Partie 1 - Sens.

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Des voix venaient de loin derrière ce brouhaha incessant : «Debout, c'est le grand jour ! Voici votre ordonnance, on va vous faire signer quelques papiers et vous pourrez partir.». Je suis contraint d'ouvrir les yeux... oh cette lumière, éteins vite. Le blanc de cet hôpital me dérangera toujours, mais je ne ferai bientôt plus partie de ces murs. Bientôt dix ans maintenant, je suis guéri. Le bruit de mes pas résonnent dans ce couloir si propre, loin des cris hystériques, loin des pleurs nostalgiques, loin de toute cette folie. Dans le bureau le «tic tac tic tac» de l'horloge domine sur le Silence. Le Silence, le Silence. Silence ! Silencieusement, je signe mes papiers. Le Silence est un bruit. Un bruit calme. Mais ça reste le Silence. Aucune voix. Le calme le plus plat. Ca y est, il est temps. Le soleil réchauffe ma peau, l'air frais passe entre mes longs cheveux. Je m'empresse d'aller chez le coiffeur. Cette odeur de produits capillaires est si réconfortante. Cette même odeur; cette odeur si particulière, tellement magique. La coiffeuse passe ses douces mains dans mes cheveux, avec calme et délicatesse, comme le faisait Maman quand elle me coupait les cheveux. Je me laisse envahir par cette sensation si douce, cette odeur me ramène dans mon temple à moi. Soudain l'ambiance devient plus lourde, l'image de Maman s'éloigne. J'entends «Adieu, Adieu, Maman reviendra.». La tension était palpable. Quand j'ai rouvert les yeux, la coiffeuse avait fini. Me voila comme neuf. Neuf, neuf, neuf, presque dix. Sur le chemin de retour, je m'arrête à la pharmacie pour prendre mes médicaments. L'odeur hospitalière ressurgit dans mon esprit. Cela me rappelle dix années affreuses de ma vie, toutes ces personnes sombrant dans la folie, toutes ces personnes qui ne se rendent pas compte a quel point elles font pitié... Oh et puis mince ! Je m'en vais d'ici. J'arrive enfin à destination, chez ma soeur. Elle a l'air effrayée de me voir mais elle est radieuse, comme un Soleil. Le Soleil de mes nuits. Le Soleil de ma vie. Je l'embrasse et je l'enlace. Son odeur... Elle sent si bon. Mes mains s'égarent sur ses cheveux doux. Aussi doux que ceux de Maman.

Maman es-tu là ?Where stories live. Discover now