CHAPITRE 29 : Décision Radicale

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Stop.

C'est terminé. J'en ai marre de stagner et de vivre dans une multitude de doutes.

Il est temps pour moi de partir.

Il faut avouer que cette décision est dans mon esprit depuis un bon moment, depuis que j'en ai entendu parler la première fois pour être exact. Je n'ai jamais réellement osé franchir le pas et m'heurter à l'inconnu. J'ai aussi probablement eu cette peur des répercutions, et je l'ai probablement encore, mais ce n'est plus pareil. J'ai décidé de prendre mon destin en main et j'en ai franchement besoin pour avancer et me construire entièrement. 

Je me pose souvent un instant, que je sois debout ou assis, afin de réfléchir à haute voix pour prendre une décision. Afin de dramatiser une situation ou à l'inverse essayer de l'apaiser dans mon esprit. Mais aujourd'hui, je me retrouve dans ma chambre au bord du lit l'esprit vide.

En réalité, il n'est pas si vide que ça, j'essaye au maximum de ne penser à rien. À une couleur. Au blanc. J'essaye de m'imaginer heureux dans un moment paisible. Je n'ai pas de définition parfaite du bonheur, tout ce que je sais c'est que les philosophes ne doivent pas se tromper : le questionnement pousse à la raison, et ce dernier pousse au bonheur.

Il est clair dans mon esprit, comme de partout en moi, il est temps de quitter cet endroit. Quitter cette chambre dans laquelle je ne fais que me rappeler de mauvaises choses. Tenter de trouver les réponses à toutes mes questions et par dessus tout, essayer de comprendre ce qu'il s'est toujours passé dans ma vie, pourquoi moi Kyle Vozt suis-je le seul de cette foutu famille à n'avoir strictement aucun pouvoir magique ?!!

Pour quelqu'un qui prétend avoir l'esprit totalement vide, je mens un peu. Je ne peux pas m'empêcher de penser à la réaction de ma mère, la colère dans laquelle mon père entrera quand ils apprendront ce qu'il se passe. Que leur fils, ce bon petit, un vaux-rien finit par prendre ses ailes pour découvrir ce que l'on a toujours voulu lui cacher. Probablement qu'au fond de moi j'aimerais être là quand ils l'apprendront, qu'importe.

Dans mon armoire, un sac à dos attend depuis plusieurs jours d'être sorti de la poussière. Je l'ai préparé une nuit, pensant que ce jour arriverait, ce jour où je fuirais. Tout le nécessaire est dedans, de quoi vivre, de quoi survivre. Je me lève, tourne la clé de l'armoire et tire vers moi la porte. Dans l'ombre, et à l'endroit même où je me rappelais l'avoir disposé, je récupère mon sac sans même l'ouvrir.

Plus je me rapproche de cet instant, moins je regrette ma décision. Je me dis qu'au final, il aura sûrement fallu l'accumulation de tous ces événements pour qu'un jour je me rende à l'évidence. Il serait trop naïf de dire que j'ai déjà changé. Une part de moi est absolument morte de trouille, mais j'essaye au maximum de l'enfouir, de ne pas lui faire prendre trop d'importance.

Je ne peux même pas dire que cette chambre va me manquer, trop de réflexions y sont enfermées. Des bonnes certes, mais beaucoup de mauvaises je ne l'oublie pas. J'observe, comme si c'était la dernière fois que je voyais cet endroit. Mais je compte revenir, bien sûr si j'apprends de terribles nouvelles sur ces personnes avec qui je partage ma vie depuis ma naissance je n'aurai probablement pas envie de traîner dans les parages. Je ne vais tout de même pas parler trop vite, tout s'explique dans la vie et je le sais.

Le sac à dos à la main, je refais mon lit de l'autre, c'est totalement inutile. Mais j'en ai envie. C'est tout. Je me rapproche de la porte, me retourne une dernière fois pour soupirer un grand coup. J'avance et je ferme derrière moi.

En descendant les escaliers, j'ai comme la gorge nouée, mon corps est presque immobilisé. Il n'est même plus temps de réfléchir à ce que je suis en train de faire. Il ne sert à rien non plus de penser encore à la situation, les choses sont claires et surtout elles doivent changer.

J'arrive dans la pièce principale. Un endroit qui devrait-être chaleureux, mais qui est plutôt rempli d'une immense tristesse en ce jour. Ce n'est pas réellement un abandon. Je n'aurai jamais voulu en arriver jusqu'ici, mais ce n'est plus une option, c'est désormais une décision.

La maison est entièrement vide. On perçoit quelques bruits parasites et environnants des rues de New York tout de même peu agitées. Je ne pourrais même pas situé quel jour nous sommes. Et je dois avouer que cela m'importe très peu.

Je me dirige vers le buffet, un tas de papier vierge empiler est disposé en plein milieu, un stylo plume posé dessus afin d'empêcher que ces dernières s'envolent. D'une main tremblante je saisis un morceau de papier et le stylo. Je me penche et je commence à écrire de la manière la plus lisible possible ces quelques mots, en espérant qu'ils seront assez clairs, et qu'ils suffiront :

Papa, maman,

Ce serait vous mentir que de vous dire que tout va bien,

Ce n'est pas le cas et ça ne le sera pas.Au combien croyez-moi j'aimerais que tout aille bien, Je serai prêt à tout pour ça.

J'ai pris une décision aujourd'hui, non pas sans conséquences.

Mais j'en ai marre.De cette situation.De ces mensonges.De cette vie que vous m'inventez depuis je ne sais combien d'années.
Kamila.
Eiden.

Qui sont-ils réellement pour moi ? Et vous ? Qui êtes vous, mais surtout que me faites vous ?Quotidiennement à inventer des choses, mentir à votre propre fils. Pour le préserver ? Je ne veux plus être préservé. Je ne veux plus de ça.Tout ce que je veux c'est la vérité, et vu que vous n'êtes pas prêts à me la donner, laissez moi me servir. Ma décision est prise.

Je vous aime malgré tout. 

A bientôt.

Kyle.

Je prends le mot pour le déposer le plus en évidence sur la table située proche de la porte d'entrée. Je mets rapidement par la suite mon sac sur mon dos, et comme un aventurier je pars dans l'inconnu. A la recherche de mon identité.

Andore et la promesse gardéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant