BLOODY LOVE

IX

- Punie ?

- Oui, répond Evy en appuyant sa tête contre son casier. J'ai droit à la fête vendredi et puis interdiction de sortir pendant deux semaines.

- Deux semaines ?

Elle hoche la tête en soupirant.

Sa mère a t toujours été stricte en ce qui concerne l'école alors cette situation ne m'étonne pas vraiment.
Evy est réprimandée parce qu'elle a séché. Nous l'avons fait toutes les deux. Mais mon acte n'aura pas les mêmes conséquences que le sien. Après tout, je ne suis même pas obligée d'aller au lycée. Alors qu'Evy, oui.

- Et toi ? Séquestrée aussi ?

Je hoche la tête en essayant d'être la plus convainquante possible.

En réalité j'aurais pu aller au lycée mais après ce qu'il s'est passé la veille, il en est était hors de question.
Après ma conversation avec son imbécile de petit copain, j'ai pris mes affaires et je suis partie les laissant complètement ivres dans le salon. Bryan ne voulait pas venir et il a fini par dormir là et revenir le lendemain.
Moi, je suis rentrée et me suis enfermée dans ma chambre sans dire un mot.

Les nouvelles apprises ont été difficile à encaisser.

Trop de questions se sont posées dans ma tête. Pourquoi ? Comment ? Depuis quand ? Suis-je vraiment sûre de ce que veux ? Ou de ce que je ne veux pas ?

Je pensais tout savoir et ce n'était pas le cas.

T'as un siècle de retard là, a-t-il dit.

Et cette impression d'avoir vécu dans une bulle est arrivée. Dans un autre monde fermé et figé alors que tout autour de moi continuait d'avancer, de changer et de s'agrandir.

Me retourner encore et encore dans mon lit à ne cesser de penser à tout ça. Mais surtout à Adam. Quand Justin m'a dit que cette relation interdite, néanmoins toujours risquée, était courante à notre époque, j'ai eu comme un espèce de soulagement. Comme si je pouvais faire ce que je ne pouvais pas faire. Ou ne voulais pas faire.

C'est pour cette raison qu'il était hors de question que je le vois. Même si au plus profond de moi, j'espérais voir son nom s'afficher sur l'écran lorsque je recevais un message. Mais après la discussion avec Justin, j'ai eu trop peur de lui faire face. Et que cette sensation indescriptible autre que l'envie de lui sauter à la gorge revienne.

Quant à mes parents, je ne leur ai pas vraiment parlé.

Je suis en colère après eux. Même si Justin a été plus que méprisant envers moi. Je dois l'avouer : il a raison.
Pendant dix-sept ans j'ai vécu dans la peur, dans l'inconnu, dans l'ignorance convaincue de mes propos. À donner mes leçons de morales et à m'inquiéter sans arrêt. Avoir peur constamment de la mort. Du danger.

Pire.

De la vie.

Je ne sais plus quoi penser. De moi et de mon attitude complètement ridicule depuis ces dernières semaines à feindre savoir tout sur tout, de mes parents me cachant les choses essentielles, de Justin dont la colère commence petit à petit à diminuer parce que je sais au fond de moi qu'il a raison et Adam qui ne fait que hanter mon esprit de plus en plus.

Si seulement tout n'était pas aussi compliqué.

Si seulement je ne ressentais pas ça pour lui.

Si seulement je n'étais pas née vampire.

- Je me débrouillerai pour voir Justin, dit mon amie en fermant son casier me ramenant à la réalité.
Interdit de rester autant de jours sans se voir.