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Nous, Bonus 5

Hello, je sais que ça peut paraître inattendu, mais pendant les vacances de Noël 2016 j'avais commencé à rédiger un bonus spécial Noël pour « Nous » malheureusement je n'ai pas pu le finir avant les fêtes. Je ne l'ai toujours pas fini d'ailleurs mais je vous publie tout de même tout ce que j'ai écrit et peut-être qu'avec de la chance je le posterai à Noël si vous en avez envie ❤️ bonne lecture

Point de vue de Grace (fille de Dana et Kyle!)

La musique Run de Ludovico Einaudi résonne dans les haut-parleurs. La salle dont les murs sont tous recouverts d'immenses miroirs à l'exception d'une partie où se trouvent les fenêtres laissant pénétrer la lumière et donnant sur l'East River.

Elle est loin l'époque où la danse classique se résumait simplement à savoir différencier le côté cour du côté jardin, rentrer le ventre, serre les fesses, tendre les jambes, connaître les différentes positions des pieds et des bras. Je me rappelle que quand j'ai commencé, à cinq ans, étant trop jeune pour me coiffer maman se chargeait de me faire un joli chignon bien brossé mais que quand elle n'était pas là et que papa devait se coller à la tâche mon chignon n'était simplement pas un chignon, si bien que Sylvie me renvoyait chez moi... la rigueur est de mise avec elle.

Nombreuses sont les filles qui ont arrêté en cours de route, ne supportant pas la pression qu'elle met sur nos épaules, mais, moi, jamais je ne pourrai arrêter, c'est ma passion, elle me permet de me vider l'esprit, de m'aérer la tête.

Je me regarde dans le miroir, je suis toujours Grace Evinson, je ressemble toujours à ma mère, ses cheveux bruns, ses joues rebondies et ses yeux verts. Sur mon front, perlent de légères gouttes de sueur, parce que oui, après une heure d'exercices à la barre on transpire, oui, la danse classique est un sport.

Sylvie nous appelle toutes au milieu, c'est mon moment préféré, nous allons créer avec elle une chorégraphie. Cette chorégraphie a un goût particulier parce que c'est la dernière que nous ferons ensemble cette année. Dans une semaine c'est Noël dans deux semaines nous changerons de calendrier.

Je m'assieds sur le banc du vestiaire épuisée. J'ai comme habituellement repoussé les limites de mon corps, entre les pas de bourrés, les arabesques et les grands-jetés, j'ai besoin d'air et j'ai surtout mal aux pieds. J'ôte mes pointes et remonte mon collant à mes cheville. Mes pieds sont en piteux état j'en suis consciente mais je ne connais aucune danseuse acharnée avec des pieds de catalogues de mode.

Hiver New-Yorkais oblige, je passe trois pulls sur moi en prenant soin de bien laisser apparaître mon pull vert avec un renne dessus. Oui, il est hideux, mais il est dans l'esprit de Noël, alors, je l'adore. Je mets aussi une grosse écharpe et achève ma tenue par un bonnet rouge semblable à celui du Père-Noël.

Ici, il neige et il fait froid, alors avant de rentrer chez moi à pied je passe acheter un café. Sur ma route toutes les décorations, les enfants, l'odeur de marrons grillés, tout me fait penser à Noël dernier. Je me rappelle, j'étais encore en couple avec Sam. Je trouvais que nous étions bien ensemble, nous ne nous disputions pas c'est pourquoi je n'ai pas compris pourquoi est-ce qu'il a souhaité tout arrêter entre nous il y a deux mois de cela après plus d'un an de relation. Un jour il m'a simplement envoyé le message suivant "Je n'en peux plus Grace, j'ai l'impression que nous sommes trois dans notre couple, il y a toi, ta danse et puis moi. Je sais que c'est ta passion et je ne te demanderais pas de choisir entre elle et moi, alors, je te laisse t'y consacrer pleinement, sans que tu n'ais à te soucier de moi."

Je n'étais pas vraiment triste après cela, c'est sûr que ça m'a fait bizarre au début puisqu'il m'ignore au lycée mais je n'ai pas pleuré, à croire que je ne l'aimais pas. Si il y avait quelqu'un de triste, c'est bien mon père, il savait bien que Sam était un garçon bien et qu'il n'y aurait jamais rien eu entre lui et moi avant le mariage. Alors, forcément voir sa fille de nouveau sur le marché sur célibat le fait complètement stresser. Mais qu'il se rassure, je ne pense pas aux garçons ces temps-ci, ils sont plus une perte de temps qu'autre chose, je préfère me concentrer sur la danse et sur les épreuves anticipées d'admission de Juilliard.

Alors que je pianote un message en direction de ma meilleure amie, Sonya, mon corps butte contre un mur. Je ne savais pas qu'ils avaient construit un mur juste devant les baies vitrées de l'immeuble. Dans toute ma maladresse, mon café au lait vient s'étaler contre le sol, enfin, que dis-je, sur des Doc Martens noires.

Je relève timidement les yeux m'apprêtant à m'excuser quand un nuage de fumée vient se répandre sur mon visage. Je déteste l'odeur de cigarette, je tousse. Il se trouve que le mur en question est en réalité un jeune homme plus âgé que moi. Il a des cheveux noirs, des yeux bleus et une mâchoire carrée accessoirisée par une légère barbe. C'est typiquement le genre de type qui ferait craquer Sonya, sur qui elle passerait son temps à baver sans jamais oser aller leur parler, elle est timide.

"-Je suis désolée, je bredouille.

-C'est ça ta technique pour séduire un mec, sapin de Noël? Tu lui rentres dedans? Sa bouche dégage une odeur de cigarette et du mépris à grande échelle.

-Pardon? Je m'étonne.

-Tu as bien entendu et tu me dois une nouvelle paire de chaussures."

Il se retourne, jette sa cigarette au sol et rentre dans l'immeuble. Sachant que j'habite ici, je le suis, n'oubliant pas de saluer Tom le portier. Ses bottes claquent contre le sol et quand il s'arrête je prends garde à ne pas lui rentrer dedans une deuxième fois. Il pivote vers moi le regard agacé.

"-Tu me suis, Mère Noël?

-Je... je m'éclaircie la voix. Je vis ici."

Il lâche un long soupire et reprend sa route jusqu'à l'ascenseur. Quand il appuie sur le bouton de l'étage où je vis et qu'il remarque que je n'appuie pas, il lâche une insulte dans sa barbe. Comme si c'était de ma faute si nous nous rendions au -même étage lui et moi.