De blanc et de noir

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Blanc le potager, le prunier planté dans l'allée, le portillon donnant sur la rue. Blanche aussi la cabane à outils de l'oncle Joseph, la niche de Diane, sa chienne de chasse et même la tasse de porcelaine bien serrée entre les mains de Ninette. La chaise de paille où est assise la petite fille, la toile cirée de la table où elle prend son petit-déjeuner, le lit de bois foncé où elle dort, paraissent sombres en comparaison. La cuisine est l'unique pièce chauffée de la maison. Les trois chambres de l'arrière sont glaciales. La mère a beau bassiner les lits chaque soir, les draps demeurent rêches et glacés. Pas de quoi améliorer les rhumatismes de la grand-mère. Les hivers sont rudes dans la Loire, mais celui-ci - le quatrième de la guerre - bat tous les records. La veille, on a enregistré moins vingt-cinq degrés dans le Pilat et moins dix-huit sur la place du Creux : un record pour un vingt-quatre décembre. Il a neigé toute la nuit. Engourdie par la bonne chaleur du poêle en fonte que la mère bourre de petit bois, Ninette se concentre sur son lait fumant. Entre deux gorgées, elle lève les yeux vers la fenêtre. Le gris des façades, le noir des arbres, l'herbe roussie par la gelée ; tout le paysage s'est fondu dans une blancheur opaque et uniforme. Disparus, les repères ; effacés, les contours. La veille, le brouillard et le verglas ont découragé les deux femmes de la maison de se rendre à la messe de minuit.

— Pas question de se casser une jambe ou un bras quand on a une fille veuve, une petite-fille de huit ans et deux fils au Front, a dit la grand-mère.

Et la mère d'approuver :

— Le Joseph et le Pierre ne nous en voudront pas. On peut prier chez soi comme à l'église.

Ils en ont bien besoin, de leurs prières, leurs fils et frères, depuis le temps qu'ils combattent sur la Somme. Elles les ont vus une seule fois en trois années. L'enfant Ninette en garde une image assez floue. Si elle n'en avait pas constamment entendu parler, elle aurait oublié que le menton de l'oncle Joseph piquait lorsqu'il l'embrassait et que celui de l'oncle Pierre était au contraire frais et doux comme un pétale de fleur. Le premier lui témoignait une tendresse un peu bourrue tandis que le second la prenait volontiers sur ses genoux pour lui raconter des histoires. Les deux garçons ont remplacé le père que Ninette a à peine connu.

— Qu'as-tu encore à lambiner ? fait une voix grondeuse.

La grand-mère a surgi derrière elle, déjà habillée et coiffée. Le chignon haut dressé sur sa tête, le châle couvrant ses épaules et le tablier autour de sa taille semblent d'autant plus noirs qu'au dehors, tout est blancheur. Depuis la succession de malheurs ayant frappé la famille, Eulalie Grange et sa fille Marie-Louise Bodin n'ont plus quitté le deuil. Le noir, c'est beau, mais un peu triste, pense Ninette. J'aimerais voir maman en couleur. Un joli gris-tourterelle, par exemple ou le mauve des lilas du jardin. Pour la grand-mère, peu importe la façon dont elle est vêtue. Elle est vieille. À son âge, on ne porte pas de toilettes claires et pimpantes.

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⏰ Huling update: Dec 24, 2017 ⏰

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