Correspondance à un revenant

Constance est un coeur brisé qui se balade dans la vie, parmi tant d'autres. Elle trimballe son bagage amoché par la perte d'un être cher comme tellement de personnes avant elle. Parfois elle tente de se consoler, de ce dire que ce n'est qu'une putain de fissure qui finira bien par se refermer. Mais, il y a toujours un élément qui vient se coincer dans l'engrenage pour nous faire perdre les pédales. Pour Constance, c'est un coup de fil de la mère de Théo. Une vulgaire succession de phrases, de mots, pour lui annoncer qu'avant de les abandonner il a laissé une trace de son passage sur cette foutue Terre. Ça paraissait simple se franchir le seuil de sa chambre. Une enjambée, mettre un pied devant l'autre, c'est banal. Mais, quand vos pensées vous attire d'avantage vers le fond du gouffre; la tâche se corse. 

Le but de sa visite est sur le lit: un bordel sans nom se résumant aux biens les plus précieux de Théo. Et, par précieux elle veut pas dire le genre qui se revend une fortune et, qui vous permet de compenser la perte par l'argent. Ce serait complètement cornichon. Non, la vraie fortune de Théo c'est son paquet de clopes, son vieux Polaroïd, ses lunettes, quelques photographie et... des lettres. C'est surtout ce dernier détail qui amène Constance dans l'antre de son petit-ami. 

Théo n'écrivait pas. Quand Constance avait commencé son recueil il lui avait ri au nez pendant des mois. Non, Théo n'écrivait pas, alors pourquoi des lettres ? Constance prend le paquet parfaitement ficellé entre ses doigts et le retourne dans tous les sens, comme une idée dont on ne saisit pas le sens. 

Une bourraque de vent fait claquer les batants de la fenêtre contre le mur gris et c'est à ce moment que tout s'explique. 

- Bordel, Théo, si tu voulais laisser une trace de ton existence, j'aurais autant préféré que tu te contentes de battre le record du plus grand nombre d'hamburgers avalé en une minute.