Suite

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Vous vous demandez sûrement ce qui s'est passé entre le 12 janvier et cet instant là, le jour des amoureux tandis que je rêvassais dans ma chambre. Et aussi pourquoi je divaguait à propos d'amour, de famille et de futur.

Le treize janvier je me suis donc retrouvé face à deux problèmes, le futur de Sarah et mon envie de retrouver ma famille maternelle.
Pour la petite, elle trouva la solution seule, attendre un peu. Mais elle passait tout ses instants libres dehors avec sa famille si bien qu'on ne la voyait presque plus.

Au foyer cela passa plus ou moins bien, selon le vécu de chacune. Mais elles apprirent toutes la compassion et la joie d'être heureuse pour les autres. Un jolie leçon qu'elles donnèrent à tous en organisant une fête de retrouvailles. Je ne peux vous dire qui en a eu l'idée mais je me rappelle de cette journée de préparation qui me fit penser au jour de Noël. Mais elles n'invitèrent pas leur famille. Le thème de la soirée fut "pour les gens qu'on aime".
Je rencontra alors des amis, des petits morceaux de familles, des collègues et même quelques professeurs.

Il y avait du monde partout et surtout de la joie. On eu même le droit à un article dans le journal.
" Le foyer de la seconde chance nous rappelle le prix du bonheur ! " C'était ça le titre de l'article très élogieux que fit le journal local.

Pendant ce temps je continuais à enquêter et à travailler. Et ce qui arriva de plus surprenant dans ma vie eu lieu le six février. Un simple papier, un acte de naissance. Puis un rendez-vous à l'État civil, un acte de mariage, un autre acte de naissance. Un début d'arbre qui se dessine, des noms familiers. Et une seule question. Le monde est-il réellement si petit ?

Je vous ai déjà parlé de ma réaction, de celle de mon oncle, de mon cousin, du repas. Mais il manque encore quelqu'un. Quelqu'un de très important. Gaëlle. J'ai voulu lui parler mais j'ai pas pu, pas la force, manque de courage, trop de colère. Je me suis contentais de lui dire que je lui en voulais encore, qu'elle m'avait déçue. Mais rien de plus, rien de moins.

Et au final, ce soir-là je pensais à quoi ?
Au passé ? Dans un premier temps, oui. Au futur ? Bien sur, mais trop incertain. Au présent alors? Exactement ! Je pensais à maintenant, à mes décisions. Je pensais à l'avènement. L'avènement de l'avenir comme le disait Jankélévitch. Il parlait surtout de l'aventure. Mais la vie n'est-elle pas une aventure ?
Peu importe la réponse. Je savais quoi faire ce soir-là.

Un bilan. Un immense, un lourd bilan.
Je vous ai dis que sans Arthur, il n'y aurai pas eu Lucas et Laura. Et sans Laura il n'y aurai pas eu Gaëlle, le foyer. Sans ces derniers, il n'y aurai pas eu Charles, ma recherche généalogique. Sans mon cousin je n'aurai jamais su qui il était. Bizarre hein ? C'est comme un cycle étrange, le contour tordue d'une pomme de terre qui vous ramène au même endroit.
Comme la vie en somme. Memento homo quia pulvis es et in pulverem reverteris. Souviens-toi, homme, que tu es poussière, et que tu redeviendras poussière.
Cela aussi c'était nouveau, repenser ma vie avec la bible. L'ancien testament alors que ma culture devrait me guider vers le nouveau mais la foi quand même. C'était ma façon d'accepter mes racines paternelle. D'accepter mon passé en quelque sorte. L'acceptation est le premier pas vers le renouveau.

Revenons à mon propos, ma famille. Des amours, des amours pleins d'amours. Oui je sais cela fait beaucoup d'émotions, mais j'en avais besoin. J'avais désespérément besoin d'être aimée. Et ils m'ont tout donné sans rien demandé en échanges, juste tout leur bonheur. Ils m'ont ouvert les bras alors qu'ils ne me connaissaient pas, alors même que mon père leur a volé une des leurs.

Mais pour eux j'étais de leur famille, du même sang, et rien n'était plus important. Charles m'a parlé pendant des heures du fait que la famille c'est le plus important, que j'ai toujours eu une famille. D'abord mon père, Silvia et Alex, puis Lucas et Lilia, et Gaëlle, les filles du foyer, lui et sa femme, sa ou plutôt notre famille. Et ma mère qui veille sur moi depuis toujours.

"Dans une famille il y a des gentils, il y a des méchants, des idiots et des génies. Il y a ceux qu'on aime et ceux qu'on aime pas. Une famille c'est comme un petit morceau du monde. Et il faut de tout pour faire un monde alors on trouve de tout dans une famille. Chéris la tienne car tu n'en a qu'une. Fais payer les coupables et pardonnent à ceux qui n'ont fait que de simples erreurs. Écoute ta grand mère ses paroles sont sages. Le pardon est la clef du bonheur. Dans ta colère il n'y a que de la haine, débarrasse toi d'elle et embrasse la joie du futur. La vie n'attend que toi !"

Ses paroles tournaient en boucle. Qui était qui ? Ceux que je devais condamner : mon père. Ceux qui ont fait des erreurs : Silvia, Alex, Gaëlle. Il me restait tant à faire mais tout était plus simple.

Alors je me suis retrouvée au matin du 14 février 2018 devant le miroir de la petite salle de bain seule à réfléchir. C'est à ce moment-là que Caroline entra.

- Je pensais justement à toi ! Lui criai-je sans réfléchir.

- Ah oui ! Et tu pensais à quoi ? Rigola-t-elle en me voyant prendre des couloirs.

- Oh à rien... Juste qu'on est aujourd'hui et que... bredouillai-je.

- Que ? Insista-t-elle.

- Les filles n'arrêtent pas de parler de cette journée, toutes sauf toi. Alors je me demandais juste ce que tu avais prévu.

- Et alors ? Se moqua-t-elle. Tu as prévu quoi ?

- Ha moi ? Bah rien... murmurai-je.

- Crache le morceau ! Ordonna Caroline hilare. C'est ce que j'aime chez elle, sa spontanéité, son humour, son rire, son sourire aussi.

- On va boire un verre ensemble ce soir ? Proposa-t-elle enfin trop impatiente devant mon silence gêné.

Quand je voulu lui répondre des filles entrèrent en courant pour arriver les premières aux douches. Je lui fit juste un signe de la tête avant de sortir. La journée fut bien trop longue malgré quelques bonnes nouvelles. Un sms de Lucas à cause d'Ilona. Je pensais pas qu'il viendrait me demander si vite des conseils. C'en était même risible. Je préférais encore quand ce fut Alex qui m'appela. « Je lui offre quoi à Lilia ? » Et quand elle vint à son tour chercher de l'aide cela devint la meilleure blague de toute ma vie. Je resta presque dix minutes à rire pliée en deux sur mon téléphone. Heureusement que personne ne le vit sinon j'aurais eu l'air totalement folle.

Caroline passa en coup de vent au foyer en début d'après-midi avant de retrouver ses amis en ville. À ce moment-là j'étais au téléphone avec le CCAS pour de la paperasse. Je vis soudainement un bout de papier apparraitre dans mon bureau. Un bruit sourd m'indiqua que la porte d'entrée venait de se fermer. D'après l'enfincre bleue sur la cellulose, je devais la rejoindre sur la promenade à 19 heures. C'était le rendez-vous qui me causa le plus de stress et d'angoisses de toute ma vie. Peut-être parce que je ne savais pas si c'était une soirée entre amies ou un rencart.

J'arrivai en avance pour profiter de l'air marin. Quand je la vis arriver j'étais fixée sur la nature de notre soirée. Elle était magnifique. Arrivée à son niveau je me sentis minuscule et bien laide aussi. Talons hauts, robe de soirée, maquillée. Non pas que je n'avais pas fait d'efforts. Mais quand on vit en sweat et jogging à l'année, mettre un jeans et un chemiser c'est déjà le bout du monde. Je crois qu'elle compris bien vite ce qui me passait par la tête car elle se pencha vers moi et me chuchota quelques mots au creux de l'oreille avant de rire. Avec Caroline tout devenait plus léger, plus drôle.

On réalisait pas encore ce qu'on allait devoir affronter le lendemain matin. On s'était faufilées dans le foyer à trois heures du matin bien alcoolisées jusqu'à nos lits respectifs et ce n'était pas passé inaperçu.

Des dizaines de questions, de blagues, de rires. Je savais qui accepteraient et qui nous rejetteraient. C'est douloureux parfois d'avoir raison. Mais j'étais la directrice et elles allait devoir plier. Cela passa vite, en quelques jours à peine. Les jours filèrent à vive allure emportés par le quotidien.  

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Encore un petit chapitre
Et je n'aurai qu'une seule question :
Quelle(s) question(s) vous posez vous encore sur mon histoire ? Que voulez vous découvrir, savoir ?

Juste une seconde chance [Terminée]Where stories live. Discover now