Ch1 - Les bolas

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Fressande

Je suis installée sur un banc à côté de lui. Il m'a rendu mon écharpe et en contrepartie, je dois rester en sa compagnie le temps du déjeuner. Je suis résolue, impossible de m'en dépêtrer, c'est juste un mauvais moment à passer.

Il est tranquille, à l'aise, il mange son sandwich et c'est un vrai moulin à parole. On ne t'a pas appris à ne pas parler la bouche pleine ? Mon air renfrogné et mon silence n'ont pas l'air de le décourager pour autant. Je me concentre sur mon bol de ramen et essaie d'ignorer son monologue, sauf que là il parle de moi et je n'arrive pas à m'empêcher de réagir...

— Tu sais, j'avais une image complètement différente de toi ! En fait t'as l'air d'avoir un sale caractère.

Je manque de m'étouffer. Nan mais quel culot ! Faut voir qui je côtoie aussi ! Il m'impose sa présence indésirable et il se plaint de l'accueil.

— Tu ne dis jamais rien quand on te vanne en classe, alors tout le monde pense que tu es super timide.

— Pensez ce que vous voulez !

Merde, ça m'a échappé. Mon mur de silence vient de s'effriter. Je le vois sourire en plus. Il m'énerve.

— Fress.

FressANDE ! Nan mais c'est pas possible qu'est ce qu'ils ont tous à me donner ce diminutif débile ? Ca me donne des envies de meurtre à chaque fois. Je me renfrogne encore plus.

— Désolé de te faire chier comme ça tout le temps. T'as raison, c'est niveau collège, j'me sens con sérieux...

J'y crois un instant. Mais je me ressaisis vite, c'est trop facile et impossible de savoir s'il est réellement sincère. Il est juste mignon et sans doute bon comédien, c'est pas une raison pour baisser la garde.

— Tu cherches à m'attendrir là ? Parce que t'es plutôt pathétique !

— Haha non, c'était juste comme ça pour t'informer !

Il se tait un instant. J'enchaine quelques bouchées en savourant le silence.

— Ah au fait, c'est vrai que tu jongles avec des... Euh...

— Des bolas ? Ouais enfin j'essaie !

Il me regarde, l'air très intéressé. J'hésite un instant, est-ce une blague ou est-il sérieux ? Je tente :

— Tu veux voir peut-être ?

— Carrément ! Je voulais pas t'embêter mais si c'est toi qui proposes...

On n'est que tous les deux, son regard n'est pas moqueur mais réellement curieux et intéressé. Je me sens un peu flattée, il faut bien l'avouer. Je sors mes bolas et retire mon manteau pour être plus libre de mes mouvements.

— Dis donc t'as de l'argent au moins ? Parce que c'est bien beau, mais je jongle pas gratuitement !

— Je peux payer en nature si tu veux.

J'éclate de rire, surprise.

— Non merci !

— Haha, mais quoi, c'est toi qui commences à te désaper aussi !

Je soupire, un petit sourire aux lèvres. Dans le fond, son humour est loin de me déplaire.

— Bon allez, sois attentif parce que les photos et vidéos sont interdites et il n'y aura pas rappel !

Je lui fais donc une petite démonstration et j'avoue, je me la raconte un peu en étalant toutes les figures que je connais... C'est si rare d'avoir un public.

— Ca fait combien d'année que t'en fais ?

— Bof 2 ou 3 ans.

Je poursuis sans que la conversation altère mes mouvements, je crois saisir un peu d'admiration dans son regard. Le voir aussi intéressé me fait plaisir.

— Je peux essayer ?

Je lui tends les bolas et le regarde galérer lamentablement, j'ai presque l'impression d'avoir droit à une sorte de revanche. Je me pouffe amusée par le spectacle et n'arrive pas à retenir mon rire lorsqu'une des sphères atteint malencontreusement son entrejambe. Il laisse tout tomber et se plie en deux de douleur.

— Je vais mourir.

Je me suis ressaisie, mais la situation reste comique pour moi :

— Quelle perte pour l'humanité.

— Arrête t'es pas drôle, tu te rends pas compte comme ça tue toi !

— Nan, nan, mais je compatis, je t'assure.

Il me fusille gentiment du regard et je ris à nouveau.

Pour être honnête c'est un très bon souvenir, je me moquais gentiment de toi mais appréciais le moment. A l'époque ça me faisait du bien de ne pas être seule et vu tout ce qui s'est passé depuis, si tu n'avais pas été là, je serai carrément morte de trouille... Parce que du genre, vraiment très loin de chez moi, on se préparait sans le vouloir à nous embarquer dans un truc réellement angoissant, même si dans un premier temps ça m'a apparut simplement comme étrange et délirant.

Il faut bien t'avouer d'ailleurs que ce qui me rassure par rapport à tout ça, c'est que je sais que toi tu es vivant et en bonne santé !

C'est la fin du chapitre 1 ! Merci d'être arrivée jusque là et à bientôt pour la suite, à moins que la tentation de connaître la suite soit trop forte et dans ce cas, courez découvrir la BD qui m'a inspiré cette fanfiction : Fressande de Ludimie !

FressandeOnde as histórias ganham vida. Descobre agora