Une autre larme coula et je l'essuyai avant qu'elle n'atteigne mon menton. Mérina avait été la première à m'avoir fait comprendre l'importance de la compassion et de l'amour. Elle ne m'avait pas touché, simplement expliqué ce que j'avais fait de mal, mais que je n'avais pas m'inquiéter, qu'Amélie ne m'en tiendrait pas rigueur pour très longtemps. Le soir même, comme elle me l'avait dit, Amélie m'avait prise dans ses bras. Elle pleurait contre ma petite épaule, en essayant de m'expliquer qu'elle était désolée de m'avoir laissé une marque sur la joue, mais que je devais être plus prudente et qu'elle avait eu peur pour son bébé. Quand je sentis les larmes d'Amélie, quelque chose avait remué en moi. Comme une vieille sensation. Je n'avais jamais su d'où c'était venu, mais à présent, je pensais avoir une idée. Les larmes d'Amélie étaient sûrement semblable à celle de ma mère biologique quand je venais tout juste de naître. Elle avait dû pleurer à chaudes larmes, en me prenant dans ses bras avant de mourir. Cette nuit, je me rappelle de m'être endormi sur le canapé. Après cet événement où j'avais failli tuer mon petit frère, je m'étais un peu plus ouverte. Je dormais principalement sur le canapé, où le matin je me réveillais au bruit d'Amélie ou de mon père, faisant la cuisine. L'odeur du petit-déjeuner, et j'avais été consciente pour la première fois des besoins de mon corps.

Un petit sourire triste s'étira sur mes lèvres, et je me levais du canapé, pour rejoindre la cuisine où sur l'un des murs, il y avait un vieux mètre scotché à ce dernier. Il y avait ma taille à Peter et moi. J'étais en rouge et Peter en bleu. Je passais un doigt dessus, sur les inscriptions qui étaient restées. Chaque année le jour du premier l'an, c'était notre tradition de se mettre dos contre ce mur et de prendre notre mesure. Je me redressais pour ensuite rejoindre l'étage supérieur. J'entrais dans ma chambre avec les étoiles. Je n'avais pas décoré cette chambre avant mes 10 ans. Je l'avais laissé sobre, et je n'allais toujours pas à l'école à ce moment-là. Je prenais des cours à la maison, vu mes antécédents, Amélie et papa avaient convenu que c'était le mieux. Je ne parlais que rarement, et je me contentais de hocher la tête à ce moment-là. Je me souviens aussi d'une crise de colère de Peter. Ce petit bout était une véritable tornade. Il pouvait passer d'une crise de colère à la rigolade en moins d'une minute. Benjamin avait tout juste eu deux ans, que les deux petits garçons étaient inséparables. Peter avait déjà cet instinct protecteur, mais ça l'énervait de me voir si peu ouverte.

Je me rappelais d'ailleurs que c'était dû à un de ses caprices que mon père s'était finalement intéressé à la déco de ma chambre. C'était une chambre assez spartiate. La première fois, il m'avait dit que si je voulais décorer ma chambre, je n'avais qu'à lui dire. Chose que je n'avais jamais faite. Il y avait un lit, un meuble pour les vêtements et une table de chevet. Il n'y avait aucun jouet, pas même un bureau. Il fallait dire que je dormais toujours dans le canapé. Le salon était ma chambre en quelques sortes, jusqu'à ce que Peter choisisse de faire sa première cabane en se servant du canapé. J'avais refusé de bouger et il avait fait son caca nerveux, mais j'avais été inflexible. C'était mon canapé, et je n'allais pas le lui laisser. C'était Mérina qui avait désamorcé la situation en me demandant pourquoi je ne voulais pas dormir dans ma chambre. J'avais répondu quelque chose qui avait en rapport avec les lumières dans le ciel. Puis pour vérifier mes dires, Mérina, Amélie et papa étaient montés dans ma chambre, avant de redescendre en trombe pour venir me voir. Mérina avait lancé un regard de reproches envers les deux adultes, qui s'en voulaient de ne pas avoir fait attention à mon confort dans ma chambre. Amélie avait pris mon père par le bras, demandant à Mérina de nous surveiller, et ils étaient partis faire un tour aux magasins afin de me dénicher une vraie chambre.

Je m'allongeais sur mon lit, en regardant les étoiles faites à la main par mon père. Ils avaient passé trois semaines à faire ses étoiles brillantes. Il m'avait demandé les constellations que je préférais. J'avais dit la Grande Ourse en premier. Puis j'avais ensuite pris la constellation du Scorpion, du Bélier, du Loup, du Corbeau, du Serpent et celle d'Ophiucius. Mon père avait rajouté la Petite Ourse pour l'étoile du Nord. Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi j'avais choisi ces constellations. Et ça restait un mystère encore aujourd'hui. Un soupir s'échappa de mes lèvres, alors que mon regard se posait sur ma fenêtre. Le soleil s'était couché depuis quelques minutes déjà, me plongeant dans une pénombre éclairait par les étoiles de ma chambre. Mes yeux retournèrent sur les constellations. Du bout de l'index, je les dessinais en l'air, reliant les étoiles entre elles, comme dans mon souvenir. J'avais pratiqué ceci, beaucoup de fois avant de m'endormir.

Les Gardiens Et Les Loups Tome 2 : L'Appel Du SangWhere stories live. Discover now