Chapitre 4 - Miles

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Elle est venue, j'y crois pas. Et ce sourire, waouh. Elle devrait vraiment sourire plus souvent ! On est tous les deux légèrement bourrés, mais je me sens bien, sur ce canapé, avec elle. On parlait depuis presque une heure quand Jack et les autres sont revenus de leur partie de Beer Pong, pas mal pétés.

– Salut Miles ! Ouuh, c'est qui cette jolie femelle ? Tu nous présente ? Elle à l'air vachement « sympa » !

Ce dernier mot est accompagné d'un élégant geste vers sa poitrine, ce qui m'énerve au plus haut point. Car j'ai beau accumuler les conquêtes, je respecte les filles. Je leur répond « une prochaine fois, peut-être » et les accompagne vers le balcon. Je préfère qu'ils ne vomissent pas sur cette fichue moquette. Quand je reviens, Leah a disparu. Je fouille l'appartement du regard, mais aucune trace d'elle. Paniqué, je monte à l'étage et ouvre les portes des chambres, dérangeant plusieurs duos assez « occupés ». Je la trouve dans la chambre de mon père avec ce pervers de James, en plein roulage de pelles. Je réagis au quart de tour et balance une droite au gars, puis tire Leah par le bras.

– Eh ! Tu fous quoi là ? Qui t'a demandé de t'occuper de moi, bouffon ? Je sais me défendre toute seule, et en l'occurrence j'en avais pas besoin !
– Oh...désolé, j'ai cru...
– Ouais t'as cru ! Barre-toi et laisse-moi tranquille !

Je fais demi-tour en jetant un regard méfiant à James et à Leah, déjà retournés à leur affaire. Je sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça, mais pour moi elle n'était pas consentante, il fallait que je la protège. Ça me fait quelque chose de la voir avec un gars...Pourtant, je la connais depuis même pas une semaine. Faut que je me reprenne, que je passe à autre chose.
Je rejoins donc les autres dans le salon, et une fille dont j'ai oublié le prénom m'interpelle.

– Coucou Miles ! Tu veux un verre ?
– Euh...oui, pourquoi pas... Marissa ?

Je la regarde en espérant ne pas m'être trompé, mais elle me répond sèchement.

– Moi, c'est Melissa. Tiens, ta bière.
– Ah, oui, bien sûr. Tu viens faire un tour sur le balcon ?

Je lui décoche mon plus beau sourire en essayant de paraître engageant. Bien sûr, elle me suit, sous le charme. Accoudés à la rambarde, elle me sort des phrases que je n'écoute qu'à moitié. J'ai la tête renversée, j'essaie de voir les étoiles, mais c'est pratiquement impossible avec la pollution lumineuse, ici, à Paris. Depuis petit, c'est ma façon de m'évader, de me calmer. A Londres, je montais sur le toit de l'immeuble, je m'allongeais et je fixais le ciel pendant de longues minutes, écoutant ma respiration et mon cœur ralentir, mon esprit s'éclaircir.
J'imagine que Melissa m'a fait une pseudo-déclaration d'amour, puisqu'elle me regarde avec espoir. En fait, elle est plutôt jolie. Alors je me penche vers elle, décidant de lui donner ce qu'elle veut. Peut-être que ça me permettra de m'enlever Leah de la tête... Tandis qu'elle m'embrasse avidement, je sens son goût d'alcool et de cigarette, et ça me dégoûte. Je suis sûr que Leah aurait un meilleur goût, elle... Mais putain Miles ! Qu'est ce qui va pas chez toi ! Tu peux pas penser à une fille en en embrassant une autre !
Alors je romps notre baiser et je cours à la salle de bain, rendre tout l'alcool que j'ai ingurgité. Et je reste là, accoudé au siège des toilettes, à réfléchir. Je m'en veux d'avoir réagi comme ça avec Leah, après tout elle peut faire ce qu'elle veut avec qui elle veut. Mais je ne sais pas, je pense qu'elle mérite mieux que des coups d'un soir avec des gars qui ont la cervelle entre les jambes. Quand je repense aux miens, de coups d'un soir, je me dis que c'est du temps gâché, à vouloir faire comme toit le monde, être populaire, avoir des filles qui nous courent après. Parce qu'au final, qu'est-ce que ça m'apporte ? Je n'y prend même pas de plaisir.
Le bruit de la porte qui s'ouvre me tire de mes pensées.

– Miles ?

Leah. Bon sang, ce qu'elle est belle. Même décoiffée, en fin de soirée, elle est magnifique d'une façon qui n'a rien de commun. Je dois vraiment être en piteux état, parce qu'elle me regarde comme si elle avait pitié, comme si j'étais un petit chaton abandonné sur le bord de la route. Elle vient s'asseoir à côté de moi, la tête baissée.

– Je suis désolée pour toute à l'heure, je sais que t'essayais juste de me protéger.
– T'inquiète, j'aurais dû me mêler de mes affaires.

On parle de tout et de rien pendant longtemps, et elle s'endort. La scène est plutôt atypique. Moi, adossé à la cabine de douche, et elle, appuyée sur mon épaule. Je voudrais que ce moment dure toute la vie, car je sais que demain, tout cela aura disparu, et elle fera comme s'il ne s'était rien passé. Parce que même si c'est la fille la plus mystérieuse que j'aie rencontré, je commence à discerner quelques traits de sa personnalité. Et elle n'assumera pas, une fois sobre et une fois le soleil levé, de s'être endormie contre moi, elle qui semble si inoffensive et délicate pour l'instant, mais qui était un vrai démon il y a deux heures.

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