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Thème/sujet : Lettre à un être cher.

Tu me manques.

Je le dis crûment, sans fioritures, de tout mon coeur, car c'était le fondement de notre relation.

L'authenticité.

Tu étais l'être le plus authentique que j'aie jamais connu. Le plus intègre, mais aussi le plus franc. Tu ne t'embarrassais pas des qu'en dira-t-on, tu vivais ta vie le pied sur le champignon, tu te nourissais de tes passions (et de pommes chipées chez le voisin).

Depuis ta mort, héroïque certes, mais non moins tragique, j'ai continué à être fidèle à moi-même, fidèle à celle que tu appelais affectueusement "la cousine". Ta cousine de la ville a prit ta mort comme un guide, qui lui murmure de profiter de la vie et de ce qu'elle nous apporte à chaque instant.

10 ans.

Dans exactement un mois, cela fera dix longues années que tu as quitté cette terre. Dix ans durant lesquels j'ai continué de vivre, de sourire, de rire.

10 ans

Tu ne me reconnaîtrais plus. Ou peut-être que si, puisque je n'ai pas vraiment changé. J'ai juste décidé de m'écouter plus, de faire ce que j'aime.

En dix ans, j'ai eu le temps de finir deux romans, d'en commencer une multitude d'autres, de rencontrer l'homme de ma vie, aussi.

Savais-tu que vous vous connaissiez? J'aime croire que c'est toi qui me l'a envoyé. Sinon, je sais que tu l"aurais aimé. Parce qu'il me rend heureuse, parce qu'il est drôle, intelligent, et qu'il me fait penser à toi. C'est un homme honnête, qui aime bouger, essayer plein de nouvelles choses, qui a à coeur le bien-être de sa famille.

Cette année, en septembre, cela fera 10 ans qu'il est dans ma vie. Tu vois la coïncidence?

10 ans.

J'ai aussi commencé à fonder une famille. Tu adorerais ma fille. Elle a un tempérament de feu, comme toi. Elle court partout, grimpe partout... Une boule d'énergie brute. Une fillette adorable qui me ressemble trait pour trait.

En mai, j'accoucherai de mon deuxième et probablement dernier enfant. Un petit garçon qui, j'en suis certaine, aura le même tempéramment que les hommes de notre famille : un homme bon, robuste et qui aime apprendre et faire des choses concrètes à l'aide de ses dix doigts. Ou, en tout cas, il sera intègre et assumera ses choix et ses préférences.

Et s'il désire devenir pompier, je lui raconterai comment tu as sauvé la vie des autres avant de sauver la tienne.

Je dirai à mes enfants que tu as laissé ta vie pour que d'autres conservent la leur.

Je leur dirai à quel point tu étais une personne fantastique, un bon vivant.

Que tu es ailleurs maintenant, mais que tu veilles constamment sur nous et que c'est grâce à toi s'ils ont le meilleur papa du monde.

Tu me manques, mais je sais que tu vis ici, au fond de mon coeur, dans ces souvenirs que je chérirai toujours.

Nos escapades en forêt pour attraper des grenouilles, dans les arbres pour relaxer au soleil couchant en dévorant des pommes, dans un étang à pêcher, au cinéma, ton empreinte dans la neige de 2008, dernière trace de ta présence avant la fonte, avant ton moment de gloire, ton moment funeste.

Cet aurevoir onirique, première et dernière danse avec toi qui m'a permis d'aller de l'avant plus vite et de faire tout ce que j'ai fait en dix ans.

Je t'aime, cousin.

***

Je tombe rarement dans la mélancolie, mais ce matin j'ai eu envie d'exprimer mon chagrin.

Ce n'est pas une fiction, malheureusement.

BagatellesWhere stories live. Discover now