Une enfant, des soucis, un perturbateur. Un pari.

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Zero se tordit les mains nerveusement. Avec Harlock. Qu'est-ce qu'il lui avait pris, nom de Dieu !

— Faut que j'y aille, conclut-il.

Il retrouva avec un rictus de dégoût le glisseur d'Harlock et lui adressa un regard assassin avant d'entrer dans l'habitacle. Il écarta l'idée de prendre un véhicule moins retors : même si son absence n'avait somme toute été que de courte durée (moins de deux heures, trajets compris), il retrouverait très certainement le capitaine de mauvaise humeur et tenait à éviter d'empirer la situation en lui rendant un engin insuffisamment motorisé pour passer ses nerfs.

Il ne poussa cependant pas le vice jusqu'à affronter en glisseur le front de mer congestionné. La ville avait aménagé à bonne distance un immense parking très largement pourvu en places libres – les touristes étaient partout les mêmes, ils préféraient tourner en vain dans l'espoir de trouver une place directement sur la route côtière plutôt que de marcher quelques centaines de mètres de plus. Zero quant à lui n'hésita pas une seule seconde : il se gara aussitôt, jura de ne plus jamais approcher ce maudit glisseur, et termina à pied. Tandis qu'il marchait d'un bon pas pour rejoindre le front de mer, il plissa les yeux en direction de la plage. Il n'entendait pas de sirènes de police ni ne voyait la fumée d'une explosion, et aucune foule affolée ne semblait fuir l'épicentre d'une catastrophe. C'était déjà un bon signe, mais le médecin ne serait rasséréné que lorsqu'il aurait Lydia en visuel.

Le soleil brûlant n'était toutefois pas clément envers les marcheurs pressés et, alors qu'il remontait une file interminable de restaurants, Zero commençait à regretter avoir abandonné si tôt son moyen de transport (le glisseur d'Harlock était capricieux, mais climatisé).

Soudain, il se figea. Il venait d'apercevoir deux visages connus parmi la foule de vacanciers anonymes, et il ne s'agissait pas de membres de l'Arcadia.

— Commandant Zero ? Commandant Oki ? Qu'est-ce que vous faites là ?

Attablés à la terrasse d'un café, le commandant Warrius Zero et Marina Oki, son second sur le Karyu, paraissaient avoir décidé eux aussi de profiter du beau temps (et d'une crêpe, apparemment).

— Nous prenons le soleil, docteur, répondit son homonyme d'un ton soigneusement étudié pour rester neutre. Comme vous, de toute évidence.

Le médecin évalua rapidement la distance qui le séparait de l'endroit où il avait laissé Lydia (et donc où devait très logiquement se trouver le hors-la-loi le plus recherché de la galaxie). Okay... Il ne se prétendait pas expert en opérations d'observations sur le terrain, mais il lui semblait bien que cette terrasse était positionnée à un endroit idéal pour voir sans être vu.

— Vous êtes en surveillance ? insista-t-il sans se soucier de laisser transparaître ou non l'accusation implicite.
— Nous prenons le soleil, répéta Warrius Zero avec une intonation un peu plus agacée. Ce n'est pas parce qu'on appartient à la Flotte Terrienne qu'on ne peut pas se détendre.

Le médecin croisa les bras et gratifia les deux militaires d'un regard inquisiteur.

— Ouais, à d'autres. Écoutez, on ne va pas tourner autour du pot. Vous et moi savons très bien qu'Harlock est sur cette plage et qu'il...

Zero ne termina jamais sa phrase. Un endroit idéal pour voir sans être vu, en effet. C'était d'autant plus vrai que sur la plage, le « hors-la-loi le plus recherché de la galaxie » n'avait pas l'air très concerné par le fait d'être vu ou pas.

Harlock faisait voler Lydia.

Torse nu, le pirate tenait la petite fille à bout de bras. Il tournait sur lui-même pour que l'enfant décolle du sol et virevolte en un mouvement ondulatoire parfaitement maîtrisé.

Points de vueWhere stories live. Discover now