Roses

Life's a bitch

J'ouvre les yeux, d'abord aveuglée par la lumière. Est-ce vraiment moi ? Ai-je vraiment réussi ? Il y à a peine quelques secondes, il y avait un bruit insoutenable tout autour de moi. Désormais, c'est le calme de ma chambre d'hôpital qui est insoutenable. Je regarde sur ma gauche, persuadée d'y trouver mon père, mais ne vois qu'une chaise vide. Lorsque je tente de me redresser, une douleur fulgurante secoue mon corps tout entier. J'ai l'impression qu'une partie de moi est partie à tout jamais. Je tente à nouveau de me redresser mais comprend vite que mes jambes ne répondent pas, et je me mets à paniquer. La machine émet alors un « bip bip » strident qui me vrille les tempes et je tente de me couvrir les oreilles mais mon bras droit ne bouge pas. Je baisse le regard et découvre que mon bras est dans une écharpe bleu marine.

Je ne me souvenais absolument pas avoir été blessée. Le plus important était Lily.

Et Alena.

Oui ! Alena était également avec moi ce jour-là. Il faut que je sache comment va ma sœur. Que je sache si elle est en bonne santé. Ou en vie. Une femme vêtue d'une longue veste blanche apparaît dans ma chambre, l'air affolé.

-Bonjour, Rose. Comment te sens-tu ? Arrêtes de t'agiter, me dit-elle en s'approchant de moi.

Un autre docteur fait son entrée.

-Ma sœur, où est-elle ? Je demande en les ignorant.

Ils me disent quelque chose chacun leur tour. La femme m'ordonne de me calmer.

-Je veux savoir où est ma sœur, s'il vous plaît.

L'homme se rapproche de moi et me pousse contre le dossier du lit, pour que je me tienne bien droite.

-Tout va bien, tu es en bonne santé, c'est ce qui compte, me dit-il.

Alors je perds patience. Je sens la colère monter très rapidement dans mon estomac et leur hurle dessus ;

-Je veux simplement savoir où est ma sœur ?! Est-elle en vie ? Est-ce que Lily va bien ? Je hurle, à  bout de souffle.

Alors le visage de la femme se ferme. Elle me regarde, d'un air désolé, puis lance un regard étrange à son collègue.

Il pose une main sur mon épaule libre et plante son regard dans le mien ;

-Je suis désolée. Elle n'est plus parmis nous. Elle est décédée lors de l'attentat, annonçe-t-il.

Alors mon coeur s'arrête.

Je le savais au fond de moi.

C'était moi qui tenais son corps sans vie au milieu de la foule de gens en délire.

C'était moi qui criait à l'aide, les mains pleines de sang.

Alors sans que je m'en rende compte, je me retrouve pratiquement debout, à balancer tout ce que je trouve sur les deux docteurs. C'était impossible, je ne peux pas l'avoir perdue.

-Rendez-moi ma sœur ! Hurlais-je. Je veux au moins la voir.

Deux infirmières arrivent au pas de course dans la chambre et tentent de me calmer, mais j'en envoie une contre le mur. Le docteur se rapproche et me pousse contre mon lit, me maîtrisant avec force. Je me sens haineuse, mais forte et puissante.

Je peux sentir mon cœur taper contre ma poitrine et mon sang pulser dans mes tempes. J'entre dans une rage sans nom. La douleur est tellement forte que mon corps préfère m'en préserver et la transforme directement en colère. Il faut que je brise quelque chose.

Quelque chose d'autre que mon cœur.

Un bon groupe de jurons sort tout seul de ma bouche et j'épuise ma réserve d'insultes sur les médecins.

D'un coup, je sens un picotement vif sur mon épaule gauche et fusille l'infirmière du regard.

Je la hais.