Chapitre 19 - Mamie Adélaïde aime les potins

Start from the beginning
                                    

Mais pousse-toi, bon sang !

— Je vous gêne, peut-être ? Vous semblez regarder par-dessus mon épaule, mais avec votre petite taille, ça ne doit pas être évident.

Et en plus, il se permet des commentaires désagréables.

— Vous savez ce que l'on dit ? Petit, mais puissant !

— Vous vous prenez pour un bidon de lessive pour me sortir un vieux slogan publicité ?

Merde. Je pensais que ça allait marcher et qu'il n'y verrait que du feu.

— Du tout, c'était un avertissement. Bon, par contre, vous gênez réellement le passage donc auriez-vous l'amabilité de vous pousser ?

— Non, répond-il sèchement à ma requête que pour une fois, j'avais formulée avec le peu de gentillesse que j'avais en moi.

Notez mon effort. J'ai essayé d'être gentille. J'ai vraiment essayé.

— Bougez votre carcasse de là, bon sang !

— Et puis quoi encore ? Je suis le plus proche du distributeur donc j'irai me servir le premier.

— J'étais là la première !

— Faux, vous étiez par terre en train de faire la carpette.

— À cause de qui, hein ?

— Certainement pas à cause de moi. D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas remercié de vous avoir évité un trauma crânien.

— Un... un trauma crânien ! Ce qu'il ne faut pas entendre ! Je ne suis pas aussi fragile, moi !

— Et moi j'attends que vous vous poussiez de mon chemin ! Pourquoi faut-il que vous soyez toujours là où je suis ? Mon appartement et mon travail ne vous suffisent pas, c'est ça ? Vous avez décidé de m'envahir complètement !

— Si je savais que vous étiez dans cet hôpital pour une quelconque raison que ce soit, je serais volontairement allé dans une clinique privée plutôt ! Je tombe malade rien qu'en vous regardant !

— Quoi ? Malade ? Et moi donc ! Votre simple existence est une menace pour mon bien-être et ma sérénité !

— Menace ? Alors que vous avez littéralement acheté une arme afin de me nuire avec votre boule de poils ? Je sais que votre bestiole vient dans mon appartement.

Pire que des gamins. Je suis même surprise de ne pas voir débarquer la sécurité pour nous foutre dehors tant notre altercation commence à monter en volume.

— Faute à pas de chance, il faut dire que si vous aviez réparé le trou plus tôt...

— Ce n'est pas moi qui l'ai cassé, à ce que je sache.

— Ce n'est pas moi qui me suis virée de chez moi, à ce que je sache.

Si cette scène devait être tirée d'un dessin animé, je pense que l'on pourrait facilement percevoir les éclairs entre nos yeux.

Il n'y avait pas plus insupportable que cet homme.

— Vous savez quoi ? Je n'ai même plus envie de café ! Je vous laisse, fais-je résignée.

— C'est lâche, la fuite comme méthode.

— Je ne fuis pas !

— Pourtant, vous me tournez déjà le dos, Philippine.

— Parce que vous avoir en face de moi m'épuise.

— Ah, te voilà toi !

M'apprêtant à me retourner, je suis arrêtée dans mon geste par la présence d'Adélaïde.

—Je te demande quelque chose et tu mets un temps fou ! Oh ! Philippine ! s'étonne cette dernière en me voyant.

— Mamie, tu la connais ? demande Olivier en me pointant du doigt.

— Bien sûr !

S'apercevant certainement de la tension s'étant installée dans le couloir, elle nous regarde tous les deux avant de nous demander :

— Vous vous connaissez, tous les deux ?

On se regarde et, en chœur, on en vient à la même conclusion.

— Absolument pas !

Pourtant, Adélaïde rit.

— Donc c'était elle la jeune femme dont tu me parlais et que tu trouvais jolie, mais avec un horrible caractère.

— Mamie !

— Quoi ? Tu sais, les compliments sont si rares de nos jours et puis on est jeune qu'une fois, non ?

Toute fière de cette découverte, je regarde Olivier qui s'entête alors à fixer ailleurs, faisant mine de m'ignorer totalement.

— Donc je suis jolie ?

— Passable ! Ce que je voulais dire, c'est passable.

— Ce n'est pourtant pas le terme que tu as utilisé, Oli !

— Ça suffit maintenant ! Je te ramène dans ta chambre, la fatigue te fait perdre la tête et tu dis toutes sortes de choses, c'est fou ça !

— Au plaisir, Philippine ! Et n'hésite pas à venir me voir quand Grincheux ne sera pas là, fait Adélaïde en me saluant.

— Promis ! J'y penserai.

Je pense que j'ai encore tout un tas de choses à apprendre sur Olivier Joyeau.

Et s'il ne brille pas de par son nom de famille, mon intérêt pour cette personne vient tout juste de luire. 

Philippine - Tome 1Where stories live. Discover now