Chapitre 7

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" Regarde le bon coté des choses, cela aurait pu être un verre de Cuba Libre, ou de vin rouge ... Ca tache beaucoup moins le Mojito ! "

Cette remarque de Lucie m'arracha un sourire. J'étais à présent dans sa chambre, lové dans ses bras, cherchant le réconfort pour oublier cette fin de soirée catastrophique.

" Quel cauchemar. Pourquoi a t'il bu comme cela ? Il allait très bien une heure avant ! ''

" Il a rencontré un vieil ami de longue date, ils ont du se souvenir du bon temps aux milieux de noooombreux cocktails "

Elle riait à présent, ce rire que j'aimais tant.

" Tu sais que ce n'est pas drôle ce qui m'arrive, demain, enfin non, aujourd'hui vu qu'il est 2 heures, je suis censée la voir. Il va falloir que je m'excuse, que je lui lèche les bottes et ça, ca me donne envie de pleurer ! "

Je fis la moue. Elle s'approcha de moi, m'embrassa et se chargea à sa manière de me faire oublier cette soirée.

Le lendemain matin, j'arrivai à l'office à 10 heures. La mission de la matinée était simple : le rangement ; la deuxième étant celle de me remettre de ma gueule de bois et de ce mal de tête qui ne me quittait pas. Nos deux stagiaires s'attelaient déjà à la tache, Mathilde arriva juste après moi, pains au chocolats et journal sous les bras.

" Bonjour vous ! Tenez pour ceux qui ont faim ! On parle de nous dans le journal local ! " s'époumona t'elle.

J'avais vu l'article, avec une photo de nous accompagnée de Louise. Et quelques phrases à la fin de l'article sur l'incident, sans préciser les teneurs de l'échange ou du jet de mojito.

" Oui, et de l'incident ... Elle va être ravie. " enchaînai je.

" Tu crois qu'elle nous en veux ? "

" Non bien sur que non. Elle a du adorer se faire traiter de salope avec un verre de mojito sur le visage ! '' dis je ironiquement.

" Je veux dire, c'est Philippe qui a déconné. D'ailleurs je l'ai eu ce matin, il était vraiment confus. Il avait bu je ne sais combien de cocktails. Il n'arrivait pas à te joindre d'ailleurs ... "

" J'ai tout sauf envie de lui parler aujourd'hui ! Sérieusement ! Je dois la voir tout à l'heure. Je lui ai envoyé un immense mail d'excuse, tenté de l'appeler, en vain. Sa seule réponse, un mail, sans bonjour, ni rien : Le rendez vous tient toujours. Alors Philippe et ses états d'âmes, c'est le cadet de mes soucis ! " répliquai je.

Je redoutais en effet plus que jamais le rendez vous de ce soir.
Mathilde tenta de ma calmer en me taquinant.

" Et demoiselle, l'idée du bar à cocktail, c'est toi ! Assume ! '' dit elle avec un clin d'oeil.

" Et l'idée de la venue de La Maire, tout ça, c'est toi ! Et pourtant, c'est à moi de subir ses foudres, dès ce soir ! ''.

Il était 19h30 passé, je n'étais pas en avance, mais puisqu'elle était toujours en retard...
J'avais mes lunettes noires vissées sur la tête, avec toujours ce mal de crâne. Cette journée me semblait interminable... Le rangement, les dossiers, et ce rendez vous.
Vite, il fallait qu'elle se termine.
J'arrivai à proximité de la maison. Bien entendu, cette fois ci, elle était à l'heure, et m'attendais à proximité de la porte.
Je repris mon souffle, afficha mon plus beau sourire.
Elle me regardait arriver, d'un regard sombre, les bras croisés. Plus froide que jamais, attitude qui contrastée tellement avec celle qu'elle avait eu il y a 24 heures à peine, sur cette terrasse.
Retour à la case départ. Dragon is back.
Dans mon plus beau sourire colgate, je lançai un bonsoir des plus convaincants.
Elle me répondit froidement, se contentant de me serrer la main.
Il fallait que j'aborde le sujet, maintenant.

" Ecouter, par rapport à hier, je ... "

" Je n'ai aucune envie de parler de ça, de parler de votre abruti d'ami ivre, de parler du fait que je me sois fait insulter devant tout le monde et finis avec un verre de mojito sur moi, de parler du fait que vous ne m'aviez pas prévenu de sa présence, alors que vous connaissez l'état de nos relations "

Elle me déversa ce flot de parole à la figure.

" Ok, je suis désolée, j'aurais peut être du vous prévenir. Mais il n'était pas sur qu'il vienne, et puis vous le voyez régulièrement au conseil municipal sans qu'il ne se passe rien. Bon voila, clairement, l'alcool l'a rendu très mauvais. Je sais qu'il est confus et que ... ''

Elle me coupa de nouveau :

" Bien sur qu'il fallait me prévenir ! Vous n'avez pensé qu'a la pub que ça vous vous ferez si je venais ! "

Je tentai de garder mon calme.

" Honnêtement, vous étiez invité en tant que cliente, le fait que vous soyez Maire ammene des journalistes mais ce n'est pas pour ça que ... ''
" Foutez vous de moi, allez y ! Vous êtes une petite manipulatrice, qui n'arrive pas à gérer ses amis ivres ! "

Je bouillonnais intérieurement.
Elle était imbuvable, ses yeux, si doux hier, étaient devenu des armes qui me transpercés.

Elle ajouta '' Bon, j'aimerai voir l'avancement des travaux maintenant, si ce n'est pas trop vous demandez!''

La suite du rendez vous se fit dans une ambiance des plus pesante. Elle était cassante, me reprochant tout et surtout n'importe quoi.
J'étais las, las de cette journée, cette interminable journée. Las que cette femme me lance piques après piques, injustifiés pour ma part, sur la taille de tel carrelage, la pose de tel papier peint, la grandeur de telle pièce ...
J'étais fatiguée d'avoir si peu dormi, fatiguée de ce mal de tête qui ne me lachait pas, fatiguée de me prendre des réflexions en pleine face.
Je ne l'écoutai plus.

" Emma ! Vous m'entendez ? Oh ! ''

D'un ton très poli, et très distancié, je me lançai.

" Excusez moi. Ça ne va pas être possible je crois. "

Elle fut surprise de ma réaction.
Je renchéris.

" Je comprends qu'après la soirée d'hier, vous soyez énervé. Je crois qu'a chaque fois que vous allez me voir, vous allez vous souvenir de tout ça. On ne peut pas continuer ensemble. Tous les plans sont fait, je peux confier le dossier à une consoeur que je connais bien, elle fait un boulot génial. Cela ne vous coûtera rien, et en plus, je vous fait même le nouveau carrelage gratuitement, en dédommagement "

J'avais sorti cette phrase laconiquement. Mathilde me couperait certainement la tête. Mais j'étais à bout. J'abandonnai ce jeu d'affrontements, de provocations.
Elle était à présent stupéfaite, je pouvais le voir sur son visage.
Je sortis un papier, lui tendant :

'' Voici son website, pour que vous voyez ce qu'elle fait. Je me charge de toutes les démarches bien entendu, et du contact avec elle ... "

" Mais , je ne vous ai pas demandé de partir ! "

Elle fronçait les sourcils, soucieuse a présent.

" Non, mais honnêtement, c'est tout comme, je veux dire, comment vous êtes avec moi. Je ne vous reproche rien. Vous serez plus à l'aise avec quelqu'un d'autre, et Mathilde ne pouvant pas, je vous propose ça. Je vous tiens au courant ce week end, ma consoeur vous rappellera très vite. Les travaux continueront normalement, sans aucun problème. Bonne soirée Madame Duglery. "

Je tournai les talons. Je sentis alors une pression, très forte, sur mon bras droit, qui me fit me retourner.

" Ne partez pas Emma, je veux que vous restiez. "

Son regard avait à présent changé.

Madame la Maire Where stories live. Discover now