17. Obscurité

Começar do início
                                    

La paix. Enfin.

Au loin, la lueur rougeâtre d'Aarmeer semblait minuscule, menacée par l'immensité obscure qui l'entoure. Tellement vulnérable.

Je fermai les yeux, baissant exceptionnellement ma garde. Je n'étais suis plus qu'un jeune homme perdu dans la noirceur.

Un gamin dans la nuit.

Mes sentiments, trop longtemps retenus, me submergèrent avec violence.

Rage, douleur, désir, brûlèrent mon cœur de glace, si impénétrable. Si inaccessible.

Une soudaine envie de pleurer me prit à la gorge. De sangloter comme un enfant dans l'obscurité, de sentir les larmes salées dévaler mon visage, d'échapper à mes responsabilités, d'être faible une fois dans ma vie.

Non!

Je me levai brusquement, me mordant la joue jusqu'au sang.

Je ne suis pas faible.

Le goût métallique et écœurant envahit ma bouche, faisant refluer l'ouragan de sensations.

D'un geste brusque, je dégainai Obsidienne, brillant dans l'obscurité.

Je fermai les yeux.

Noirceur.

Sang.

Douleur.

Faiblesse...

Un hurlement animal explosa en moi et je tourbillonnai dans la nuit, épée à la main. La lame d'or fendit les ténèbres dans un sifflement sourd. Des arabesques de lumière déchirèrent la nuit et mon cœur.

J'étais aveugle. Pourtant, mes gestes étaient aussi précis et puissants qu'en plein jour.

J'appartenais à la nuit.

Je sentis le vent siffler à mes oreilles, m'entraînant dans une danse incontrôlable. Une danse mortelle.

Mes mouvements étaient instinctifs, guidés par mes pulsions, réprimées depuis bien trop longtemps. Une flamme m'embrasa tout entier.

Le feu brûlant sous la glace.

À part le goût du sang et mes muscles douloureux, plus rien d'autre ne m'importait.

Parce que c'était l'éternelle bataille que je menais sans pitié dans l'obscurité.

La plus terrible de toutes.

Celle contre moi-même.

***

LUNA

Je fus tirée de mon sommeil agité par la sensation glaciale du métal contre ma gorge.

J'ouvris les yeux.

L'insupportable général me fixait, amusé,  son joujou doré pointé sur moi.

- Je vous souhaite le bonjour, mademoiselle. Avez-vous bien dormi?

Chroniques du CrépusculeOnde as histórias ganham vida. Descobre agora