Chapitre 3

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J'avais certes été intriguée par son existence, mais quelque chose de plus pressant m'attendait : me sécher. Sans prendre vraiment garde à ce jeune homme inconnu à mes yeux, je le contournais pour rejoindre la salle de bain associée à ma chambre. J'ouvris la porte et rentrais dans la pièce. Me voyant dans le miroir, je décidais d'enlever les dernières traces de mon maquillage. Il n'était plus parfait et je n'en avais plus besoin.

Je pris donc une lingette démaquillante pour tout enlever et, une fois cela fait, je m'essuyais le visage, le cou et les cheveux à l'aide d'une serviette. Ma tête ne ressemblait plus rien. Bon, en même temps, généralement, ça n'aidait pas de s'endormir sur une queue-de-cheval. Si elle avait été stricte, c'était maintenant bien différent puisque quelques mèches en sortaient et elle s'était relâchée. Cependant, je m'en fichais un peu. J'enlevais cependant l'élastique et passais dans la chambre pour récupérer ma brosse à cheveux sur la coiffeuse. Je passais quelques coups pour rendre ma coiffure plus potable et reposais l'objet. Ce n'est qu'après avoir fait cela que je me décidais enfin à me tourner vers la personne avec qui je partageais probablement des gènes. Il n'avait que peu bougé, observant mes faits et gestes.

« Qui êtes-vous ? demandais-je, choisissant de faire l'ignorante.

– Tu es chez moi. »

Cela ne répondait pas à ma question en fait. Il s'approcha de moi. Quelques pas suffirent pour qu'il se retrouve devant moi. Il me surplombait très largement. Massif, je paraissais frêle à ses côtés. Grand, je semblais petite. Un contraste trop frappant, que je n'appréciais pas le moins du monde. J'avais l'impression d'être fragile. Pour compenser, je levais mes yeux et le regardais, ne voulant détourner le regard. Il sourit. Cela éclaira ses yeux verts – que nous partagions visiblement – et rendit son visage plus sympathique. Ses cheveux étaient bruns, comme ceux de notre père. D'une certaine manière, il lui ressemblait énormément.

« Eh bien, je suis désolée alors de te voler ce qui est visiblement ta maison, mais, là, tu es dans mon espace vital.

– Tu parles beaucoup pour ne rien dire, visiblement, petite sœur. Tu devrais pas. On dirait une brindille qui va se briser. T'es tellement maigre. En fait, t'es carrément squelettique. Je suis sûr qu'on voit tes os », se mit-il à rire.

Comment se permettait-il de se moquer de moi ? Nous ne nous connaissions pas ! Même son prénom, je l'avais oublié. Et lui, il osait plaisanter à mon sujet et m'appeler « petite sœur » ! Comme si nous partagions de tels liens ! Ce n'était qu'un inconnu ! Je le regardais du regard le plus noir que je puisse faire avant de me rendre compte que son rire sonnait étrangement et que ses yeux étaient devenus plus sombres. Interloquée, je fronçais les sourcils et penchais légèrement la tête. Que voulait-il exactement ? Je soupirais. Cela ne servait à rien de toute manière.

« Comment tu t'appelles au fait ?

– Tu ne sais même pas mon nom ? Comment notre mère t'a élevée ?

– Très bien, elle ne s'est jamais dit que je te rencontrerais un jour. Nous ne l'espérions pas spécialement en fait.

– Pourquoi tu es ici du coup ? demanda-t-il vivement.

– Parce que c'est ainsi « grand frère », désolée mais je n'ai aucune envie d'en parler. Encore moins avec toi. Tu ne la connais pas, alors tu ne devrais pas parler d'elle ! m'énervais-je.

– Si tu veux, mais elle n'a même pas pris la peine de te parler de ta propre famille ! Je devrais réagir comment au juste ? »

Je le regardais simplement. Je n'avais aucune envie de répondre à cela. Ce n'est pas qu'elle ne parlait jamais d'eux, mais tout était différent. La vie que j'avais vécue auparavant, il ne pourrait la comprendre. Visiblement, notre père préférait de plus lui cacher la situation réelle. Il valait peut-être mieux que cela reste ainsi et qu'il ne sache rien. Et moi, je ne devais pas lui répondre. Je ne voulais pas trop en dire et parler avec lui semblait être inutile...

Après quelques instants restés silencieux, mon interlocuteur reprit doucement.

« Je m'appelle Andrew, Anaïs, retiens au moins mon prénom. »

Clairement, nos parents avaient manqué d'originalité puisque nos prénoms commençaient par les deux mêmes lettres. A moins qu'ils aient trouvé cela mignon à l'époque. Qui sait ? Ce n'était cependant pas mon cas. Je ne comprenais pas pourquoi. En plus, son prénom sonnait un peu trop anglais ou américain tandis que le mien était français. Aucune originalité visiblement et pas de traditions non plus. Donner un nom aussi étranger... Et puis quoi encore ?

Je hochais la tête, tout en me demandant ce qu'il faisait encore là. C'était une impression étrange. J'avais voulu le rencontrer, m'étais questionnée sur son absence, mais là, alors qu'il me faisait face, je ne savais pas quoi lui dire. Pire encore, je n'avais qu'une envie : c'était qu'il parte de ma chambre et que je puisse de nouveau me reposer.

« Tu n'as pas encore défait tes bagages ?

– Non.

– Pourtant, tu vas rester ici longtemps, pour toujours, m'a dit notre père. Tu veux que je t'aide ? »

J'imaginais que cela partait d'une bonne intention, mais sur le coup, je pris plutôt mal les choses. S'il m'aidait, comme il disait, il rentrerait dans mon intimité. Dans mes valises, il y avait certes mes vêtements, et je ne voulais pas qu'il les touche, mais aussi mes objets personnels, des souvenirs et des cadres photos qui ne le regardaient aucunement.

« Non. » répondis-je simplement. Je n'avais pas besoin de rajouter quelque chose. Je finis par me détourner et m'approchais de mes affaires en soupirant. J'ouvris un sac et son contenu se révéla à mes yeux. Un maigre sourire s'étira sur mes lèvres tandis que je repartais dans un autre monde, celui dans lequel j'avais vécu auparavant. Celui de ma mère, de ma meilleure amie, de mon ex petit-ami... Ils me manquaient tous...

Je finis par allumer l'ordinateur portable posé sur mon bureau pour lui envoyer un message. J'avais commencé par quelque chose de simple, un petit « Salut ! Ça va ? » avant de décider de lui raconter mes aventures et je décrivis l'ensemble de la maison de mon père et de ses trop absents occupants en espérant qu'elle me réponde bientôt. C'est seulement alors que j'écrivais ce message que mon frère partit de ma chambre.

Finalement, entendant du bruit en bas, je décidais d'aller voir ce qu'il se passait – c'était si rare après tout – et je ne pouvais que me demander de qui il pouvait s'agir. C'est en descendant le grand escalier de marbre que je le vis, de dos, adossé à la rambarde. J'observais sa puissante musculature, bien visible sous un T-shirt foncé. Je regardais du haut, mais je pouvais remarquer qu'il était grand. Il discutait avec mon frère, légèrement plus grand que lui. Il avait des cheveux noirs d'une longueur relativement courte, mais qui pouvait sembler longue à un certain nombre de garçons. Il se passa justement la main dans ses cheveux et je fus saisie d'intérêt devant ce simple geste, qui fit ressortir ses muscles. Ses bras puissants étaient recouverts de tatouages envoûtants. Terriblement masculin, sans le moindre doute, puisqu'ils semblaient si bien aller, même si une part de moi se disait que ces magnifiques dessins pouvaient aussi bien aller à une fille.

Je m'approchais pour entendre leur conversation. Visiblement, mon frère hésitait à rester ici. Ils avaient l'air d'être amis. Ou au moins de se connaître.

« Anaïs ! »

Mon frère m'avait aperçu. Il choisissait donc de couper court à la conversation afin que je puisse entendre ce qui ne me concernait pas. Ce n'était pas faux. Je le connaissais à peine, il ne pouvait donc rien y avoir avec moi.

« Bonjour », murmurais-je, puisque je ne connaissais pas l'autre personne. C'était le minimum à dire. Il se retourna vers moi pour me saluer à son tour et je pus admirer son visage. Il était beau, splendide même. Ses yeux étaient d'un bleu frappant, même si je ne devais pas ignorer que cela résultait avant tout d'une anomalie génétique. Mais dès que je m'en détournais, je ne pouvais qu'apprécier son physique. Il était magnifique, je devais l'avouer.

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