Chapitre 4

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Sur une demande d'entrée en arabe, il pousse l'épais battant en bois sombre et nous pénétrons dans une vaste salle, ancienne et au luxe raffiné, car d'un orientalisme désuet. Dans le fond, un homme vêtu à la manière traditionnelle se trouve assis sur un fauteuil recouvert de cuir brun.

L'oncle de Khalid, Sharif Ben Khamsin, nous accueille avec les honneurs, en tant que chef de famille. Mais je sais que cela ne nous est pas exclusivement réservé. Avant notre arrivée, il avait reçu des hommes d'affaire, et n'avait pas jugé nécessaire de changer de pièce, d'après ce que nous avait expliqué Khalid pendant que nous marchions dans le couloir. D'ailleurs, Sharif nous reçoit avec un sourire très chaleureux.

Khalid s'incline devant lui, puis après que son oncle se soit levé et lui ai fait une accolade, ils échangent des mots en arabe. Sharif se tourne vers moi et me parle en français alors qu'il sait que je maîtrise l'arabe, comme une marque de respect envers mes racines :

― Bonjour, mon enfant. Je suis ravi de vous revoir, et j'espère que vous vous plairez chez moi.

Je m'incline :

― Merci Monseigneur.

― Je m'appelle Sharif, ou si vous le souhaitez 'Am. Vous êtes l'épouse de Khalid, alors je pense que cela sera plus simple.

Je suis surprise par sa simplicité et je ne peux m'empêcher de dire :

― Je n'ai pas l'habitude. Mon beau-père exigeait que je l'appelle Monseigneur et...

― Dans la famille, nous essayons d'avoir des rapports bienveillants. Je vois mal mes neveux et encore moins mes nièces me donner du Monseigneur tout le temps !

Khalid éclate de rire :

― Moi aussi, 'Am.

― Bien, j'espère que vous partagerez ma table. Et bien sûr, vous êtes conviées Salima, ajoute-t-il en se tournant vers la jeune femme.

― Merci Monseigneur.

― Je vous laisse vous installer. Khalid, tu occuperas ta chambre habituelle. Salima sera en face pour plus de commodité. Je te laisse leur montrer les lieux, puis nous discuterons. Ah, tant que nous y sommes, Julie, je vous tutoierai, ce sera plus facile. À tout de suite.

Mon mari entoure mes épaules de son bras.

― Nous y allons.

Nous quittons la vaste pièce et je prends le temps de regarder autour de moi.

Ce palais est superbe : il y a une grande élégance toute orientale dans les fresques murales et le sol orné d'arabesques. En fait, c'est un rectangle qui ouvre son cœur sur un vaste jardin luxuriant avec quelques fontaines qui apportent une relative fraîcheur. Lorsque nous le traversons, je trouve les fleurs étonnantes, et les senteurs sont un vrai dépaysement face au désert qui le borde sur tout un côté. Je préserve les images et les couleurs dans ma tête.

― C'est très beau ! m'exclamé-je.

― Mon oncle s'est contenté de le moderniser en rénovant l'installation électrique, ainsi que l'ancien réseau hydraulique. Pour le reste il est tel qu'il devait être il y a cinq cents ans, les remparts défensifs en moins. Il vit quasiment constamment ici. En fait, avec mon père, ils se sont partagé les domaines selon leurs préférences. Mon père apprécie la ville, donc il réside à Louxor.

Nous arrivons dans le quartier des chambres pour invités.

Khalid désigne une porte à Salima :

Sous le sable, le bonheurWhere stories live. Discover now