Chapitre 2 . Kate

Depuis le début
                                    

— Si j'entends ne serait-ce qu'une légère rumeur sur le fait que tu poses encore une fois tes doigts grassouillets sur elle, je m'assurerai personnellement de te couper chacune de tes phalanges. J'espère avoir été clair.

Cette menace faite à mon patron me décontenança. De quel droit se le permettait-il? Je n'avais certainement pas besoin d'aide, et encore moins venant de lui. Ce n'était pas parce que je le payais régulièrement qu'il avait le droit de s'immiscer dans ma vie. Il était clair qu'il fallait que je mette des barrières très nettes à notre prétendue relation. Et ce, dès ce soir.

Je rentrai en traînant les pieds, la fatigue pesant sur mes épaules. La voiture de Chris était garée devant notre maison, tous feux éteints. Son propriétaire était adossé contre la carrosserie brillante, les bras croisés, à m'attendre. Il m'emboîta le pas et ferma la porte derrière nous. Rapidement, j'allai chercher l'enveloppe que j'avais planquée dans le meuble télé, à l'intérieur d'une jaquette de DVD. Leslie était toujours à l'affût. Il fallait sans cesse que je me renouvelle pour qu'elle ne pioche pas dedans.

— Je pense que j'aurai le temps de réunir l'argent du prochain versement d'ici trois semaines, si ça te va, lui dis-je en lui tendant son dû.

— Pas de problème.

Il tenta de me prendre l'enveloppe, mais je tins bon.

— En ce qui concerne ta venue surprise sur mon lieu de travail, nous sommes bien d'accord que c'est la première et dernière fois ?

Une expression de stupéfaction puis de mécontentement passa dans ses yeux bleus.

— Serais-tu en train de m'ordonner de ne plus foutre les pieds dans ce garage moisi ?

Le ton bas de sa voix me fila la chair de poule. Cependant, il fallait que je campe sur mes positions.

Courage, Kate !

— Que ce soit ce garage, les bureaux dans lesquels je fais le ménage ou n'importe où ailleurs. Le seul endroit qui t'est accessible est le restau. Là-bas, les gens ont l'habitude de te voir.

— De me voir ?

Sa voix devint éraillée et ses yeux s'assombrirent, ne promettant rien de bon. Il lâcha prise et s'avança vers moi jusqu'à ce que son corps bute contre le mien. Je trouvai le courage de ne pas reculer, malgré la menace silencieuse qui émanait de sa personne.

— Tu es en train de me dire que tu ne veux pas qu'on nous voie ensemble ?

— J'ai besoin de garder ces jobs, Chris. Le fait que tu viennes intimider mon patron ne va pas m'aider.

— Il t'a virée ?

Heureusement que non parce que, vu son attitude, il aurait pu le tuer rien que pour cela visiblement.

— Non ! Bien sûr que non ! Il a tendance à...

Mieux valait taire les lourdes méthodes de drague de mon boss. Mon interlocuteur n'était pas réellement prêt à entendre cela.

— Je n'ai pas besoin que quelqu'un vienne jouer les gros bras ! Je sais me protéger seule. Je sais gérer cette foutue vie, seule ! Tu n'as pas à t'immiscer dans tout ça ! Ça ne te regarde en rien.

— De quoi as-tu peur, Kate ? Je ne fais que te faciliter les choses.

— Mais je ne veux pas que tu interfères là-dedans ! Au bar, tout le monde sait que tu es proche de Leslie et ça s'arrête là. Mais, ailleurs, personne ne connaît nos liens. Je ne veux pas perdre mes différents emplois parce que l'on m'associe à toi !

Hais-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant