son soulagement. 

— En fait, elle a l'air d'insister sur l'aspect très éloigné de leur lien de sang. Ils partagent le même nom, mais... 

— Quoi, Louloute ? Elle veut se taper son cousin ? Mais c'est carrément dégueu... et puis elle a quel âge ? Elle doit bien avoir cinq ans de plus...! 

Stella haussa les épaules, dépitée. Cousin ou non, différence d'âge ou non, le fait était que la splendide Esméralda Mendoza boxait dans une catégorie bien au-dessus de la jeune O'Farrel. Callie à la limite aurait pu entrer en concurrence, avec son franc-parler, sa spontanéité, ses jambes de rêve et ses yeux en amande... Mais, elle, Stella ? Elle se sentait fade et sans éclat, en comparaison à la bombe hispanique qui venait de débarquer à Alexandra. 

— Elle sera là pour Halloween ? S'enquit Callie en se contorsionnant avec souplesse pour souffler sur ses ongles de pieds. 

— Oui. Elle... elle veut être la cavalière d'Emilio. 

Stella aurait préféré que son ton ne soit pas aussi plaintif, mais Callie releva la tête et la regarda bien en face. 

— Eh ben quoi, Louloute ? Tu vas la laisser te piquer TON Emilio ? Après tout le mal que je me suis donné pour te laisser champ libre ? 

— C'est son cousin, après tout ! Elle a un espèce de droit sur lui...

— Arrête de dire des bêtises, un peu, s'agaça Callie en levant les yeux au ciel. Le droit, c'est toi qui l'a pour l'instant, alors deux solutions : soit tu le lui donnes sur un plateau d'argent, soit tu sors tes griffes et tu défends ton territoire.  

La jeune O'Farrel bondit sur ses pieds et se mit à arpenter la chambre en long et en large. Un sentiment d'impuissance montait lentement en elle, et elle ne put se retenir de s'écrier : 

  — Non mais regarde un peu les choses en face ! La plus belle fille que j'ai jamais vu vient de surgir à Alexandra. Sachant que la population masculine de la ville s'élève environ à 7000 mâles, je dirais qu'il y a au moins 6500 langues qui pendent actuellement, et la route qui conduit à la propriété Mendoza est tapissée de bave à l'heure qu'il est. Je ne suis pas une tigresse, Callie, je ne peux pas lutter contre une déesse ! 

Un petit moment de silence accueillit la détresse de Stella. Puis Callie renonça à l'examination de ses orteils pour lever un regard pétillant vers son amie. 

  — Et si je te disais que j'ai un plan ? 

— La dernière fois que t'en as eu un, on ne s'est plus parlées pendant dix jours, remarqua Stella en référence au complot de Callie pour se faire inviter à la soirée d'Halloween. 

Pas touche à mon F.A.U.V.EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant