Chapitre XXX : Emeyrria - La peluche

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Mais un détail me frappe. Ma peau était bien plus bronzée que maintenant, où est-ce simplement la qualité du portrait qui s'est détérioré ? Un grincement dans le couloir me sort brutalement de mes pensées. Je jette un coup d'œil de l'autre côté du mur. Maître Limorea est entré dans la maison et observe les lieux avec nostalgie. Il croise un court instant mon regard et me sourit. Ce petit contact me décide à découvrir la pièce d'en face.

La première chose que je remarque est la fenêtre cassée. L'air s'engouffre avec force dans la pièce. Je remarque une casserole sur le réchaud. Je m'approche et soulève le couvercle. De la nourriture repose encore à l'intérieur. Une odeur de moisi m'assaille et je referme le plat avec brutalité avant de secouer vivement mes mains devant mon nez pour faire passer l'odeur. Je quitte la pièce.

Maître Limorea est dans le salon et regarde les papiers sur la table. Je le laisse seul et me dirige vers le fond du couloir. J'arrive sur un petit palier où se trouvent des escaliers pour monter à l'étage et une porte menant au jardin. Je n'ai pas envie de monter tout de suite. J'ouvre la porte avec difficulté et découvre l'extérieur. Sans le moindre entretien toutes les plantes ont fané mais si je remonte quelques années en arrière le jardin devait être bien entretenu et très beau. Cela devait être un spectacle de couleur.

Je soupire. Je remarque sur le côté un petit enclos. Je m'approche. Sans doute pour des poules ou coq au vu des vieilles plumes restantes. Je retourne à la maison d'un pas las et me décide enfin à grimper les escaliers. Une fois sur le palier, j'entre dans la premièrere pièce que je trouve : la salle de bain. Des produits de beauté sont répartis un peu partout sur les étagères. J'attrape un petit flacon de couleur rose et l'ouvre. Une douce odeur de Valamoria parvient à mes narines. Ma mère semblait appréciée cette fleur, un peu comme Maître Limorea. Cette pensée me fait sourire.

Je quitte le lieu et retourne dans le couloir qui semble être le même que celui à l'étage inférieur. Sur le mur de gauche sont cloués quatre portraits. Je m'approche et les scrute un par un. Je lis la plaquette en or sous le premier : Varam de Yahna. Alors c'est comme cela que se nommait mon père ? Ce qui me saute aux yeux est la présence du "de", signe de distinction dans les familles un peu plus aisée. Alors mon père viendrait d'une haute famille ? Pourquoi cela m'étonne ? Au vu de tous les bijoux que j'ai hérité, maintenant je comprends d'où ils viennent. Je lève les yeux vers le portrait. Il est tout comme dans mon rêve.

Je m'approche du second visage. Cette fois, c'est moi mais bébé. Tout comme en bas, le même détail me frappe : ma couleur de peau. Est-ce normal que je sois désormais aussi blanche ? Je demanderai à Maître Limorea. Je lis la petite plaquette en dessous de mon visage bouffi de bébé : Emeyrria de Yahna. Tiens ? À l'école on m'a enlevé le "de". Peut-être pour éviter une distinction entre les riches et les moins aisés ?

Le troisième portrait est celui de ma mère et tout comme dans mon rêve, ses yeux brillent d'une couleur orange intense. Cela rend très beau avec ses cheveux roux, longs et bouclés. Je souris, elle est si belle. J'aimerais bien lui ressembler. Je baisse les yeux vers le petit rectangle d'or : Cirol Limorea. Limorea ? Comme Maître Limorea ? Je me précipite vers le quatrième portrait et il s'agit bien de celui de mon maître des plantes avec une bonne dizaines d'années en moins. Je lis avec peur la plaquette : Meol Limorea.

Je reste bouche bée. Ma mère et Maître Limorea seraient... frères et sœurs ? Maître Limorea serait alors mon oncle ? Je fais quelques pas de recul, sonnée par cette découverte. Ce n'est pas possible, je devrais lui ressembler un minimum. Mais je n'ai rien en commun avec lui ! J'entends un bruit de porte se fermer en bas et je regarde avec peur les escaliers. Mais il n'apparait pas. Je soupire de soulagement. Comment vais-je pouvoir le regarder en face maintenant ?

Je continue ma ddécouverte de ma maison non sans sentir mon esprit encombré. J'entre dans la premièrere pièce. Un lit double et deux petites tables de nuit. Sans doute la chambre de mes parents. Je remarque que leurs talismans reposent sur les commodes : un renard et un panda. Je ne connaissais même pas leurs totems. Je m'approche, m'assois sur le rebord du lit, non sans déclencher une vague de poussière, et prends entre mes mains le talisman du renard. Cela devait être celui de ma mère. Je le tourne et le retourne. Je l'aime beaucoup. Je sors le mien et les met côte à côte. Ils se ressemblent un peu sur la forme du visage. Je souris. Je pense que je vais le prendre. Je glisse les deux talismans autour de mon cou et quitte la pièce, laissant seul le panda.

Il ne reste plus qu'une porte au fond du couloir. Je m'avance et m'arrête devant. Je prends une grande inspiration avant d'ouvrir ce qui doit sans doute être ma chambre. Il n'y a qu'un berceau. Je me penche au-dessus et remarque la présence d'une peluche de loup. Cette découverte me fige. Un loup ? Et dans mon rêve :

- Oh ?! Quelle belle petite louve !

Mon sang ne fait qu'un tour et je quitte précipitamment les lieux. Dès ma naissance, on savait que je deviendrais une chevalier. Et on connaissait même déjà mon totem ! Ce n'est absolument pas normal !

Je sors de la maison et la referme à clé précipitamment. Mais je reste de longues secondes à reprendre mon souffle face à la porte. Trop de choses dans ma tête... D'abord, la réelle identité de Maître Limorea et maintenant ça. Je savais que je n'aurais pas dû entrer, rester dans le mensonge est bien moins douloureux. Pourquoi ?

Je laisse tomber mon front contre le bois de laporte et laisse couler quelques larmes de mes yeux. Je sens la présence desVlomays et de mon maître des plantes derrière moi mais je ne bouge pas. Je neveux pas que l'on me voie comme cela. Pas dans cet état.

The Songs of Osira - Tome 1 : La Légende des CieuxWhere stories live. Discover now