Chapitre 3 / Partie 16

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Pour le déjeuner, le Duc, le fils aîné Thomas, Richard et Agnès manquaient, ils avaient été invités chez un marquis dont la fille était promise à Thomas.

Béatrix patientait près de la table, elle les salua avec bienveillance.

— Vous n'êtes pas partie avec votre époux ? demanda Maria alors qu'elle prenait place.

— Non, belle princesse, ma santé ne me permet plus de voyager.

Elle toussa tant d'avoir parlé lui avait irrité la gorge.

— Avez-vous consulté un médecin ? demanda Juan.

— Oui. Ce serait une simple toux.

Sa main tremblait alors qu'elle tentait d'attraper sa cuillère.

Maria eut l'air suspicieuse.

— Je pense que vous devriez en consulter un autre, au plus vite.

— Vous savez, à mon âge, il ne me reste plus beaucoup d'années à vivre.

— Non, chère dame. Il suffit de trouver le bon remède pour vous remettre sur pied, insista Juan.

— Vous êtes si doux, j'ignorais que l'on était ainsi dans votre royaume. Si j'avais su, je me serais rendue aux Indes depuis bien longtemps. Malheureusement, je crains de ne jamais pouvoir m'y rendre.

John écoutait leur conversation, il était étonné de l'emballement de la fratrie pour la médecine.

Personne n'y croyait vraiment en ces temps.

William, quant à lui, n'y prêtait pas attention. Il se contentait d'engloutir son repas.

Après avoir échangé des banalités à table, Maria et Juan s'isolèrent dans la chambre princière.

— J'ai essayé de parler avec Thomas, mais ça n'a rien donné encore. Il faut lui tirer les vers du nez. Et être très patient avec lui. Et toi, tu as réussi à en tirer quelque chose ?

— Oui, John m'a donné plein d'infos ! dit-elle.

— Ah ouais ? Comment ça se fait qu'il se livre aussi facilement ?

— C'est vrai, ce mec est un vrai livre ouvert. Enfin, sauf quand il y a danger, je pense. Je sais où se trouvent les routes marchandes et le mois prochain, ce sera le prélèvement des taxes.

— Dans un mois ?! Alors là, c'est sûr, on est obligé de passer à la vitesse supérieure. Il faut voler sur les routes.

— Ok, génial. Je vais enfreindre la loi...

— Ça compte pas, ton corps de métier n'existait pas encore ! tenta de la rassurer l'ado.

— T'es sérieux ? Toi et moi, on sait très bien que c'est mal, et la honte pour moi qui suis censée faire régner l'ordre !

— Il n'y a pas d'autre possibilité. Tu ne vas pas leur faire de mal, juste leur prendre un peu de pognon, une fois. L'écart est considérable. Si on convertissait leur monnaie en la nôtre, les pauvres ne touchaient qu'un dollar par jour alors que les riches en gagnaient des centaines.

— Alors c'est ça que tu fais tout le temps sur l'ordi ? Tu compares les prix ou tu te renseignes sur comment faisaient les gens pour aller aux toilettes dans le passé ?

— Entre autres. Tu l'aurais deviné peut-être ?

— Non. Bon, bref. Ah oui, en plus c'est complètement fou, ils sont potes avec les Tudor ! dit-elle, en levant les mains au ciel.

— Ouais, ouais, je le savais.

— Ça veut dire qu'on pourrait les croiser en chair et en os ! Les Tudor !

— C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ? Toutes les personnes que tu croises ici, c'est complètement dingue, même les domestiques. Par exemple, ta femme de chambre, c'est peut-être l'ancêtre d'un président ou d'Elvis Presley. Tout est lié. Ils font tous partie d'un lointain passé qui a façonné notre présent, et pendant que nos parents continuent leur vie, nous, on est ici. C'est presque comme un monde parallèle.

— Oh non, recommence pas avec ça.

— Depuis le Paléolithique, il y a eu environ 100 milliards d'êtres humains sur Terre. À l'époque où l'on est, il n'y avait que 2,5 millions d'habitants en Angleterre, alors qu'en 2017, ils sont passés à 53 millions. En seulement 5 siècles, ça fait une expansion phénoménale alors qu'il avait fallu attendre des milliers d'années pour atteindre le premier million d'habitants.

Il avait déballé son savoir comme s'il était en transe.

Il y avait tellement de choses qui lui passaient par la tête, tout le temps. Et depuis qu'ils avaient atterri là, Juan devait se limiter dans ses paroles, tout comme Maria.

Celle-ci l'observait fixement.

— T'es grave.

— Pardon, j'avais besoin de l'extérioriser.

— Je n'ai aucun doute sur le fait que ça te démangeait. Bon, on continue nos investigations ? Je vais tenter de trouver William.

— D'accord. Moi, je suis bloqué vu que mes cibles sont parties chez le marquis, mais je vais essayer de sympathiser avec des écuyers ou des domestiques, dit-il en sautant du lit pour en descendre.

— Super, à tout à l'heure pour le compte rendu ! dit Maria en fermant la porte derrière eux.

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Des infos ici : http://snlemoing.over-blog.com/2017/04/mise-au-point.html

Et ici : https://booknode.com/les_calices_du_temps_-_episode_1_02275114

Et là : https://booknode.com/les_calices_du_temps_-_episode_2_02420043

Les Calices du Temps - Episode 1Where stories live. Discover now