Chapitre 32 | Ava

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Chez Juliann
Vendredi 23 Juin 
19 : 06

            La semaine a été... particulière. Juliann et moi nous sommes à peine adressé la parole. On s'est regardé dans le blanc des yeux pendant les dîners et aussitôt les enfants montés dans leurs chambres, il se dépêchait de s'éclipser dans son bureau, me laissant seule au salon. Il est passé du chaud au froid du jour au lendemain.

Ça me fait de la peine, d'autant plus que la semaine avait très bien commencé. João m'a annoncé qu'il allait demander la main d'Aïna, Drew a sauté de joie lorsque j'ai accepté de le laisser partir camper, et j'ai trouvé un plombier qui pourra venir chez moi mercredi prochain.

L'ambiance dans la maison ne s'allège que lorsque je joue avec Inès : on a pris l'habitude de faire des parties de Just Dance le soir pendant que les garçons allaient courir dans le quartier. Mais aujourd'hui elle n'est pas là, et je vais me retrouver seule avec monsieur grognon.

            Mes talons résonnent dans l'allée lorsque je sors de ma voiture pour rentrer dans la maison. Il fait une chaleur écrasante aujourd'hui et je n'ai qu'une hâte : prendre une douche glacée, puis faire quelques longueurs dans la piscine. Lorsque je monte au premier étage, j'entends Juliann parler au téléphone dans son bureau. Tant mieux, je ne me sens pas d'humeur à l'affronter. Je prends une douche rapide, j'enfile un maillot de bain, et je me rends dans le jardin. L'eau est plus chaude que je ne le pensais mais peu importe. Le soleil tape encore très fort à cette heure de la journée, j'ai l'impression d'être en plein après-midi. Je fais quelques longueurs, puis une fois que je sens que je me suis assez dépensée, je sors de l'eau pour m'asseoir au bord de la piscine. Lorsque je me retourne, je sursaute en voyant que Juliann me regarde, l'épaule appuyée contre la porte de la baie vitrée. 

— Tu m'as fait peur !
— Désolé. 
— Je... j'ai cru entendre que tu parlais au téléphone quand je suis passée devant ton bureau. 
— Oui. Tu me cherchais ? 
— Euh, oui. On peut discuter ? 

            Il hésite quelques secondes, puis vient me rejoindre au bord de la piscine. Il enlève ses chaussures et trempe ses pieds dans l'eau comme moi. Je n'avais pas réellement prévu de lui parler, mais j'ai envie de crever l'abcès, je n'aime pas cette situation. Je n'avais pas du tout imaginé nos retrouvailles comme ça.

— Je ne te comprends pas, Juliann.
— Comment ça ?
— Quand tu m'as quitté... J'ai compris pourquoi. Ça a été dur, mais au fond je savais que c'était la seule chose à faire. Mais tu m'as dit que ce n'était pas un au revoir. 

            Ma voix tremble quand je repense à ce souvenir douloureux, aux longues heures que j'ai passé à pleurer après son départ.

— Et puis j'ai reçu ta lettre, et ensuite plus rien. Je t'en ai envoyé, et je n'ai jamais eu de réponse mais j'ai gardé espoir, Juliann. Je me suis accrochée. Et là je te retrouve quelques années plus tard... Tu as l'air d'être heureux. Après tout, tu sors bien avec Mélissa. Alors j'en ai déduis que tu étais effectivement prêt, mais pas pour moi. Je t'en veux de m'avoir laissé espérer. Et je t'en veux aujourd'hui parce que tu fais toutes ces choses... Tu joues avec moi. 

            Je baisse les yeux, parce que je me sens vulnérable de me livrer comme ça. Et un peu stupide aussi, je l'avoue. Juliann met de longues secondes à me répondre.

— C'est ce que tu penses ? Que je t'ai laissé espérer ?
— Oui, soufflé-je.
— Ava, dès la seconde où je t'ai revue, j'ai décidé que les choses avec Mélissa n'iraient pas plus loin. Il n'y a que toi. 

            Il saisit mon menton pour me forcer à le regarder. Mes yeux sont embués de larmes. 

— T'es la seule femme qui compte, tu comprends ? 

TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant