comètes

Chapitre un.

Ethan Jones.

     J'ai pensé pouvoir le sauver, j'ai vraiment cru que son coeur battrait encore sous mes doigts lorsque j'ai plongé pour le récupérer. Malheureusement, il avait bien prévu son coup. Lorsque j'ai réussi à le ramener sur le pont, le sang ne s'arrêtait pas de couler ; en revanche son coeur lui l'avait fait. Les images défilent dans ma tête, les remords me broient l'estomac et la haine est la seule chose qui fait battre mon coeur. Jusqu'ici je n'ai jamais ressentit une quelconque haine envers lui, juste de la colère quand il rentrait bourré et qu'il s'énervait sur nous, mais jamais je ne l'ai détesté. Jamais jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui la haine que j'éprouve est si forte qu'elle m'empêche presque de respirer. Comment peut-on être assez lâche pour s'en aller sans explications, sous les yeux de son fils ? Comment peut-on commettre l'irréparable sans prendre le temps de dire adieu à ses propres enfants ?

Moi, j'ai eu comme adieu le sang de mon père sur mes vêtements. Mais Lily, elle n'a rien eu. Lorsque j'ai dû partir le chercher elle m'a dit que je n'étais qu'un fils à papa, que je devais vivre ma vie au lieu de toujours m'inquiéter pour la sienne. Leurs rapports n'étaient pas vraiment bons, il ne supportait pas de voir les traits de celle qui l'a abandonné se formait sur le visage de ma petite soeur. Elle ressemble énormément à notre mère en grandissant, et pour ce visage qu'elle n'a pas désiré mon père s'est toujours un peu braqué vis à vis d'elle. Je n'ai jamais comprit pourquoi il agissait ainsi alors qu'elle n'y est pour rien la pauvre gosse là-dedans, et Lily aussi, elle lui en voulait. Elle n'avait que six ans lorsque ma mère s'en est allé, elle ne comprenait donc pas la situation. Pour elle, c'est mon père le responsable. Elle ne veut pas considérer ça autrement.

Je suis resté je ne sais combien de temps à tenter en vain de le réanimer, à pleurer en le suppliant de pas me lâcher comme ça. Aux alentours de six heures les rues ont commencées à s'animer, les gens se sont multipliés autour de moi, ils me posaient des questions mais rien ne sortait de ma bouche, j'étais figé. L'un d'entre eux a fini par appeler les urgences, je me suis échappé avant qu'ils n'arrivent. Je ne voulais pas les voir recouvrir mon père d'un drap blanc, je n'aurais pas pu supporter cette image horrible en plus de celles qui tournent en boucles dans ma tête.

Cela fait maintenant des heures que je marche tête baissée dans les rues de Londres, les mains dans les poches, la capuche sur la tête et mes habits encore humides suite à mon plongeon. J'avance encore et m'arrête sur le pont de Westminster. Merde alors, je suis vraiment beaucoup plus loin que je ne le pensais. Je m'assois sur la bordure du pont et je laisse mes yeux se perdre dans ma magnifique ville. Mes yeux se posent sur le big ben, mon coeur se serre lorsque je vois qu'il est midi.
Ma soeur.
Je suis partit il y a huit heures et je ne l'ai tenu au courant de rien. Je saisis mon téléphone et l'éclate au sol en constatant qu'il a prit l'eau. Fais chier, fais chier, fais chier.

Les larmes me montent aux yeux et viennent rapidement me déchirer le visage. Il s'en est allé et c'est à moi d'annoncer à ma petite soeur qu'il a été trop lâche pour se battre pour nous. Je m'écroule à genoux sur le sol en laissant échapper un cri de douleur. Pas de la douleur physique, c'est de la douleur mentale et bordel c'est tellement plus horrible. Je sens une main se poser sur mon épaule.

— Eh, tu vas bien ?  Me demande un homme en caressant mon épaule. Lorsque je relève les yeux vers lui, je sens qu'il a un léger mouvement de recul, ce qui me fait pleurer d'avantage. Je.. Que s'est-il passé ? Tu es blessé ?

— Est-ce que tu peux me prêter ton portable ? Il.. Il faut que je prévienne ma soeur qu'il.. BORDEL. Mes sanglots sont de plus en plus violents et je n'ai plus assez d'air pour finir ma phrase. Je le sens retirer sa main de mon épaule et me tendre son téléphone rapidement, comme ça, sans réfléchir, sans se méfier.