Chapitre 55 - La tartine de la colère

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— Non, en général. Et puis Bora ronronne et me tient chaud.

— Moi aussi !

— Quoi ? Tu peux ronronner ? Je veux voir ça.

— Non, mais je peux te tenir chaud.

— Quel dommage, je voulais voir si t'étais capable de ronronner.

— N'abuse pas. C'est à peine si je sais miauler sans me briser les cordes vocales.

— Pauvre Olivier. Allez, fais dodo maintenant.

— Philippine !

— Hop ! Hop ! Ferme tes yeux et compte les moutons.

Je l'entends encore ronchonner voire carrément grogner quand Bora va sur lui. C'est vraiment facile avec lui, c'est incroyable.

Le lendemain matin, il est déjà aux fourneaux préparant le petit-déjeuner pour trois alors que je me lève à peine, suivi de mon chat.

— Dehors, vilain matou.

— Hé ! Parle-lui mieux !

— Je suis presque certain qu'il ne comprend pas ce que je lui dis.

Si j'étais toi, je ne parierais pas. Je suis presque certaine que les chats sont des animaux intelligents qui doivent souvent se dire « Humain, brosse-moi et nettoie mon caca si tu ne veux pas que je vomisse sur ton lit. »

Les chats pourraient contrôler le monde, en fait, que ça ne m'étonnerait pas.

— Tiens, bonjour Timéo !

— Bonjour...

Lui, il n'est clairement pas du matin. Ce n'est plus des cernes qu'il a sous les yeux, c'est des poches.

— Tu as une sale gueule, lui fais-je remarquer en tentant de cacher un petit sourire amusé par sa coupe de cheveux allant dans tous les sens possibles.

— Merci, mais je me sens rassuré quand je vois la tienne. C'est terrible au réveil, hein ? T'as pas eu le temps d'appliquer ta crème antirides encore ?

Espèce de... Non, pas de bon matin, Philippine.

— Hé, ne commencez pas tous les deux. Pour une fois, faites la trêve ou je ne sais pas, mais j'en ai marre de vos chamailleries. Ça serait trop vous demander de faire un effort ?

— Impossible, sifflé-je.

— Je suis d'accord.

— Ah bah voilà ! Vous voyez quand vous voulez ? Vous vous entendez déjà sur un point.

— Plutôt mourir que de m'entendre avec elle.

— Dans ce cas, tâche de mourir en silence, Timéo l'idiot.

— Philippine, ne le provoque pas.

— C'est lui qui a commencé !

— Typique réplique d'une gamine. Vingt-sept ans physiquement, mais trois mentalement ? Je ne sais vraiment pas ce que mon frère te trouve.

— Timéo, arrête...

— Écoute, tous les goûts sont dans la nature, comme on dit. Encore hier je ne comprenais pas ce qu'était le cubisme, puis je t'ai rencontré.

— Waw ! Ça sort un mot de vocabulaire et ça se croit intelligente. Quand j'ai appris que tu bossais pour Olivier, j'ai immédiatement pensé que t'as dû passer sous le bureau pour être déjà responsable de projet.

— Sous le bureau ? Certainement pas, mais sur, oui y a des chances.

— Parce que vous faites ça au travail aussi ? Mais vous n'avez donc aucune retenue ?

— Actuellement, je fais preuve de beaucoup de retenue pour ne pas te tartiner la tronche.

— Tu sais, Philippine, plus j'apprends à te connaître et plus je me dis que le dicton est vrai : la culture, c'est comme la confiture, moins tu en as, plus t'en étales.

— BON CA SUFFIT MAINTENANT !

Le poing d'Olivier sur la table nous surprend tous les deux, mettant un terme à notre joute verbale tandis que ce dernier nous dévisage sévèrement. On dirait que papa va distribuer la fessée de bon matin.

Oh oui ! La fessée !

— Finissez votre petit-déjeuner, je vous attends dans la voiture.

— Et ton café ?

— Vous m'avez déjà énervé suffisamment comme ça !

Généralement, je réussis mieux à l'exciter, mais bon, je vais prendre ça comme un nouvel accomplissement également.

Néanmoins, son cadet est peut-être l'ennemi le plus redoutable que j'aie rencontré jusqu'à présent.

Je l'aime bien. Je vais en faire mon disciple et je vais lui apprendre le « Philippinisme ».

Leçon n°1 : ne jamais, ô grand jamais, se laisser marcher dessus.

Philippine - Tome 1Where stories live. Discover now