Quand je suis né

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Tout d'abord, je dois vous dire que cette histoire est vraie et que je la raconte en particulier pour car il aimait ce genre de contes quand il était enfant, des histoires un peu dramatiques et qui finissent bien.

Je suis né il y a près de 45 jours sur le balcon de Rimel ; Ma sœur ou mon frère a disparu quelques jours après notre naissance et ni Rimel ni moi ne sauront vous dire ce qui a bien pu lui arriver. Au début, ma maman était toujours là et j'étais très heureux.

Après, elle a commencé à partir mais elle revenait bien vite et c'était la fête, elle me mettait de la nourriture dans le gosier, m'épouillait le duvet et me réchauffait sous son ventre. Parfois nous étions perturbés dans nos ébats par Rimel qui ouvrait la fenêtre donnant sur notre balcon et ma mère, pas rassurée, s'empressait de partir.

Quand ma maman a commencé à s'absenter de plus en plus fréquemment et de plus en plus longtemps, Rimel a commencé à s'inquiéter pour moi. Au bout de deux jours et ne voyant toujours pas maman près de moi, Rimel prépara un bol rempli de riz bouilli et le mit tout près de moi ainsi qu'un peu d'eau dans une petite coupelle. Mais, ne sachant pas encore quoi en faire, je ne m'en approchai point d'autant plus que je savais à peine marcher. Ce soir là, Rimel regarda par la fenêtre et remarquant que la nourriture avait disparue, compris que c'était un autre pigeon adulte, peut être ma mère qui l'avait mangée. Elle décida alors de refaire la même chose le jour d'après et les jours suivants en espérant que n'ayant plus à chercher sa nourriture, cela retiendrait ma mère auprès de moi. En tout cas, ce fût une bonne idée, parce que j'avais bien ma maman auprès de moi, ...du moins le temps de son repas et j'étais tout content de la retrouver. Je poussais des petits de cris de joie et je l'embrassais encore et encore avec mon petit bec.

Au bout de quelques jours, Rimel, cherchant probablement à faire l'intéressante et tout de même un peu inquiète pour moi, évoqua ma situation à un de ses amis qui lui indiqua un site Internet spécialisé dans la vie de pigeon.
Sitôt lu, sitôt fait : Je vous passe les tentatives avec des seringues vite abandonnées, les grains de riz et les boulettes de pains partout et jusqu'à dans mon cou et mon jeune plumage, je servais patiemment de cobaye aux débuts chaotiques d'une mère adoptive pas bien douée. Mais ma nouvelle maman était bien décidée à me nourrir et relut les recommandations des spécialistes. Me voilà maintenant langé dans un de ses tee shirt, bien calé sur ses genoux, Rimel me tient plus au moins fermement la tête avec la main gauche, m'ouvre le bec avec la main droite et dépose une bouchée de riz ou de pain dans mon gosier. Une fois le repas terminé, elle me fait boire quelques gouttes d'eau à l'aide d'une petite seringue et me remet ensuite dans le bac à fleur où je suis né et ou je vis encore. Quand ma vraie maman rentrait de ces voyages, il ne lui restait plus qu'à me débarbouiller un peu la tête et le cou. D'ailleurs, une fois, Rimel aussi m'a lavé la tête après un repas un peu plus chaotique que d'habitude.

Je grandissais à vue d'œil mais je ne savais toujours pas marcher et encore moins voler. J'ai fait mes premiers pas sur le sol de la cuisine à l'âge de quatre ou cinq semaines mais le sol était glissant et ce n'était pas facile. Il était devenu urgent que j'apprenne à manger, à marcher et à voler avant que je ne prenne plus de poids et que je sois handicapé.
Jean-Pierre, le chevalier servant de Rimel accepta volontiers de m'héberger dans son jardin pour que j'y apprenne la vie. Je fis alors ma première sortie dans le vaste monde et nous allâmes tous les trois dans le bois d'à coté pour m'habituer à l'herbe et à un autre environnement sonore et visuel. J'avoue que je ne comprenais pas trop ce qui m'arrivait: Rimel me lançait dans les airs et je devais atterrir sur son bras. Je ratais souvent ma cible et même si je n'avais pas vraiment mal, je n'avais pas vraiment envie de recommencer. Voilà maintenant que Rimel me dépose sur l'herbe et qu'ils partent tous les deux me laissant seul. Je regarde à gauche, à droite, encore à gauche, à droite, je fais quelques pas hésitants et j'avance vers Jean-Pierre, qui m'attendait gentiment. Jugeant l'expérience satisfaisante, nous partons en voiture pour ma nouvelle demeure dans les bras de ma maman. Comme je suis secoué ! Comme le trajet est long ! Je ne peux pas me retenir, allez hop, je lâche une fiente sur le bras de Rimel. Elle est un peu agacée mais n'a pas l'air en colère ! 

Je m'appelle ColomboWhere stories live. Discover now