Chapitre Quatorze : un portrait

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Claudie était là, enfin. Elle n'était pas absente depuis longtemps, mais cela m'avait paru une éternité. Jean l'avait serré dans ses bras pendant de longues minutes en ne voulant plus la lâcher de peur qu'elle s'évapore devant ses yeux. Claudie s'était ensuite dirigée vers moi pour me prendre dans ses bras. Elle m'a longuement remercié d'être venue jusqu'ici. Elle m'a aussi expliqué qu'elle avait eu peur de devoir imposer sa grossesse à ses parents et que la seule solution qu'elle avait entrevue était de fuir. Peu importe, nous étions ensemble désormais.


21h30 - Hôtel de Paris.


Jean et Claudie était dans leur chambre. Nous étions, Hermann et moi dans la nôtre et nous lisions tous deux près du feu de cheminée. Je me redressais et je relevais mes yeux vers Hermann.

-"Hermann... Je..." 

Il relevait son visage vers le mien et attendait que je termine ma phrase.

-"Je vous remercie, sincèrement. Pour votre aide." 

Il souriait et fermait son livre avant de le poser sur la table qui se trouvait près de lui.

-"Louise, je vous en prie. Ne me remerciez pas. Je suis heureux de voir que nous avons retrouvé Claudie et qu'elle se porte bien". 

Je hochais la tête en souriant mais une pensée vint obscurcir mon esprit.

-"Mais... Et le gradé avec qui Claudie est parti. Il risque de vouloir la retrouver ne pensez-vous pas?" 

Hermann se redressait et passait une main dans sa chevelure.

-"C'est possible oui. Mais n'en soyez pas préoccupée Louise. Je vous assure que même dans le pire des scénario, je m'occuperai personnellement de son cas." 

Je pinçais mes lèvres avant d'attraper mon cahier de dessin que j'avais emporté avec moi. Je me relevais ensuite les yeux vers Hermann en souriant.

-"Accepteriez-vous d'être mon modèle ?" Je sortais mes crayons en faisant un grand sourire à Hermann qui baissait la tête, gêné. 

-"Serais-je réellement un bon modèle?" Je riais en hochant la tête.

-"Bien sûr ! Vous pouvez continuer de lire en attendant". 

Les joues d'Hermann se teintèrent d'une légère coloration rosée qui lui donnait un air tout à fait adorable. Bien entendu je n'en fis pas la remarque à voix haute. Je traçais alors quelques traits de construction qui devaient me servir de base. Je relevais ensuite les yeux vers le visage de mon modèle et commençais à en dessiner les contours. Après un certain temps, j'approchais de la couleur et tentais de choisir les teintes les plus adaptées. Ce n'était pas mon meilleur dessin, mais je suis assez contente du résultat. Le dessin est très ressemblant même si j'y vois quelques défauts. Je me redresse et m'approche d'Hermann en lui donnant le dessin.

-"Voici". 

Je rangeais nerveusement mes mains derrière mon dos, effrayée qu'Hermann n'apprécie pas mon dessin. Il attrapait mon carnet et scrutait longuement le dessin avant qu'un grand sourire prenne place sur son visage.

-"Ce dessin est superbe Louise. Vous m'avez beaucoup trop embelli". Je le regarde offusqué en riant : 

-"Vous plaisantez ! Je vous ai fait tel que vous êtes !" 

Hermann souriait et se redressait en attrapant ma main dans la sienne avec une grande douceur.

-"Dois-je en déduire que vous me voyez comme cela?" Il montrait, de sa main libre, le dessin qu'il tenait.

-"Bien évidemment". Je relevais les yeux vers lui en serrant sa main dans la mienne. Je dois bien avouer que d'être au contact d'Hermann me rendait terriblement nerveuse. J'avais l'impression de perdre mes moyens. Il faisait tomber chacune de mes barrières et chacunes de mes peurs semblaient disparaître lorsqu'il était là.

Le sourire d'Hermann était toujours sur son visage alors qu'il rapprochait ma main de son visage pour y déposer ses lèvres.

-"Merci. Ce dessin me touche beaucoup. Vous êtes très talentueuse Louise, sincèrement". 

Je lâchais un "merci" presque inaudible. Hermann était si proche et pourtant j'en voulais plus. Je voulais qu'il s'approche encore pour que je puisse me glisser entre ses bras. Cet instant aurait pu durer encore si quelqu'un n'avait pas frappé à la porte. 

Je relevais mes yeux vers Hermann en souriant tandis qu'il relâchait ma main et qu'il posait le dessin sur la table. 

-"Entrez". 

Jean et Claudie entrèrent dans la pièce en nous souriant. Ma cousine s'approchait de moi et scrutait attentivement mon visage : 

-"Mm. Chère cousine. On dirait que tu as de la fièvre. Tu es toute rouge !" Elle s'approchait encore de moi et posait sa main sur mon front. Je la regardais et secouait négativement la tête : 

- "Non non, je vais bien." Claudie plissait les yeux et s'approchait d'Hermann.

-"Dis donc, caporal." 

-"Hum Claudie..." Jean intervint tandis qu'Hermann souriait en levant un sourcil. Jean attrapait la main de sa fiancé en chuchotant : 

-"Monsieur Stein est colonel, pas un caporal". Le visage de Claudie s'illumine tandis que sa bouche forme un "o" parfait.

-"Je reprends." Lance t-elle : "Dis donc, colonel, qu'avez-vous fait à ma cousine pour la mettre dans un tel état ?" 

Hermann sourit à la remarque de Claudie tandis qu'elle s'assied de nouveau sur son siège. Quant à moi je regardais Claudie, terriblement nerveuse. 

-"Claudie voyons..." 

Ma cousine crosait les bras sur sa poitrine en me souriant, curieuse. 

-"Allons allons, ces choses là se voient..." 



Les Corbeaux dans le ciel, Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant