ELLE SERA PARFAITE

5 - Enquêter

Au commissariat, le brouhaha de la journée a enfin disparu, et je vais pouvoir m'immerger dans "le dossier".

Je crois y connaître chaque mot, chaque description, chaque détail de la vie de ces femmes.

Dix à ce jour de découvertes, dix vies éteintes, dix familles détruites à qui je me dois de donner une explication.

J'avoue être fatigué, presque deux ans, que mon équipe et moi, en plus des affaires courantes, nous traquons le moindre bout de début de piste.
Hier encore, l'une d'elles a abouti sur une impasse. Et je comprends, désespéré, que si la seule qui reste n'est pas la bonne, cette affaire finira classée comme tant d'autres.

Alors, malgré la fatigue, je me sers un autre café et prépare la journée de demain, revivant toutes les étapes de cette enquête.

Le corps d'une jeune femme retrouvé dans un terrain vague. Maigre et ayant subi des coups, vu les marques.

Une disparition brutale. Le matin, elle était au travail, l'après midi elle n'y était plus... ni où que ce soit d'ailleurs : envolée !

Puis, il y en a eu une nouvelle, puis une autre encore.
Des similitudes dans la façon de disparaître, et pourtant rien de commun entre elles à part leur jeune âge !!

J'étais obsédé par ces disparitions.

J'ai donc repris tout depuis le début. Pas grand chose en vérité. Des informations sur ces pauvres femmes mortes, dix au total. Mais rien n'en sortait !

Notre seul espoir : les caméras.

Mais ces appareils de surveillance ne sont pas extraordinaires. Les images sont, pour la grande majorité d'entre elles, de mauvaise qualité. De plus, les disparitions ont eu lieu dans une zone très large, multipliant par conséquent le nombre de caméras concernées. Pas question de risquer de rater une seule image. Au final, nous nous retrouvons avec des heures de vidéos à visionner.

Nous avons passé des nuits et des jours à les trier afin de garder les séquences qui nous intriguaient : une image d'un homme, plutôt jeune d'après sa posture droite, assez grand, mais sans visage.

J'en ai fait des cauchemars au sujet de cet assassin et je suis persuadé que c'est le cas de beaucoup de mes hommes.

Et puis, presque par hasard, suite à une boutade, notre regard a dévié vers une voiture, toujours là, aux abords de l'endroit des disparitions. Ni tout près, ni trop loin.
Évidemment dans nos esprits à l'affût, il ne pouvait s'agir que d'une nouvelle piste à explorer : Une Citroen DS, de couleur sombre.

A notre grande surprise, ce type de véhicule, désuet pour nous, est en fait très prisé et une liste impressionnante de propriétaires divers et variés, est arrivée sur nos bureaux, à décortiquer pour éliminer le maximum d' improbabilités.

Et voilà, il nous reste ce dernier propriétaire et mon instinct me dit que c'est lui.

Il serait facile de débarquer à son adresse, et de l'interroger.
Mais sur quoi ? Sur le fait d'avoir une DS ? Soyons sérieux ! Et puis, s'il est le coupable, c'est courir le risque qu'il se sépare de sa voiture où peuvent se trouver encore des traces microscopiques de certaines victimes.

Donc, comme pour les autres avant lui, nous pistons la voiture et le bonhomme, et au moindre doute, nous lancerons l'alerte.

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Il est sept heures, l'équipe du matin a remplacé celle de la nuit et je me relève du divan qui m'a accueilli quelques petites heures.
John, mon second, arrive, surexcité.

- Sa voiture a été repérée près de la faculté, à quatre reprises en trois jours.

- Bien sûr. Il évolue dans son comportement. Le prédateur va sortir de l'ombre.

- Ça y ressemble. Il faut organiser plusieurs équipes, pour le suivre. Son lieu de domiciliation ne correspond pas. Un appart... il a sûrement un autre endroit. Tu veux que je fouille ?

-Et risquer un vice de procédure ? Sûrement pas. Cette affaire doit arriver devant la justice sans tache d'aucune sorte. Les proches de ces femmes méritent bien cela !