Chapitre 4

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Le lendemain fut un dimanche pluvieux, la lourdeur de la veille avait éclatée en milliards de gouttelettes, un léger vent soufflait à l'extérieur et l'air s'était rafraîchi, mais pas autant que l'ambiance à l'intérieur de l'appartement. Armin avait fini par se réveiller aux alentours de midi tandis que moi, je n'avais pas pu trouver le sommeil. C'était un homme qui dormait peu et qui ne pouvait commencer une journée sans une quantité considérable de café ; il n'en bu qu'une tasse. Ce détail insignifiant sema le trouble dans mon esprit. Je me mis à craindre qu'il ne s'en prenne à moi de nouveau parce qu'il n'avait pas eu sa dose quotidienne de caféine. C'était une idée stupide, je devenais parano et délirait complètement : je ne me sentais plus en sécurité. L'idée de m'enfuir me traversa l'esprit mais où pouvais-je aller ? Un sentiment encombrant s'installa en moi, une honte incommensurable envahit bientôt tout l'espace, me tenant entre ses serres, faisant de moi sa proie sans défense, s'alliant avec la peur pour me faire garder le silence. J'étais tétanisé, pris au piège. Oppressé dans ma prison cérébrale, je ne pus me résoudre à m'enfuir.

Aucun de nous ne pris la parole ce jour-là, nos actes nous ramenaient au quotidien mais notre silence scandait la gravité de la situation. La nuit suivante, allongé aux côtés d'un homme que je n'étais plus sûr de connaître, Morphée m'envoya gentiment me faire foutre.

La semaine qui suivit ne fût pas la plus belle et reposante de toute ma vie ; loin de là. Mes blessures me lançaient terriblement. J'avais des hématomes un peu sur tout le corps, ma tête faisait peur à voir et mes cernes se creusaient un peu plus chaque jour. J'étais physiquement épuisé, je ne dormais plus du tout la nuit et si je me risquais à m'endormir dans le canapé devant la télé à mon retour des cours et avant celui d'Armin, je me réveillais en sursaut suite à un cauchemar ou à un craquement du parquet. Cette crise interminable d'insomnie portait atteinte à mes études : je m'endormais en cours, le seul endroit où j'étais loin d'Armin et de son appartement. La fatigue, le stress et l'angoisse que je vivais était tels qu'ils m'en faisaient parfois vomir. L'ambiance dans l'appartement n'avait pas changé, nous étions tous deux enfermés dans notre mutisme mais fort heureusement, le temps où l'on se voyait encore était bref, seulement une courte partie de la nuit. Armin s'enfermait dans son bureau pour travailler dès son retour jusqu'à tard le soir et de mon côté je faisais de même dans mon atelier. L'art était mon exutoire. Il me permettait d'évacuer tous mes mauvais sentiments. J'aimais tout particulièrement m'éloigner de la réalité et de ses problèmes pour me consacrer entièrement à ma passion. Cela me permettait également de passer le temps et réduire la durée de la compagnie d'Armin.

Ce petit jeu dura une semaine. Le vendredi soir Armin mit fin à cette interminable mascarade. J'étais dans mon atelier en train de peindre un sublime Renoir lorsqu'il fit irruption dans mon jardin secret, ma seule échappatoire à son emprise. Il portait sur son visage une expression grave et était-ce des remords que je voyais étinceler au fond de son transperçant regard ?

-Il faut qu'on parle, toi et moi, déclara-t-il simplement. J'ai fui cette conversation toute la semaine mais il est grand temps de délier les langues.

Il sembla déstabilisé un instant par mon manque total de réaction. Il avait peut-être décidé de venir à moi mais pour ma part, je restai de marbre. Cependant, il ne se laissa pas démonter pour autant.

-Je te dois des excuses. Ce que je t'ai fait... enchaîna-t-il en scrutant mon visage contusionné, est impardonnable. Je m'en veux terriblement, j'étais sous l'emprise de l'alcool, je sais que ça n'excuse en rien mes actes mais je n'étais pas moi-même. Je ne sais pas pourquoi tu es encore là, pourquoi tu ne t'es pas enfui en courant et je comprendrais que tu veuilles t'en aller à présent. Mais j'aimerais que tu restes.

Accident de LumièreOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz