Chapitre 2.

Depuis le début
                                        

- Monsieur Acker...

- Appelle-moi Livaï, le gosse.

Eren écarquilla les yeux quelques secondes, voyant les orbes gris de son entraîneur attachés aux siens. Il gratta le haut de sa tête en souriant idiotement, puis reprit la parole pour couper le silence qui s'installait.

- Est-ce que vous comptez participer au tournoi mondial cette année... Livaï ?

- Bien sûr. J'arrêterai peut-être quand j'aurai le premier titre et la médaille d'or. Et encore, j'aime trop l'escrime pour ça.

Le regard du plus jeune s'animait, on pouvait y voir des étoiles resplendissant de mille feux. Il ne perdit pas une seconde pour répondre à son aîné avec un peu de surexcitation dans le ton de sa voix, alors que Livaï commençait à se demander pourquoi il réagissait de cette manière.

- Faites de moi votre meilleur élève. Moi aussi, je veux y participer un jour, et même atteindre votre niveau. Je donnerais le meilleur de moi-même, je vous le promets !

Le plus vieux des deux resta de marbre à l'entente des paroles d'Eren pendant au moins une bonne minute. Finalement,  il roula des yeux en soupirant d'un air agacé.

- Faudrait m'payer pour être aussi gentil avec un gamin comme toi.

- Donc c'est...

- Ouais, c'est ok. Passe-moi ton numéro, j't'apellerais pour te donner les détails et pour qu'on trouve un emploi du temps qui convient à tous les deux.

Eren ne se fit pas prier, il sortit son portable et énuméra à haute voix son numéro de téléphone afin que son entraîneur puisse l'ajouter à son répertoire. Cela fait, il remercia une bonne dizaine de fois Livaï avant que ce dernier ne lui indiqua de rentrer chez lui, car il commençait à faire froid et nuit. Lorsqu'il fut arrivé dans son habituation après 20 minutes de bus, il s'allongea sur son lit en ayant un petit rictus qui ne voulait pas s'effacer depuis tout à l'heure. Il admira le poster accroché sur le plafond, puis retomba de nouveau dans ses pensées.

Je vais m'entraîner avec Livai,  juste moi et lui... Pourquoi ça me met dans tous mes états ? Comme si j'étais un gamin de 12 ans... Argh, je suis intimidé parce que c'est Monsieur Ackerman, le vrai, mais... Y'a autre chose chez lui qui me met mal à l'aise. C'est même certain, son regard ne me laisse pas indifférent finalement. Puis merde, qu'est-ce que je chie encore ? Il est aussi rigide qu'un mur en béton. Faut pas que j'commence à penser à ce genre de chose, sinon mon rêve va me glisser entre les doigts.

Eren finit par s'endormir, exténué par cette soirée un peu trop riche en émotion pour lui. Au fond de lui, il espérait tout de même que cela n'embêtait pas trop son entraîneur. Ce dernier semblait vraiment désespéré par son comportement, pensant sans doute qu'il était un peu trop enfantin pour un homme de 30 ans. Le jeune garçon était tout de même vraiment chanceux, car Livaï n'était pas du genre à accepter ce genre de demande. Peut-être qu'Eren était finalement perçu différemment que les autres aux yeux de son nouveau professeur ?

De son côté, Monsieur Ackerman était rentré chez lui en moto, après avoir finit de fumer sa 5ème cigarette de la journée. Il avait pris un bain dans lequel ses pensées étaient occupées par des choses « futiles », comme il se disait. Il se mentait à lui-même et il le savait très bien, mais sa fierté prenait le dessus, comme toujours. Il ne pensait jamais à aucun de ses élèves. Il supposait que c'était lié au fait que c'était la toute première fois que quelqu'un portait autant d'intérêt à sa personne, et également à l'escrime.

J'vais devoir sacrifier des heures libres pour entraîner un gamin pareil... Mais qu'est-ce qui m'est passé par la tête à ce moment là ? Puis lui demander son numéro alors que j'aurais très bien pu lui envoyer un mail... Sérieux, quelle perte de temps putain.

Livai sortit de son bain pour arrêter de se triturer les méninges de cette manière, et enfila un pyjama avant de partir se coucher dans son lit double, trop spacieux pour une seule personne. Pourtant, il aimait avoir toute la place qu'il voulait, sans que personne « ne le fasse chier » comme il disait à son seul ami. Ce dernier lui demandait toujours de dormir avec lui plutôt que dans une chambre d'ami se trouvant à l'autre bout du couloir. Ackerman n'a jamais accepté, parce qu'il n'appréciait guerre le contact physique avec les gens, même si c'était avec son ami le plus proche. Il avait ces habitudes là, un caractère bien trempé ainsi qu'une expression faciale qui restait indifférente, peu importe la situation. Sa façon de parler a toujours été qualifiée de « vulgaire » par les autres, mais Livaï s'en contrefichait. Il était comme ça depuis tout petit, les épreuves de la vie l'avaient rendu froid, comme si rien ne l'atteignait. C'était évidemment faux, une sensibilité se cachait derrière tout cela. Mais sa vision des choses avait empiré avec le temps, il n'allait sûrement pas changer pour des gens qui n'étaient pas là quand il en avait besoin.

L'exception.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant