Chapitre 3

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- Mais où sommes-nous donc ?

Admirant le sublime décor montagnard, baigné dans une atmosphère relaxante, Lynn parcourut du regard les arbres anciens qui formaient une voûte feuillue au-dessus de leurs têtes, les faisant se sentir presque insignifiants devant leur immensité. D'un seul coup d'œil, on pouvait deviner leur vieillesse. Les nombreux siècles qu'ils avaient vus défiler. Le temps qui semblait avoir si peu d'emprise sur eux.

En à peine quelques secondes, la forêt les submergea de sa grandeur écrasante, de son ancienneté, et surtout  de son calme. Lynn sentait la douce odeur des aiguilles de pins qui parsemaient le sol, formant un moelleux tapis naturel sous leurs pieds, ainsi que l'agréable senteur de l'écorce parfumée, qui emplissait l'air de délicieuses effluves.

C'est alors qu'elle huma une odeur reconnaissable entre toutes, une odeur caractéristiquement humaine. L'odeur de la fumée, qui trahissait une présence on ne peut plus humaine. La jeune serveuse se reprit alors, gratifiant Najm d'un regard interrogateur, accompagnant sa question passée. Celui-ci lui répondit, la regardant d'un air désolé, se grattant la tête :

- Je te prie de bien vouloir nous excuser, mais tant que tu n'as pas accepté la proposition de la Doyenne, nous sommes dans l'obligation de rester silencieux à ce sujet. Ce serait trop dangereux de révéler une information aussi dangereuse pour nous, bien que je pense que tu as posé cette question sans arrière pensée.

Pensive un bref instant face à la réponse de son interlocuteur, elle releva la tête dans leur direction et, de son regard insondable, tel un océan profond et mystérieux, ou un saphir aux mille facettes, paré d'éclats dorés, elle parut les transpercer, les mettre à nu. Tout d'un coup, la magicienne semblait totalement différente de celle qu'ils pensaient connaître, presque effrayante. Les deux plus vieux furent submergés d'un doute, se demandant si là n'était pas sa véritable personnalité.

La coupant dans son apparente réflexion, excité comme une puce, et n'ayant apparemment pas écouté un seul mot de ce qu'il s'était dit, Liam s'exclama, en trépignant sur place tel un jeune sorcier lors du solstice d'été, ou le jour d'Althéa, la déesse commune aux habitants de l'Empire, comme ils se plaisaient à dire dans certaines contrées du sud :

- Hey ! Avancez donc un peu au lieu de bavasser !

Les trois plus vieux secouèrent la tête d'un air amusé devant l'excitation de l'adolescent, la tension présente dans l'air avait disparu en un clin d'oeil. Ils se mirent en marche derrière lui, prenant la direction de la lisière de la forêt, heureusement située à seulement une petite centaine de mètres d'eux. On pouvait facilement l'apercevoir malgré les maigres rayons de soleil qui perçaient avec peine l'épaisse couche de branchages recouverts de feuilles. Le manque de lumière créait une ambiance tamisée très particulière mais agréable, les enrobant dans une douce atmosphère.

Ils atteignirent en peu de temps la lisière de l'espace sylvestre. Liam, excité comme il l'était, ne vit pas à temps la grosse racine qui émergeait du sol, se prit le pied dedans et s'étala les quatre fers en l'air. Sous les gentilles moqueries de ses compagnons de route, il se releva en grommelant, mais retrouva bien vite le sourire lorsqu'ils arrivèrent dans une vallée verdoyante. Une herbe grasse, gorgée d'eau de pluie et de soleil, la parcourait. 

Elle était traversée d'un étroit cours d'eau, et les nombreuses collines qui l'habitaient étaient parsemées d'un nombre incalculable d'arbustes, de fleurs et nombre d'espèces d'arbres, inéquitablement répartis dans la vallée. Parée de couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres, elle regorgeait de vie. En effet, y résonnaient les roucoulements des hirondelles, et d'autres animaux y avaient fait leur nid. Divers papillons et autres insectes l'habillaient également de nuances colorées.

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