J'ai froncé les sourcils.

— Comment tu sais ?

— J'ai mené ma petite enquête.

— C'est un peu flippant ça, Gina.

Elle a rigolé.

— Je suis flippante. Et c'est juste maintenant que tu le remarques. Incroyable !

— Est-ce que tu m'en veux ?

Ma collègue a secoué la tête.

— Je ne t'en veux pas. À quoi bon ? Notre histoire ne menait à rien. Parce que même si tu n'avais pas fini par sortir avec cette fille, son ombre aurait tout de même plané sur toi. Tu l'aimes trop. Tu n'aurais pas pu l'oublier comme ça.

— Tu crois que c'est une mauvaise chose ? lui ai-je demandé.

— Quoi ? De l'aimer trop ?

J'ai acquiescé.

— Je crois qu'il y a toujours une limite à tout, a-t-elle dit. Mais ce qui est le plus dangereux, c'est quand cette personne prend conscience du trop plein d'amour qu'on a pour elle. Ça a le don de vous gonfler les chevilles, si tu vois ce que je veux dire.

— Tu crois que Sacha pourrait en profiter ?

Elle a haussé les épaules.

— Je ne la connais pas, ta Sacha. Tout ce que je sais, c'est que tu devrais quand même faire un peu gaffe à toi.

— Et si je te disais qu'elle avait besoin de toute cette attention que je lui donne ?

— Comment ça ?

— Elle est... Elle a quelque chose. Je ne peux pas te dire quoi exactement, mais elle vit des moments difficiles.

— Et tu crois vraiment que ça vaut toute ton attention ?

J'ai secoué la tête.

— Ça vaut ma présence, en tout cas, ai-je murmuré. Elle a besoin de moi.

— Pour être honnête, je ne sais pas quoi te dire.

Elle a souri.

— Ne t'oublie pas, d'accord ? Même si quelqu'un a besoin de toi ou compte sur toi, tu es la personne sur qui tu dois le plus veiller.

— Merci, ai-je lancé.

— Pourquoi tu me remercies ?

— Parce que tu es vraiment quelqu'un de cool, Gina. Désolé que ça n'ait pas marché.

Ma collègue a tout balayé de la main.

— Arrête. De toute manière, tu étais un peu trop jeune pour moi.

J'ai ri.

— Maintenant, va me laver les toilettes je t'en prie.

— Est-ce que c'est une sorte de vengeance ? ai-je plaisanté.

— On peut dire ça.

Elle m'a lancé un linge de vaisselle.

— Vas-y, m'a-t-elle assuré. Je gère.

— Tu gères. C'est vrai.

Gina a souri. J'ai marché jusque de l'autre côté du comptoir, pour ensuite me diriger tranquillement vers la salle de bain. Si mon amie voulait vraiment se venger, elle avait réussi : il n'y avait rien au monde que je détestais plus que de laver des toilettes. Pour être honnête, c'était horrible. Surtout quand lesdites toilettes étaient exposés aux fesses de n'importe qui. Ces inconnus avaient le don d'être des gens plutôt dégueulasses, si vous voulez mon avis. La chasse n'était pas tirer, il y avait de l'eau plein le miroir, du savon et des gouttelettes de pisse sur le plancher (apprenez à viser) ainsi que du papier brun chiffonné à côté de la poubelle (trop difficile de le mettre dans la poubelle). En gros, c'était l'horreur. Et un linge de vaisselle jaune canard ne me suffirait pas. C'est pour cette raison que je suis sorti de la petite pièce. Il me fallait au moins une serpillière. Mais, alors, Sacha est apparue dans mon champ de vision. Un sourire s'est aussitôt glissé sur mes lèvres.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant