Mon meilleur ami, ma soeur et moi.

Avenir

  Le lendemain, en cours de théâtre, je me suis déchaînée. Camille avait repris, essayant de... comme toujours, me dépasser.

  Je suis allée voir le prof après le cours, il voulait me parler. Elles étaient toutes dans les parages, l'oreille à l'écoute, comme Camille.

     -  Vous vouliez me parler ?

  Il m'a souri.

     -  Oui. Tenez.

  Il m'a tendu un dossier. Je l'ai ouvert et...

     -  Monsieur...

     -  Le grand théâtre de Paris recherche des élèves pour l'année prochaine. Je ne sais pas ce que vous aviez envisagé de faire mais...comme vous êtes douées au théâtre, je vous ai inscrite sur le dossier de l'école. Il cherche une comédienne dans tous les lycées de France. Je n'ai pas hésité, c'est à vous dont j'ai pensé.

  Je suis restée... J'ai refermé le dossier choqué par cette nouvelle.

     -  Je ne sais pas...

     -  C'est à vous de voir. Le dossier sera proposé à une autre si vous refusez mais... ne gaspillez pas ce talent. Vraiment. Ils n'attendent que votre confirmation.

  Je souris, heureuse.

     -  Je... J'y réfléchirais. Je dois aussi...en parler à mes parents.

     -  Ils seront heureux pour vous.

     -  Plus qu'heureux.

  Il m'a laissé. Je suis sortie de l'amphi, Camille avait disparu. Par contre, je suis tombée sur Victor.

     -  Tu as l'air...pâle et...

     -  J'ai été retenu par l'école de théâtre de Paris.

  Il ouvre la bouche et la referme.

     -  Tu avais...

     -  Nan, mon prof m'a inscrite. Je suis retenue, ils n'attendent...

  Il m'a pris dans ses bras, me soulevant. Je n'ai pu retenir mon cri de surprise. Il m'a fait tourner, devant tout le monde. Il m'a reposé à terre.

     -  C'est...plus que formidable.

     -  Tellement.

     -  Tu as dit quoi ?

  Je hausse les épaules, regardant le dossier.

     -  Je ne sais pas. C'est Paris, je n'ai pas envie...

     -  Je serais là.

  J'ai posé mes yeux dans les siens. Au même moment, Camille est arrivée en soufflant. Il a détourné le regard pour passer son bras sur ses épaules. Elle avait l'air...

     -  Tu vas bien ? Lui demanda-t-il.

     -  Ouais.

  On est allé manger. Elle avait l'air de bouder et moi, je n'arrêtais pas d'en parler avec Victor. Il était tellement heureux pour moi et puis, cela allait être énorme pour moi. Le rêve que j'ai évité toutes ces années se présente tout de même à moi.

     -  Mais c'est triste. Fit-elle d'un coup. Papa et maman vont être tristes. Paris, c'est loin.

  Hey, hey, j'ai compris le petit stratagème de madame. Elle veut ma place, encore.

     -  Je suis adulte maintenant, ils savent que je vais partir à un moment donner. Et puis, un peu de liberté sans parent, seule et tranquille.

     -  Peut-être que tu te trouveras un moche comme toi là-bas. Rajouta-t-il.

  Je lui ai donné un coup de pied sous la table.

     -  T'es con.

     -  Je sais.

  Nous nous sommes regardés un moment, elle le regardait. Elle est partie la première. Elle devait voir Pauline pour un exposé. Nous nous sommes retrouvés seuls. Eh bien, il ne faut pas me demander ce qui arrive quand on est seul.

  On marchait dans les couloirs vides de la pause quand...il m'a tiré dans une salle de classe. Il a...fermé la porte à clef.

     -  Depuis quand tu as des clefs de classe ?

     -  Depuis que j'ai eu envie de faire ça dans une salle de classe.

  Il a laissé la clef derrière.

     -  On est au rez-de-chausser, tous ceux qui passent devant les vitres...

  Il est allé baisser les stores. Il me cherche là. Il avait ce même regard qu'à chaque fois. Cela... Hier, nous ne nous sommes pas vu seul à seul, il n'y a donc rien eut. Il veut se rattraper je sens.

     -  Elle est jalouse, encore. Fis-je.

  Il ne m'a pas répondu, continuant de baisser les stores.

     -  Elle veut y aller. Elle ne comprend pas pourquoi c'est moi et pas elle.

  Il est venu face à moi, me quittant mon gilet et m'asseyant sur le bureau.

     -  Elle veut tout ce que je convoite, elle veut tout ce que j'ai...dont toi.

     -  Je te l'ai dit, il n'y aura plus que toi. Tu seras la seule à connaître le vrai Victor. Et puis, je te suivrais, partout où que tu ailles, je ne te laisserais pas à un autre. Je serais le moche de Paris.

  Je souris, amusée. Il m'a attrapé par la nuque afin de m'embrasser. Et c'est partis pour encore profaner un lieu de l'école. Il n'est pas possible.

  J'ai rêvé toute l'après-midi. J'étais complètement dans les nuages. Il m'avait...fait perdre la tête. J'étais aux anges, shooter complètement. Je suis toujours gênée quand on fait ça au lycée. Je suis complètement stone après ça, je n'arrive pas à penser à autre chose tellement il m'a... Une bête. Il ne fait pas ça dans la délicatesse.

     -  Dis, il t'arrive quoi ? Demanda ma sœur en sortant de cours.

  Je sors de mes pensées et la regarde.

     -  Comment ça ?

     -  Bein...tu as l'air...ailleurs.

  Je hausse les épaules et allais partir quand elle m'a retenu par le bras.

     -  Dis, on en a pas parlé mais... Tu as couché avec quelqu'un ? Tu n'es plus vierge.

     -  C'est François qui a dit ça.

  Elle confirme de la tête. Elle a des doutes sur mes propos, je le vois en elle.

     -  Oui, et ça vient de toi.

     -  Je n'avais pas envie de... Il m'a insulté. Je l'ai mal pris et je lui ai dis ça. Je ne voulais pas qu'il...me dépucelle.

  Elle confirme de la tête. J'allais repartir mais...elle ne m'a pas lâché.

     -  Tu nous caches quelques choses.

     -  On cache tous quelques choses.

  Je suis cette fois-ci partie.