Chapitre 11

Depuis le début
                                    

J'avais été ravie d'apprendre que grâce à la bourse donnée par le Bureau de la génétique du fait de mon don, mon père avait diminué ses horaires de travail. Une grosse partie de l'argent était également mise de côté pour que Maddy puisse intégrer une faculté à sa majorité. D'ailleurs ma soeur ne comprenait pas cela. Elle disait qu'elle s'en fichait de l'université car elle serait positive comme moi. J'aurais voulu lui dire qu'être positive n'était pas aussi bien que cela, mais là encore je devais me taire. Notre conversation était écoutée et si l'Académie ou le Bureau m'entendait dire qu'être positive ce n'était pas une bonne chose, cela reviendrait à critiquer le gouvernement et me mettre moi ainsi que ma famille dans une position délicate. Ma soeur avait ensuite été ravie de m'apprendre qu'elle avait enfin pu visiter le Bureau de la génétique avec sa classe et qu'elle avait adoré cette expérience. En l'écoutant parler, j'espérais secrètement qu'il s'agirait de la dernière fois où ma soeur aurait affaire au Bureau. Puis en parlant avec mon père, un souvenir avait émergé. Je me rappelais le jour de mon test où j'avais aperçu mon dossier alors que je flottais hors de mon corps. Je me souvenais du mot aperçu à côté du nom de mon père : abandon. J'avais oublié ce petit détail, trop accaparée par ce qu'il se passait au sein de l'Académie. Mais à présent que je m'en rappelais, j'éprouvais le besoin d'en parler avec lui. Cependant, je ne devais pas lui révéler comment j'avais appris cela, car ce serait lui parler de mon test et cela m'était interdit. Mais l'interdiction était claire: je ne pouvais mentionner mon test mais rien n'interdisait à mon père de parler du sien. Sauf que la mémoire était retirée à ceux échouant au test. J'avais peu d'espoir que mon père s'en souvienne mais peut-être se rappellera-t-il d'un détail.

-Papa, j'avais une question. Est-ce que tu te rappelles de ton test ?

-Non pas vraiment ma chérie. C'était il y a longtemps. Pourquoi cette question?

- Pour rien, simple curiosité. Tu ne te rappelles pas pourquoi tu as échoué ?

Si le terme abandon inscrit à côté du nom de mon père s'était retrouvé dans mon dossier pour passer le test de la génétique, alors cela devait avoir un lien avec son test à lui. Peut-être avait-il abandonné lors de son test? Mais si cela était le cas pourquoi l'avait-il fait? Mon père répondit alors.

-Non c'est étrange mais je ne me rappelle plus. Tu sais, la mémoire et moi ça fait deux.

Cette conversation était étrange. On m'avait dit lors de mon test que si j'échouais la mémoire me serait retirée. Peut-être que lorsque l'on nous retirait la mémoire, on oubliait également qu'on nous l'avait dit et qu'on se retrouvait dans un état second. On savait qu'on avait passé le test, mais on ne savait pas pourquoi on ne s'en rappelait plus. C'était encore pire que ce que j'avais imaginé. Qu'on nous retire la mémoire était une chose, mais qu'on se s'en rappel même plus était autre chose. Si le Bureau faisait ça à tous ceux échouant au test, pouvait-il le faire dans d'autres circonstances?Je n'avais pas questionné plus longtemps mon père. Il ne se rappelait de rien.

Les jours qui avaient suivi cette conversation m'avaient fait oublier mon objectif de retrouver Johnson. Je ne cessais de repenser à mes parents et cela me plonger dans une certaine tristesse. Les cours ne m'aidaient pas à aller mieux. Les exercices que l'ont nous demandé de réaliser commençaient à m'épuiser. Je ressentais une certaine fatigue que je ne comprenais pas. J'avais été plusieurs fois sujet aux vertiges. J'avais également eu une légère crise de tremblement qui n'avait durée que quelques secondes. J'éprouvais également parfois une migraine qui persistait plusieurs heures, m'empêchant de me concentrer sur les exercices. Pour la première fois depuis mon arrivée à l'Académie j'avais échoué à un exercice que j'avais pourtant réalisé plusieurs fois.

Depuis plusieurs semaines nous devions pratiquer trente minutes de pleine concentration. Les professeurs disaient qu'il s'agissait d'une ancienne pratique aujourd'hui oubliée qui s'appelait la méditation. Je ne comprenais pas l'objectif de rester assis, les yeux fermés tous les jours pendant trente minutes mais encore une fois on ne devait pas poser de questions. On nous demandait de nous concentrer sur un objet, une forme ou une couleur et de ne penser qu'à cela pendant trente minutes. J'arrivais toujours ces exercices. Je ne bougeais, pas, je n'ouvrais pas les yeux. Mon cerveau divaguait sur d'autres pensées certaines fois, mais pour autant au final j'arrivais à me concentrer sur la chose que je visualisais. Pendant ces exercices des diodes étaient fixées sur nos crânes et les professeurs analysées en temps réel nos ondes cérébrales. Pourtant ce jour-là je n'arrivais pas à me concentrer. Mes pensées divaguaient sur d'autres choses, je commençais également à être fatiguée et au bout de quinze minutes, me rendant compte que je n'arrivais pas l'exercice, je m'étais relevée. Les autres élèves n'avaient pas remarqué mon échec. Ils étaient tous dans une sorte d'état de transe et rien autour d'eux ne les dérangeait. C'était la première fois que je voyais à quoi nous ressemblions lorsque nous pratiquions cet exercice. Voir une vingtaine d'élèves assis les yeux fermés, sans bouger ni réagir était assez étrange. Quoi qu'il en soit mon échec à l'exercice n'était pas passé inaperçu. Un des professeurs s'était dirigé vers moi. Je m'étais attendue à une remontrance car lorsque nous échouons nous étions punis. Pour autant il s'était simplement contenté de me dire que je devais aller à l'infirmerie sans m'en expliquer les raisons. Peut-être avait-il vu sur mes ondes cérébrales que quelque chose n'allait pas. Peut-être que cela expliquait mon état de fatigue et mon échec au test. Mais comme j'étais rassurée de quitter la salle et d'arrêter cet exercice sans être punie, je n'avais pas posé de question et je m'étais dirigée vers l'infirmerie.

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