Une enfant, des soucis, un perturbateur. Un pari.

Depuis le début
                                        

« ... un émoussement des émotions... »

Le docteur se força à se maîtriser. Respire calmement. Sois professionnel. Les « activités ludiques » permettaient de baisser le niveau de stress. Dans cette optique, le choix d'un environnement calme et sécurisant s'avérait vital. Donc Lydia ne bougerait pas, et quelqu'un lui tiendrait compagnie. Quelqu'un qui aurait bien besoin lui aussi de se sortir plus souvent l'esprit d'un environnement stressant. Zero s'empêcha à temps de sourire.

— Okay, décida-t-il. J'y vais.

Il hésita, jetant un coup d'œil furtif vers le parasol turquoise. Bien sûr, il pouvait confier la fillette à Marjorie. La jeune femme était sérieuse et, la connaissant, elle se serait acquittée de cette tâche avec plaisir. Par sa formation de psychologue, elle était d'ailleurs probablement la personne la plus indiquée pour l'accomplir. Toutefois... Zero saisit soudain le poignet d'Harlock. Toutefois, il était le médecin en chef de l'Arcadia. La santé physique et mentale de tous les membres d'équipage le concernait. Y compris celui dont le passe-temps favori semblait consister en un jeu compliqué de cache-cache émotionnel.

Il fallait juste être plus vicieux que lui. Et très rapide.

— Je reviens dès que possible. Surveillez Lydia en attendant.

Très très très rapide.

Trop tard pour embrasser Lydia, trop tard pour expliquer la manœuvre à Marjorie. Il fallait qu'il soit parti avant qu'Harlock ne comprenne ses intentions.

— Eh, doc ! Attendez ! Je ne...

« Ne te retourne pas », se répéta Zero. « Si tu t'arrêtes pour argumenter, c'est cuit. »

Un pari. Le capitaine de l'Arcadia était réputé ne pas plaisanter avec la sécurité de ses hommes, même (surtout ?) s'il s'agissait d'une enfant de six ans. Zero avait dit « surveillez-la », ce qui, si l'on se plaçait selon la vision du monde telle que pouvait l'avoir un pirate hors-la-loi, sous-entendait un danger. Harlock resterait.

Et, comme aux dernières nouvelles le capitaine ne se comportait pas encore en psychopathe incontrôlable, à son retour la plage ne serait pas à feu et à sang. Avec un peu de chance, Harlock se détendrait vraiment et ça ferait des vacances pour tout le monde à bord, espéra Zero en montant dans le glisseur que le capitaine pirate avait abandonné sous un panneau « stationnement interdit ». Dans le cas contraire, eh bien... Non, mieux valait ne pas y penser.

Le médecin batailla avec les commandes du glisseur pour s'extraire de la circulation. L'engin n'était définitivement pas conçu pour se mouvoir en ville... et il appartenait bien à Harlock, aucun doute là-dessus. Peint d'un noir mat, le glisseur était nerveux, bien trop puissant pour un appareil de cette taille, équipé de renforts blindés aux portières et de beaucoup plus de boutons qu'il n'en fallait sur le tableau de bord. De toute évidence, Tochiro s'en était donné à cœur joie du côté des gadgets amusants expérimentaux. Le doc n'aurait pas été étonné de trouver un lance-missiles entre les sièges, et tout bien réfléchi ce n'était pas du tout rassurant.

Heureusement, le panneau du visio-com restait facilement identifiable.

— Zero pour l'Arcadia, annonça-t-il en ouvrant le canal d'urgence. Je rentre. Vous pouvez me prendre en commandes à distance ?

Il y eut un léger temps d'attente (mais c'était normal, les communications de l'Arcadia étaient toujours chiffrées avec trois ou quatre clés successives, même les processeurs boostés de Tochiro ne pouvaient traiter le signal de manière instantanée). Finalement, l'écran du visio-com afficha le visage de Kei.

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